[5,7] Ἐκ πολλῶν μὲν οὖν καὶ ἄλλων ἔδοξέ μοι τὰ
Ῥωμαίων πράγματα προνοίᾳ θεῶν εἰς τοσαύτην προελθεῖν
εὐδαιμονίαν, οὐχ ἥκιστα δὲ καὶ ἐκ τῶν τότε
γενομένων. τοσαύτη γὰρ ἄνοια καὶ θεοβλάβεια τοὺς
δυστήνους ἐκείνους κατέσχεν, ὥσθ´ ὑπέμειναν ἐπιστολὰς γράψαι πρὸς
τὸν τύραννον αὐτογράφους δηλοῦντες αὐτῷ τὸ πλῆθός τε τῶν
μετεχόντων τῆς συνωμοσίας καὶ χρόνον, ἐν ᾧ τὴν κατὰ τῶν ὑπάτων
ἐπίθεσιν ἔμελλον ποιήσεσθαι, πεισθέντες ὑπὸ τῶν ἀφικομένων
ὡς αὐτοὺς παρὰ τοῦ τυράννου γραμμάτων, ὅτι βούλεται προειδέναι,
τίνας αὐτῷ προσήκει Ῥωμαίων εὖ
ποιεῖν κατασχόντι τὴν ἀρχήν. τούτων δ´ ἐγένοντο τῶν
ἐπιστολῶν ἐγκρατεῖς οἱ ὕπατοι κατὰ τοιάνδε τινὰ συντυχίαν. παρ´
Ἀκυλλίοις τοῖς ἐκ τῆς Κολλατίνου γεγονόσιν ἀδελφῆς οἱ κορυφαιότατοι
τῶν ἐν τῇ συνωμοσίᾳ κατήγοντο παρακληθέντες ὡς ἐφ´ ἱερὰ καὶ
θυσίαν· μετὰ δὲ τὴν ἑστίασιν ἐξελθεῖν ἐκ τοῦ συμποσίου κελεύσαντες τοὺς
διακόνους καὶ πρὸ τῶν θυρῶν τοῦ ἀνδρῶνος ἀπελθεῖν διεφέροντό τε
πρὸς ἀλλήλους ὑπὲρ τῆς
καταγωγῆς τῶν τυράννων καὶ τὰ δόξαντα εἰς ἐπιστολὰς
κατεχώριζον αὐτογράφους, ἃς ἔδει τοὺς Ἀκυλλίους
λαβόντας ἀποδοῦναι τοῖς ἐκ Τυρρηνίας πρέσβεσιν,
ἐκείνους δὲ Ταρκυνίῳ. ἐν τούτῳ δὴ τῷ χρόνῳ τῶν
θεραπόντων τις οἰνοχόος ἐκ πόλεως Καινίνης αἰχμάλωτος ὄνομα
Οὐινδίκιος ὑποπτεύσας τοὺς ἄνδρας βουλεύειν πονηρὰ τῇ μεταστάσει
τῶν διακόνων ἔμεινε
μόνος ἔξω παρὰ ταῖς θύραις καὶ τούς τε λόγους παρ´
αὐτῶν ἠκροάσατο καὶ τὰς ἐπιστολὰς εἶδεν ὑπὸ πάντων
γραφομένας, ἁρμῷ τινι τῆς θύρας διαφανεῖ τὴν ὄψιν
προσβαλών. ἐξελθὼν δὲ πολλῆς ἔτι νυκτὸς οὔσης ὡς
ἀπεσταλμένος ὑπὸ τῶν δεσποτῶν ἐπὶ χρείαν τινά, πρὸς
μὲν τοὺς ὑπάτους ὤκνησεν ἐλθεῖν δεδιώς, μὴ συγκρύψαι τὸ πρᾶγμα
βουλόμενοι διὰ τὴν εὔνοιαν τῶν συγγενῶν τὸν μηνύσαντα τὴν
συνωμοσίαν ἀφανίσωσιν,
ἀφικόμενος δ´ ὡς Πόπλιον Οὐαλέριον, ὃς ἐν τοῖς πρώτοις τέτταρσιν
ἦν τῶν τὴν τυραννίδα καταλυσάντων,
δεξιώσει καὶ δι´ ὅρκων τὸ πιστὸν παρ´ αὐτοῦ λαβὼν
ὑπὲρ ἀσφαλείας τῆς ἑαυτοῦ μηνυτὴς ὧν τ´ ἤκουσε καὶ
ὧν εἶδε γίνεται. ὁ δ´ ὡς ἔμαθεν οὐδεμίαν ἀναβολὴν
ποιησάμενος ἐπὶ τὴν οἰκίαν τῶν Ἀκυλλίων σὺν χειρὶ
πολλῇ πελατῶν τε καὶ φίλων παραγίνεται περὶ τὸν
ὄρθρον καὶ παρελθὼν εἴσω τῶν θυρῶν ὡς ἐπ´ ἄλλην
τινὰ χρείαν παρὼν ἀκωλύτως κατ´ οἶκον ἔτι τῶν μειρακίων ὄντων
ἐγκρατὴς γίνεται τῶν ἐπιστολῶν καὶ
τοὺς νεανίσκους συλλαβὼν καθίστησιν ἐπὶ τοὺς ὑπάτους.
