HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Les Antiquités romaines, livre V (avec trad. française)

Chapitre 74

  Chapitre 74

[5,74] Ἦλθον δ´ ἐπὶ τοῦτο οἱ πρῶτοι διδαχθέντες τῇ πείρᾳ τὸ χρήσιμον. κατ´ ἀρχὰς μὲν γὰρ ἅπασα πόλις Ἑλλὰς ἐβασιλεύετο, πλὴν οὐχ ὥσπερ τὰ βάρβαρα ἔθνη δεσποτικῶς, ἀλλὰ κατὰ νόμους τινὰς καὶ ἐθισμοὺς πατρίους· καὶ κράτιστος ἦν βασιλεὺς δικαιότατός τε καὶ νομιμώτατος καὶ μηθὲν ἐκδιαιτώμενος τῶν πατρίων. δηλοῖ δὲ καὶ Ὅμηρος δικασπόλους τε καλῶν τοὺς βασιλεῖς καὶ θεμιστοπόλους. καὶ μέχρι πολλοῦ διέμενον ἐπὶ ῥητοῖς τισιν αἱ βασιλεῖαι διοικούμεναι, καθάπερ Λακεδαιμονίων· ἀρξαμένων δέ τινων ἐν ταῖς ἐξουσίαις πλημμελεῖν καὶ νόμοις μὲν ὀλίγα χρωμένων, ταῖς δ´ ἑαυτῶν γνώμαις τὰ πολλὰ διοικούντων, δυσχεράναντες ὅλον τὸ πρᾶγμα οἱ πολλοὶ κατέλυσαν μὲν τὰ βασιλικὰ πολιτεύματα, νόμους δὲ καταστησάμενοι καὶ ἀρχὰς ἀποδείξαντες, ταύταις ἐχρῶντο τῶν πόλεων φυλακαῖς. ἐπεὶ δ´ οὐκ αὐτάρκεις ἦσαν οὔτε οἱ τεθέντες ὑπ´ αὐτῶν νόμοι βεβαιοῦν τὸ δίκαιον οὔτε οἱ τὰς ἀρχὰς καὶ τὰς ἐπιμελείας αὐτῶν λαμβάνοντες βοηθεῖν τοῖς νόμοις, οἵ τε καιροὶ πολλὰ νεοχμοῦντες οὐ τὰ κράτιστα τῶν πολιτευμάτων, ἀλλὰ τὰ πρεπωδέστατα ταῖς καταλαμβανούσαις αὐτοὺς συντυχίαις ἠνάγκαζον αἱρεῖσθαι, οὐ μόνον ἐν ταῖς ἀβουλήτοις συμφοραῖς, ἀλλὰ κἀν ταῖς ὑπερβαλλούσαις τὸ μέτριον εὐτυχίαις, διαφθειρομένων δι´ αὐτὰς τῶν πολιτικῶν κόσμων, οἷς ἐπανορθώσεως ταχείας καὶ αὐτογνώμονος ἔδει, ἠναγκάζοντο παράγειν πάλιν τὰς βασιλικὰς καὶ τυραννικὰς ἐξουσίας εἰς μέσον, ὀνόμασι περικαλύπτοντες αὐτὰς εὐπρεπεστέροις, Θετταλοὶ μὲν ἀρχούς, Λακεδαιμόνιοι δ´ ἁρμοστὰς καλοῦντες, φοβούμενοι τυράννους βασιλεῖς αὐτοὺς καλεῖν, ὡς οὐδ´ ὅσιον σφίσιν ὑπάρχον, ἃς κατέλυσαν ἐξουσίας ὅρκοις καὶ ἀραῖς ἐπιθεσπισάντων θεῶν, ταύτας πάλιν ἐμπεδοῦν. ἐμοὶ μὲν δὴ παρὰ τῶν Ἑλλήνων δοκοῦσι Ῥωμαῖοι τὸ παράδειγμα λαβεῖν, ὥσπερ ἔφην, Λικίννιος δὲ παρ´ Ἀλβανῶν οἴεται τὸν δικτάτορα Ῥωμαίους εἰληφέναι, τούτους λέγων πρώτους μετὰ τὸν Ἀμολίου καὶ Νεμέτορος θάνατον ἐκλιπούσης τῆς βασιλικῆς συγγενείας ἐνιαυσίους ἄρχοντας ἀποδεῖξαι τὴν αὐτὴν ἔχοντας ἐξουσίαν τοῖς βασιλεῦσι, καλεῖν δ´ αὐτοὺς δικτάτορας· ἐγὼ δ´ οὐ τοὔνομα ζητεῖν ἠξίουν, πόθεν Ῥωμαίων πόλις ἔλαβεν, ἀλλὰ τὸ τῆς ἐξουσίας τῆς περιλαμβανομένης τῷ ὀνόματι παράδειγμα. ἀλλ´ ὑπὲρ μὲν τούτων οὐθὲν ἂν εἴη τάχα προὔργου τὰ πλείω γράφειν. [5,74] Ceux qui ont établi les premiers cette dignité éminente, ne l'ont fait qu'après en avoir reconnu l'utilité par l'expérience. Car dans les commencements toutes les villes grecques étaient gouvernées par des rois, non pas avec une autorité despotique comme les nations barbares, mais selon leurs lois et leurs coutumes, et le meilleur roi était celui qui observait le plus exactement la justice et les lois