[5,75] Ὃν δὲ τρόπον ὁ Λάρκιος ἐχρήσατο τοῖς
πράγμασι δικτάτωρ πρῶτος ἀποδειχθεὶς καὶ κόσμον,
οἷον περιέθηκε τῇ ἀρχῇ, συντόμως πειράσομαι διεξελθεῖν, ταῦτα
ἡγούμενος εἶναι χρησιμώτατα τοῖς ἀναγνωσομένοις, ἃ πολλὴν εὐπορίαν
παρέξει καλῶν καὶ συμφερόντων παραδειγμάτων νομοθέταις τε καὶ
δημαγωγοῖς καὶ τοῖς ἄλλοις ἅπασι τοῖς πολιτεύεσθαί τε καὶ τὰ
κοινὰ πράττειν βουλομένοις. οὐ γὰρ ἀζήλου καὶ ταπεινῆς πόλεως
πολιτεύματα καὶ βίους οὐδὲ ἀνωνύμων
καὶ ἀπερριμμένων ἀνθρώπων βουλεύματα καὶ πράξεις
μέλλω διηγεῖσθαι, ὥστε ὄχλον ἄν τινι καὶ φλυαρίαν
φανῆναι τὴν περὶ τὰ μικρὰ καὶ φαῦλα ἡμῶν σπουδήν·
ἀλλ´ ὑπὲρ τῆς ἅπασι τὰ καλὰ καὶ δίκαια ὁριζούσης
πόλεως καὶ περὶ τῶν εἰς τοῦτο καταστησαμένων αὐτὴν
τὸ ἀξίωμα ἡγεμόνων, ἅ τις ἂν σπουδάσειε μὴ ἀγνοεῖν
φιλόσοφος καὶ πολιτικὸς ἀνήρ, συγγράφω. εὐθὺς μὲν
οὖν ἅμα τῷ παραλαβεῖν τὴν ἐξουσίαν, ἱππάρχην ἀποδείκνυσι
Σπόριον Κάσσιον, τὸν ὑπατεύσαντα κατὰ τὴν
ἑβδομηκοστὴν ὀλυμπιάδα. τοῦτο τὸ ἔθος ἕως τῆς κατ´
ἐμὲ γενεᾶς ἐφυλάττετο ὑπὸ Ῥωμαίων, καὶ οὐθεὶς εἰς
τόδε χρόνου δικτάτωρ αἱρεθεὶς χωρὶς ἱππάρχου τὴν
ἀρχὴν διετέλεσεν. ἔπειτα τῆς ἐξουσίας τὸ κράτος ἐπιδεῖξαι βουληθεὶς
ὅσον ἐστί, καταπλήξεως μᾶλλον ἢ χρήσεως ἕνεκα τοῖς ῥαβδούχοις
ἐκέλευσεν ἅμα ταῖς δεσμαῖς
τῶν ῥάβδων τοὺς πελέκεις διὰ τῆς πόλεως φέρειν·
ἔθος ἐπιχώριον μὲν τοῖς βασιλεῦσιν, ἐκλειφθὲν δ´ ὑπὸ
τῶν ὑπάτων, ἐξ οὗ Οὐαλέριος Ποπλικόλας ὁ πρῶτος
ὑπατεύσας ἐμείωσε τὸν φθόνον τῆς ἀρχῆς, αὐτὸς ἀνανεωσάμενος.
καταπληξάμενος δὲ τούτῳ τε καὶ τοῖς
ἄλλοις συμβόλοις τῆς βασιλικῆς ἡγεμονίας τοὺς ταρακτικοὺς καὶ
νεωτεριστάς, τὸ κράτιστον τῶν ὑπὸ Σερουΐου
Τυλλίου τοῦ δημοτικωτάτου βασιλέως κατασταθέντων
νομίμων, πρῶτον ἐπέταξε ποιῆσαι Ῥωμαίοις ἅπασι,
τιμήσεις κατὰ φυλὰς τῶν βίων ἐνεγκεῖν, προσγράφοντας γυναικῶν τε
καὶ παίδων ὀνόματα καὶ ἡλικίας ἑαυτῶν τε καὶ τέκνων. ἐν ὀλίγῳ δὲ
χρόνῳ πάντων τιμησαμένων διὰ τὸ μέγεθος τῆς τιμωρίας· τήν τε γὰρ
οὐσίαν ἀπολέσαι τοὺς ἀπειθήσαντας ἔδει καὶ τὴν πολιτείαν·
ἑπτακοσίοις πλείους εὑρέθησαν οἱ ἐν ἥβῃ Ῥωμαῖοι πεντεκαίδεκα
μυριάδων. μετὰ τοῦτο διακρίνας
τοὺς ἔχοντας τὴν στρατεύσιμον ἡλικίαν ἀπὸ τῶν πρεσβυτέρων
καὶ καταχωρίσας εἰς λόχους, διένειμε πεζούς
τε καὶ ἱππεῖς εἰς τέτταρας μοίρας· ὧν μίαν μὲν τὴν
κρατίστην περὶ αὑτὸν εἶχεν, ἐκ δὲ τῶν ὑπολειπομένων
Κλοίλιον ἐκέλευσε τὸν συνύπατον ἣν αὐτὸς ἐβούλετο
λαβεῖν, τὴν δὲ τρίτην Σπόριον Κάσσιον τὸν ἱππάρχην,
τὴν δὲ καταλειπομένην τὸν ἀδελφὸν Σπόριον Λάρκιον·
αὕτη φρουρεῖν τὴν πόλιν ἐτάχθη σὺν τοῖς πρεσβυτέροις
ἐντὸς τείχους μένουσα.