| [5,7] Ce qui arriva
en cette occasion est une preuve manifeste que les Romains n'ont été
redevables de leur grande prospérité qu'à la providence des dieux qui les
a élevés au plus haut degré de la gloire par de prodigieux
accroissements. Les malheureux traîtres furent alors si dépourvus de
sens, que de leur propre main ils écrivirent des lettres au tyran pour lui
donner avis du grand nombre de citoyens qui étaient entrés dans la
conjuration et du temps dont ils étaient convenus pour faire main basse
sur l'un et l'autre consul, parce qu'ils avaient sans doute compris par
celles que Tarquin leur avait envoyées qu'il voulait connaitre d'avance
ceux des Romains qui s'emploieraient pour lui, afin de les récompenser
quand ils l'auraient rétabli sur le trône. Ces lettres tombèrent entre les
mains des consuls par l'aventure que je vais dire.
III. LES chefs des conjurés s'assemblèrent cher les Aquilius, fils de la
sœur de Collatinus, sous prétexte qu'ils y étaient invités à un sacrifice.
Après le repas ils firent retirer leurs domestiques de la salle où ils avaient
fait le festin, et leur défendirent sous de rigoureuses peines d'en
approcher. Là ils conférèrent ensemble sur les moyens de rappeler les
tyrans, et ils écrivirent de leur propre main des lettres qui contenaient le
résultat de leurs délibérations, et que les Aquilius devaient remettre aux
députés des Tyrrhéniens, pour les faire tenir à Tarquin. Pendant ce temps
là un de leurs gens, nommé Vindicius, qui avait été fait esclave à la prise
de Caenine, et qui leur servait d'échanson, se douta que c'était pour
quelque mauvais dessein qu'ils avaient fait retirer tous leurs domestiques.
Dans cette pensée il resta seul à la porte de la salle, d'où il aperçut par
une fente les lettres qu'ils écrivaient tous ensemble, et fut témoin de leurs
entretiens secrets.
IV. VINDICIUS ne perd point de temps. Il sort de la maison vers le
milieu de la nuit comme si ses maîtres lui eussent donné quelque
commission. Il n'ose cependant s'adresser aux consuls, de peur que
l'amour qu'ils doivent avoir pour leur propre sang, ne les porte à écouter
secrètement la conjuration et de faire mourir celui qui l'aurait découverte.
Il va donc trouver Publius Valérius l'un des quatre principaux qui avaient
délivré Rome de la tyrannie des Tarquins. Il lui demande des sûretés
comme il ne lui sera fait aucun mal; Valérius le lui promet. L'esclave fait
de nouvelles instances et l'oblige à confirmer sa parole par serment,
ensuite il lui déclare tout ce qu'il a vu et entendu. Aussitôt Valérius prend
avec lui quelques-uns de les clients et de ses amis, et sans différer un
instant il court en diligence à la maison des Aquilîus. Il y arrive sur le point
du jour. Il entre sans peine, feignant d'avoir quelque chose à leur dire. Il
les trouve encore dans la salle, il se saisît des lettres et des conjurés, et
les mène devant les consuls.
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