[5,69] Αὗται μὲν αἱ πλεῖστον ἀλλήλων διαφέρουσαι
γνῶμαι ἐλέχθησαν, ἕτεραι δέ τινες αἱ τὴν
μεταξὺ τούτων ἔχουσαι χώραν συχναί. οἱ μὲν γὰρ
αὐτοὺς μόνον ἀφεῖσθαι τῶν χρεῶν τοὺς μηδὲν κεκτημένους ἠξίουν,
τὰ χρήματα ποιοῦντες ἀγώγιμα τοῖς
δανεισταῖς, οὐ τὰ σώματα· οἱ δὲ τὸ δημόσιον ὑπὲρ
τῶν ἀδυνάτων διαλῦσαι τὰ συμβόλαια συνεβούλευον,
ἵνα ἥ τε πίστις τῶν πενήτων ὑπὸ τῆς δημοσίας φυλαχθῇ χάριτος καὶ οἱ
συμβεβληκότες αὐτοῖς μηθὲν
ἀδικηθῶσιν. ἐδόκει δέ τισι καὶ τῶν ἤδη κατεχομένων
πρὸς τὰ χρέα καὶ τῶν μελλόντων ἀφαιρεθήσεσθαι τὴν
ἐλευθερίαν ῥύσασθαι τὰ σώματα, ἐκ τῶν αἰχμαλώτων
ἕτερα τοῖς δανεισταῖς διαμειψαμένους ὑπὲρ αὐτῶν σώματα. τοιούτων
δέ τινων λεχθέντων ἡ νικῶσα ἦν
γνώμη, μηθὲν ἐν τῷ παρόντι γενέσθαι περὶ αὐτῶν
προβούλευμα· ὅταν δὲ τὸ κράτιστον τέλος οἱ πόλεμοι
λάβωσι, τότε προθεῖναι τοὺς ὑπάτους λόγον καὶ ψῆφον
ἀναδοῦναι τοῖς συνέδροις· τέως δὲ μηδεμίαν εἴσπραξιν
εἶναι μήτε συμβολαίου μηθενὸς μήτε καταδίκης μηδεμιᾶς, ἀφεῖσθαι δὲ
καὶ τὰς ἄλλας ἀμφισβητήσεις πάσας,
καὶ μήτε τὰ δικαστήρια καθίζειν μήτε τὰς ἀρχὰς διαγινώσκειν περὶ
μηθενὸς ἔξω τῶν εἰς τὸν πόλεμον ἀνηκόντων. τοῦτο τὸ προβούλευμα
εἰς τὸν δῆμον ἐξενεχθὲν ἐμείωσε μέν τι τῆς πολιτικῆς ταραχῆς, οὐ
μὴν ἅπαν γε τὸ στασιάζον ἐξεῖλεν ἐκ τῆς πόλεως. ἦσαν
γάρ τινες ἐκ τοῦ θητικοῦ πλήθους, οἷς οὐκ ἐφαίνετο
ἀποχρῶσα εἶναι βοήθεια ἡ παρὰ τῆς βουλῆς ἐλπὶς φανερὸν οὐδὲ
βέβαιον ἔχουσα οὐδέν· ἀλλὰ δυεῖν θάτερον αὐτὴν ἠξίουν ποιεῖν, ἢ
διδόναι σφίσιν ἤδη τὴν
ἄφεσιν τῶν χρεῶν, εἰ βούλεται κοινωνοὺς τῶν κινδύνων ἔχειν, ἢ μὴ
φενακίζειν εἰς ἑτέρους ἀναβαλλομένην χρόνους· οὐ γὰρ ὁμοίας εἶναι
τὰς διανοίας τῶν ἀνθρώπων δεομένων τε καὶ ἀποπληρωθέντων, ὅτου
ἂν δεηθῶσιν.
| [5,69] XXVII. VOILA les deux avis contraires qu'on ouvrit dans cette
assemblée. Mais on en proposa encore plusieurs autres qui tenaient le
milieu. Les uns voulaient qu'on ne fît remise des dettes qu'à ceux qui
n'avaient rien absolument, et qu'on ne permît aux créanciers que de saisir
les biens de leurs débiteurs sans leur accorder aucun droit sur leurs
personnes. Les autres étaient d'avis qu'on employât l'argent du trésor
public à vider les dettes de ceux qui ne pouvaient payer, afin de conserver
le crédit des pauvres par cette grâce publique, et d'empêcher en même
temps qu'il ne fût fait aucun tort aux créanciers. Il y en eut aussi qui
opinèrent à délivrer de servitude ceux qui étaient déjà emprisonnés pour
dettes, ou sur le point de perdre leur liberté : et pour dédommager les
créanciers, ils voulaient qu'on leur donnât d'autres esclaves en échange.
XXVIII. DE tous ces avis celui qui remporta fut que pour le présent
on ne ferait aucune ordonnance mais que quand on aurait heureusement
terminé la guerre, les consuls proposeraient de nouveau cette affaire au
sénat, et en attendraient la décision : que pendant ce temps-là on ne ferait
ni vider les dettes ni condamner personne, soit en vertu d'un contrat, soit
en conséquence de quelque arrêt {que tous les autres différends
cesseraient, qu'on ne plaiderait point de causes} et que les magistrats ne
connaîtraient d'aucune affaire que de celles qui concernaient la guerre.
Cette ordonnance du sénat communiquée au peuple apaisa un peu les
troubles, mais elle ne fit pas entièrement cesser la sédition. Il se trouva
quelques personnes parmi la populace et les artisans, qui ne se fiant pas
à la protection du sénat et ne la trouvant point assez sûre parce qu'il
s'était expliqué d'une manière ambiguë, demandaient ou qu'on leur fît
remise de leurs dettes si on voulait les avoir pour compagnons dans les
périls de la guerre, ou qu'on ne cherchât point à leur en faire accroire ou à
les attraper en différant la décision de cette affaire à un autre temps, car,
disaient-ils, ceux qui sont dans le besoin et qui manquent du nécessaire,
pensent bien autrement que ceux qui ont tout ce qu'il leur faut.
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