[5,6] Ταῦτα δὲ τῶν ὑπάτων λεγόντων καὶ πολλῶν
συναγορευόντων ἀμφοτέροις ἀποροῦσα, ὅ τι χρὴ πράττειν, ἡ βουλὴ
καὶ ἐφ´ ἡμέρας συχνὰς σκοποῦσα, ἐπεὶ
συμφορώτερα μὲν ὁ Βροῦτος ἐδόκει λέγειν, δικαιότερα
δ´ ὁ Κολλατῖνος παρῄνει, τελευτῶσα διέγνω τὸν δῆμον
ποιῆσαι τοῦ τε συμφέροντος καὶ τοῦ δικαίου κριτήν.
πολλῶν δὲ λεχθέντων ὑφ´ ἑκατέρου τῶν ὑπάτων ἀναλαβοῦσαι ψῆφον αἱ
φρᾶτραι τριάκοντα οὖσαι τὸν ἀριθμὸν οὕτω μικρὰν ἐποιήσαντο τὴν
ἐπὶ θάτερα ῥοπήν, ὥστε
μιᾷ ψήφῳ πλείους γενέσθαι τῶν κατέχειν τὰ χρήματα
βουλομένων τὰς ἀποδιδόναι κελευούσας. λαβόντες δὲ
παρὰ τῶν ὑπάτων τὰς ἀποκρίσεις οἱ Τυρρηνοὶ καὶ
πολλὰ τὴν πόλιν ἐπαινέσαντες, ὅτι τὰ δίκαια πρὸ τῶν
συμφερόντων εἵλοντο, Ταρκυνίῳ μὲν ἐπέστειλαν τοὺς
ἀποληψομένους τὰ χρήματα πέμπειν, αὐτοὶ δ´ ἐπέμειναν ἐν τῇ πόλει
συναγωγήν τε τῶν ἐπίπλων καὶ διάθεσιν τῶν μὴ δυναμένων ἄγεσθαί τε
καὶ φέρεσθαι σκηπτόμενοι· ὡς δὲ τἀληθὲς εἶχε ταράττοντες καὶ
σκευωρούμενοι τὰ κατὰ τὴν πόλιν, ὡς ὁ τύραννος
αὐτοῖς ἐπέστειλε. τάς τε γὰρ ἐπιστολὰς τὰς παρὰ τῶν
φυγάδων τοῖς ἐπιτηδείοις αὐτῶν ἀπεδίδοσαν καὶ παρ´
ἐκείνων ἑτέρας πρὸς τοὺς φυγάδας ἐλάμβανον· συνιόντες δὲ πολλοῖς
εἰς ὁμιλίαν καὶ διάπειραν αὐτῶν
τῆς προαιρέσεως λαμβάνοντες, οὓς εὑρίσκοιεν εὐαλώτους δι´
ἀσθένειαν γνώμης ἢ βίου σπάνιν ἢ πόθον
τῶν ἐν τῇ τυραννίδι πλεονεξιῶν, ἐλπίδας τε χρηστὰς
ὑποτείνοντες αὐτοῖς καὶ χρήματα διδόντες ἐπεχείρουν
διαφθείρειν. ἔμελλον δ´ ὥσπερ εἰκὸς ἐν πόλει μεγάλῃ
καὶ πολυοχλούσῃ φανήσεσθαί τινες οἱ τὴν χείρω πολιτείαν αἱρησόμενοι
πρὸ τῆς κρείττονος οὐ τῶν ἀσήμων
μόνον, ἀλλὰ καὶ τῶν ἐπιφανῶν, ἐν οἷς ἦσαν Ἰούνιοί
τε δύο Τίτος καὶ Τιβέριος Βρούτου παῖδες τοῦ ὑπατεύοντος ἀρτίως
ἀρχόμενοι γενειᾶν καὶ σὺν αὐτοῖς
Οὐιτέλλιοί τε δύο Μάρκος καὶ Μάνιος, ἀδελφοὶ τῆς
Βρούτου γυναικός, ἱκανοὶ τὰ κοινὰ πράττειν, καὶ Κολλατίνου θατέρου
τῶν ὑπάτων ἀδελφῆς υἱοὶ δύο Λεύκιος καὶ Μάρκος Ἀκύλλιοι τὴν αὐτὴν
ἔχοντες τοῖς Βρούτου παισὶν ἡλικίαν, παρ´ οἷς αἱ σύνοδοι τὰ πολλὰ
ἐγίνοντο πατρὸς οὐκέτι περιόντος αὐτοῖς καὶ τὰ περὶ
τῆς καθόδου τῶν τυράννων βουλεύματα συνετίθετο.