sans jamais violer les coutumes de la patrie. Cela paraît assez par les poésies d'Homère qui appelle les rois Dicaspoles et Themistopoles, parce qu'ils étaient occupés à rendre la justice et à faire observer les lois. Leur autorité fut longtemps tempérée par certaines règles, comme elle l'est chez les Lacédémoniens. Quelques-uns commencèrent ensuite à abuser de leur pouvoir et â gouverner suivant leurs passions et leurs fantaisies, sans suivre que très rarement les lois. La plupart des peuples ennuyés de leur conduite, abolirent cette forme de gouvernement, et établirent des lois et des magistrats pour veiller à la conservation et aux intérêts de la république. Mais les lois ne suffisaient pas toujours pour faire observer la justice, ni les magistrats pour maintenir les coutumes de la patrie. Le temps qui amène beaucoup de nouveautés obligeait souvent d'avoir recours à un gouvernement moins bon en lui-même que convenable à l'état présent des affaires. Alors les peuples étaient contraints de rétablir l'autorité royale et tyrannique, ce qu'ils faisaient non seulement dans les calamités subites, mais aussi dans la trop grande prospérité, lorsqu'elle troublait le bon ordre de l'état, et qu'il était nécessaire d'y apporter un prompt remède en remettant la puissance souveraine entre les mains d'un seul homme. Le seul tempérament dont ils se servaient en pareille occasion, était de couvrir cette puissance royale et tyrannique d'un nom spécieux et moins choquant que celui de tyran. Ainsi les Thessaliens donnaient à leurs rois le nom d'Arques, c'est-à-dire commandant, et les Lacédémoniens les appelaient Harmostes qui veut dire recteurs ou modérateurs de la république. Car ils n'osaient leur donner le nom de tyrans ni celui de rois, se faisant un scrupule de rétablir une autorité qu'ils avaient proscrite avec serment, avec imprécation, et avec l'approbation des Dieux. Il me paraît donc, comme j'ai déjà dit, que les Romains ont pris exemple sur les Grecs pour créer un dictateur. IX. LICINNIUS croit néanmoins qu'ils ont emprunté cette magistrature des Albains. Il assure que la race royale ayant manqué après la mort d'Amulius et de Numitor, ces peuples furent les premiers qui établirent des magistrats annuels revêtus d'une autorité égale à celle des rois, et qu'ils appellent dictateurs. Pour moi je m'embarrasse moins de rechercher d'où la ville de Rome a emprunté le nom de dictateur, que de savoir sur qui elle a pris exemple pour établir la suprême dignité marquée par ce nom. Mais il n'est peut-être pas a propos d'en dire ici davantage sur ce sujet.


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Dernière mise à jour : 25/06/2009