| [5,75] Nous allons seulement raconter en peu de mots de quelle
manière Largius le premier dictateur gouverna la république, et comment
il fit honneur à la dignité dont il était revêtu. Je suis persuadé que cette
narration sera très agréable aux lecteurs. Elle fournira un grand nombre
de beaux exemples utiles non seulement aux législateurs, mais encore
aux personnes qui instruisent la jeunesse, et à tous ceux qui aspirent aux
charges. Il ne s'agit pas ici d'une petite ville, ni des règlements ou des
actions de quelques personnes sans nom et de peu d'importance. Je n'ai
donc point à craindre qu'on m'accuse de m'amuser à des récits frivoles et
ennuyeux. Je parle en effet d'une ville qui donne des règles de justice et
d'équité à toute la terre. Il s'agit des magistrats qui l'ont élevée à une si
grande dignité, et il n'y a point de philosophe qui ne soit bien aise d'en
savoir l'histoire, ni de politique qui n'en retire beaucoup de profit.
X. AUSSITOT que Largius eut pris possession de la dictature, il élut
pour commandant de la cavalerie Spurius Cassius qui avait été consul
vers la soixante-dixième olympiade, coutume qui s'est observée chez les
Romains jusqu'à notre siècle, en sorte que jamais aucun dictateur n'a
gouverné jusqu'ici sans un général de cavalerie. Pour faire voir la
grandeur de sa puissance, il voulut aussi que les licteurs armés de
haches et de faisceaux marchassent devant lui lorsqu'il allait par la ville.
C'était une coutume ancienne qui avait été observée du temps des rois.
Elle fut interrompue sous le gouvernement des consuls, et Valérius
Poplicola fut le premier consul de Rome qui la retrancha afin de rendre
son autorité moins odieuse. Le dictateur qui rétablit cette coutume, n'avait
pas dessein de faire aucun usage des haches et des faisceaux ; il voulait
seulement imprimer de la terreur afin de retenir les séditieux dans les
bornes du devoir.
XI. APRES que par le moyen de ces licteurs et par les marques de
l'autorité royale il eut épouvanté les esprits remuants qui ne demandaient
que le trouble, la première chose qu'il fit, fut de remettre en vigueur la
coutume si sagement établie par Servius Tuilius le plus populaire des rois.
Il ordonna donc à tous les Romains de faire le dénombrement de leurs
biens par tribus ; de lui apporter leurs noms, ceux de leurs femmes, de
leurs enfants, et de spécifier leur âge sur la déclaration qu'ils lui
présenteraient. Ce dénombrement fuit fait en très peu de temps, parce
qu'on redoutait la sévérité du dictateur qui avait menacé de confisquer les
biens de ceux qui n'obéiraient pas promptement et de les priver du droit
de bourgeoisie. Il se trouva alors cent cinquante mille sept cents Romains
qui avaient atteint l'âge de la puberté.
XII. Le dénombrement fait, il sépara ceux qui étaient en âge de porter
les armes d'avec les vieillards. puis les divisant par centuries, il partagea
l'infanterie et la cavalerie en quatre classes. Il retint auprès de sa
personne la première classe qui était composée de l'élite des plus braves
soldats. Il permit à Clélius qui avait été son collègue dans le consulat, de
choisir entre les trois autres celle qu'il voudrait commander, il donna la
troisième à Spurius Cassius général de la cavalerie, et la quatrième à
Spurius Largius son frère. Cette dernière classe avait ordre de rester à
Rome avec les vieillards pour y servir de garnison et pour garder la ville.
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