| [5,6] XII. LES consuls partagés en deux avis contraires, trouvèrent chacun
de leur côté plusieurs personnes qui se rangèrent de leur sentiment.
Dans cet embarras, le sénat qui ne savait quel parti prendre, délibéra
pendant plusieurs jours s'il devait suivre l'avis de Brutus qui paraissait
plus utile pour le bien public, ou celui de Collatinus qui était plus
conforme à la justice. On tint conseils sur cette affaire pendant plusieurs
séances, et l'on résolut enfin d'en remettre la décision au jugement du
peuple. On convoqua donc une assemblée, et après plusieurs discours
des consuls les curies au nombre de trente donnèrent leurs suffrages.
L'affaire fut longtemps balancée, et l'on trouva que les curies qui opinaient
à rendre les biens des tyrans ne l'emportaient que d'une voix sur celles
qui étaient d'avis qu'on les retînt..
CHAPITRE II.
I. Les consuls portèrent cette réponse aux députés des Tyrrhéniens.
Ceux-ci donnèrent de grandes louanges à la ville de Rome
sur ce qu'elle avait eu plus d'égard à la justice qu'à ses propres
intérêts, et dans le moment ils dépêchèrent un exprès {avec ordre de dire
à Tarquin} qu'il envoyât quelques personnes qui eussent procuration de
lui] pour reprendre possession de ses biens. Pour eux ils restèrent à
Rome sous prétexte qu'ils étaient occupés à plier leur bagage ; à régler
leurs affaires et à disposer d'une partie de leurs meubles qui ne se
pouvaient pas transporter facilement ; mais dans le fond c'était pour
examiner ce qui se passait à Rome et pour ménager des intrigues en
faveur du tyran, suivant les ordres qu'il leur avait donnés. Ils distribuèrent
les lettres des exilés à leurs amis et en attendirent la réponse pour la leur
faire tenir. Ils eurent des entretiens avec plusieurs citoyens. Ils sondèrent
artificieusement les esprits et tous ceux qui leur parurent faciles à gagner,
soit par leur pauvreté, soit par leur inconstance naturelle, ou par le désir
de s'enrichir et de vivre à leur volonté sous le gouvernement des tyrans,
ils n'oublièrent rien pour les mettre dans leurs intérêts, ceux-ci par des
sommes considérables d'argent comptant qu'ils répandaient fort à propos,
ceux-là par de belles espérances dont ils les amusaient. Ils ne pouvaient
manquer en effet de trouver dans une ville aussi grande et aussi peuplée
que Rome, un grand nombre de sujets, non seulement parmi le petit
peuple, mais encore parmi les personnes de la noblesse la plus
distinguée, qui préféraient à un gouvernement bien réglé les avantages
qu'un citoyen mal intentionné peut se promettre dans un état où règne le
désordre.
II. DE ce nombre furent les deux Junius, je veux dire Titus et Tibérius
fils de ce Brutus qu'on avait depuis peu créé consul ; ils ne faisaient que
d'entrer dans l'âge de puberté. Les deux Gellius, savoir Marcus et Manius,
tous deux frères de la femme du consul Brutus et déjà en état d'entrer
dans le maniement des affaires, voulurent être de cette ligue avec Lucius
et Marcus Aquilius, fils de la sœur de Collatinus l'autre consul, qui étaient
dé même âge que les fils de Brutus. Le père de ces deux derniers était
mort. C'était chez eux que se tenaient ordinairement les assemblées où
l'on prenait des mesures pour le rétablissement des tyrans.
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