[5,72] Ἐπαινεσάντων δὲ τὴν γνώμην ἁπάντων
μετὰ τοῦτον ἀναστὰς ἕτερος εἶπεν· Ἐμοὶ δ´, ὦ βουλή,
δοκεῖ καὶ τοῦτ´ ἔτι προστεθῆναι τῇ γνώμῃ, δυεῖν ἀνδρῶν κρατίστων
εἰς τόδε χρόνου τὰ κοινὰ διοικούντων, ὧν οὐκ ἂν εὕροιτε ἀμείνους,
τὸν μὲν ἕτερον αὐτῶν κύριον ἀποδειχθῆναι τῆς ἀναρρήσεως, τὸν δ´
ἕτερον ὑπὸ τοῦ συνάρχοντος αἱρεθῆναι διαγνόντων
αὐτῶν ἐν ἀλλήλοις τὸν ἐπιτηδειότερον· ἵνα αὐτοῖς
περιγένηται σὺν τῷ τιμίῳ καὶ τὸ χαῖρον ἴσον, τῷ μὲν
ὅτι τὸν συνάρχοντα κράτιστον ἀπέφηνε, τῷ δ´ ὅτι
πρὸς τοῦ συνάρχοντος ἄριστος ἐκρίθη· ἡδὺ γὰρ καὶ
καλὸν ἑκάτερον. οἶδα μὲν οὖν, ὅτι καὶ μὴ προστεθέντος τῇ γνώμῃ
τοῦδε τοῦ μέρους, αὐτοῖς ἂν ἐφάνη τοῖς
ἀνδράσιν οὕτως ποιεῖν· κρεῖττον δὲ τὸ μηδ´ ὑμῶν
ἕτερόν τι βουλομένων. ἐδόκει καὶ τοῦτο κατὰ νοῦν
ἅπασιν εἰρῆσθαι· καὶ οὐθενὸς ἔτι τῇ γνώμῃ προστεθέντος ἐπικυροῦται
τὸ δόγμα. ὡς δὲ παρέλαβον τὴν
ἐξουσίαν οἱ ὕπατοι τοῦ διαγνῶναι, πότερος ἐξ αὐτῶν
ἄρχειν ἐστὶν ἐπιτηδειότερος, θαυμαστόν τι καὶ παρὰ
πάσας τὰς ἀνθρωπίνας ὑπολήψεις πρᾶγμα ἐποίουν. οὐ
γὰρ ἑαυτὸν ἑκάτερος ἄξιον ἀπέφαινε τῆς ἡγεμονίας,
ἀλλὰ τὸν ἕτερον· καὶ κατέτριψαν ὅλην τὴν ἡμέραν ἐκείνην τὰς
ἀλλήλων ἀρετὰς ἐξαριθμούμενοι καὶ λιπαροῦντες μὴ λαβεῖν αὐτοὶ τὴν
ἀρχήν, ὥστε ἐν πολλῇ
γενέσθαι τοὺς ἐν τῷ συνεδρίῳ παρόντας ἀμηχανίᾳ.
διαλυθείσης δὲ τῆς βουλῆς οἱ προσήκοντες κατὰ γένος
ἑκατέρῳ, καὶ τῶν ἄλλων βουλευτῶν οἱ ἐντιμότατοι
πρὸς τὸν Λάρκιον ἀφικόμενοι πολλὰς ἐποιοῦντο τοῦ
ἀνδρὸς ἄχρι πολλῆς νυκτὸς δεήσεις διδάσκοντες, ὡς
ἐν ἐκείνῳ τὰς ἐλπίδας ἡ βουλὴ τέθειται πάσας, καὶ
τὸ ἀσπούδαστον αὐτοῦ περὶ τὴν ἀρχὴν πονηρὸν εἶναι
τῷ κοινῷ λέγοντες. ὁ δ´ ἦν ἀτενὴς καὶ πολλὰ ἐν
μέρει δεόμενός τε καὶ ἀντιβολῶν ἕκαστον διετέλει. τῇ
δ´ ἑξῆς ἡμέρᾳ πάλιν τοῦ συνεδρίου συναχθέντος, ἐπειδὴ
καὶ τότε διεμάχετο καὶ πειθόμενος ὑπὸ πάντων οὐκ
ἀφίστατο τῆς γνώμης, ἀναστὰς ὁ Κλοίλιος ἀναγορεύει
τ´ αὐτόν, ὥσπερ εἰώθεσαν ποιεῖν οἱ μεσοβασιλεῖς, καὶ
τὴν ὑπατείαν αὐτὸς ἐξόμνυται.
| [5,72] Toute l'assemblée ayant approuvé cet avis, un autre sénateur se leva,
et parla en ces termes :
« Pour moi, Messieurs, je crois qu'il y a encore quelque chose à
ajouter à ce qu'on vient de dire. La république est présentement
gouvernée par deux des plus sages magistrats qu'on puisse trouver. Ainsi
il me semble qu'il serait à propos d'en nommer un des deux, à qui on
donnât le pouvoir d'élire son collègue, après qu'ils auraient examiné entre
eux lequel serait le plus capable de secourir la république dans les
besoins pressants où nous sommes aujourd'hui. Par ce moyen ils seraient
tous deux également contents et également honorés, l'un d'avoir cédé à
son collègue comme au plus digne, et l'autre d'avoir été élu par son
compétiteur comme le plus capable de gouverner l'état. En effet il n'est
pas moins honorable de céder au plus digne, que d'être élu comme le
plus digne. Je sais que quand même je n'aurais rien ajouté à l'avis qui
vient d'être ouvert, les deux consuls auraient bien jugé eux-mêmes qu'il
en faut user de cette manière : mais je fais aussi qu'ils le feront de
meilleur cœur si vous leur marquez que vous n'êtes point d'un sentiment
contraire. »
Cet avis fut goûté de tout le monde, et sans y rien ajouter le sénat en
fit un décret.
V. ALORS les consuls ayant reçu plein pouvoir d'examiner ensemble
lequel des deux était le plus digne de commander, gardèrent une conduite
admirable et presque au-dessus de toute créance. L'un et l'autre se
jugeait moins digne de cette dignité que son collègue. Toute la journée se
passa à faire réciproquement leur éloge, et à demander qu'on ne les fît
point dictateurs. Ces nouvelles et trop généreuses contestations mirent le
sénat dans un grand embarras; et l'assemblée se sépara sans rien
terminer. Les parents et amis des deux consuls avec les plus
respectables du sénat, se rendirent chez Largius, où ils restèrent {fort
avant} dans la nuit à lui faire mille instances. Ils lui représentèrent que le
sénat mettait en lui toute son espérance, et que le refus qu'il faisait de la
dictature était préjudiciable à la république. Mais Largius demeura ferme
et persistant à rejeter leurs propositions, il les conjura de ne le pas
presser davantage.
VI. LE lendemain le sénat s'étant rassemblé, fit de nouvelles
instances au consul ; mais comme il ne voulait point absolument céder à
leurs remontrances, Clélius se leva et le proclama dictateur, de la même
manière que les régents qui gouvernaient autrefois pendant les
interrègnes avaient coutume d'élire les rois. Ensuite il protesta avec
serment qu'il se démettait de la dignité de consul.
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