[5,55] Ταῦτα τοῖς πρέσβεσιν ἀποκρινάμενος καὶ προπέμψας
ἐκ τῆς πόλεως μετὰ τοῦτο φράζει τῇ βουλῇ
περὶ τῆς ἀπορρήτου συνωμοσίας, ἃ παρὰ τῶν μηνυτῶν
ἔμαθε· καὶ λαβὼν ἐξουσίαν παρ´ αὐτῶν αὐτοκράτορα
τοῦ διερευνήσασθαι τοὺς μετασχόντας τῶν ἀπορρήτων
βουλευμάτων καὶ τοῦ κολάσαι τοὺς ἐξευρεθέντας, οὐ
τὴν αὐθάδη καὶ τυραννικὴν ἦλθεν ὁδόν, ὡς ἕτερος
ἄν τις ἐποίησεν εἰς τοσαύτην κατακλεισθεὶς ἀνάγκην·
ἀλλ´ ἐπὶ τὴν εὐλόγιστόν τε καὶ ἀσφαλῆ καὶ τῷ σχήματι τῆς
καθεστώσης τότε πολιτείας ἀκόλουθον ἐτράπετο. οὔτε γὰρ ἐκ τῶν
οἰκιῶν συλλαμβανομένους
ἄγεσθαι τοὺς πολίτας ἐπὶ τὸν θάνατον ἀποσπωμένους
ἀπὸ γυναικῶν τε καὶ τέκνων καὶ πατέρων ἐβουλήθη,
τόν τ´ οἶκτον ἐνθυμούμενος, οἷος ἔσται τῶν προσηκόντων ἑκάστοις
παρὰ τὸν ἀποσπασμὸν τῶν ἀναγκαιοτάτων καὶ δεδοικώς, μή τινες
ἀπονοηθέντες ἐπὶ τὰ ὅπλα
τὴν ὁρμὴν λάβωσι, καὶ δι´ αἵματος ἐμφυλίου χωρήσῃ
τὸ ἀναγκασθὲν παρανομεῖν· οὔτε δικαστήρια καθίζειν
αὐτοῖς ᾤετο δεῖν, λογιζόμενος, ὅτι πάντες ἀρνήσονται
καὶ οὐθὲν ἔσται βέβαιον τοῖς δικασταῖς τεκμήριον οὐδ´
ἀναμφίλεκτον ἔξω τῆς μηνύσεως, ᾧ πιστεύσαντες θάνατον τῶν
πολιτῶν καταψηφιοῦνται· καινὸν δέ τινα
τρόπον ἀπάτης ἐξεῦρε τῶν νεωτεριζόντων, δι´ οὗ πρῶτον μὲν αὐτοὶ
μηδενὸς ἀναγκάζοντες εἰς ἓν χωρίον
ἥξουσιν οἱ τῶν ἀπορρήτων βουλευμάτων ἡγεμόνες,
ἔπειτ´ ἀναμφιλέκτοις ἁλώσονται τεκμηρίοις, ὥστε μηδ´
ἀπολογίαν αὐτοῖς καταλείπεσθαι μηδεμίαν, πρὸς δὲ
τούτοις οὐκ εἰς ἔρημον συναχθέντες τόπον οὐδ´ ἐν
ὀλίγοις μάρτυσιν ἐξελεγχθέντες, ἀλλ´ ἐν ἀγορᾷ πάντων
ὁρώντων γενόμενοι καταφανεῖς ἃ προσήκει πείσονται,
ταραχή τ´ οὐδεμία γενήσεται κατὰ τὴν πόλιν οὐδ´
ἐπαναστάσεις ἑτέρων, οἷα συμβαίνειν φιλεῖ περὶ τὰς
κολάσεις τῶν νεωτεριζόντων, καὶ ταῦτ´ ἐν ἐπισφαλέσι καιροῖς.
| [5,55] Le consul renvoya les ambassadeurs avec cette réponse, et les
conduisit hors de la ville,
X. ENSUITE il communiqua aux Sénateurs tout ce que les deux
délateurs dont j'ai parlé, lui avaient découvert de la conjuration
secrète. On lui donna plein pouvoir de faire la recherche des coupables et
de les punir. Au lieu d'agir brusquement, avec hauteur et tyrannie, comme
d'autres auraient peut-être fait dans une nécessité si prenante, ce sage
consul prit les voies les plus sûres, et les plus convenables a l'état présent
des affaires. Il ne trouva pas à propos de faire prendre les conjurés dans
leurs maisons, ni de les arracher d'entre les bras de leurs femmes, de
leurs enfants et de leurs pères pour les conduire au supplice. Il
comprenait assez quelle douleur ce serait pour les familles, si on leur
enlevait avec violence leurs plus proches parents. D'ailleurs il
appréhendait que le désespoir les portant á prendre les armes, il ne fût lui
même obligé de répandre le sang des citoyens. Il ne crut pas non plus
qu'il fût à propos de les citer devant les juges pour faire leur procès, parce
qu'il voyait bien que s'ils s'obstinassent tous à nier le fait, les juges
n'auraient aucunes preuves convaincantes, que le témoignage de ceux
qui avaient découvert la conjuration, pour condamner á mort les
coupables. Mais il sut inventer de nouvelles ruses pour attraper ces
séditieux et ces ennemis de l'état. Il trouva les moyens non seulement de
faire assembler les chefs de la conjuration en un même lieu sans que
personne les y contraignît, mais encore de les convaincre par des
preuves si solides, qu'ils ne pouvaient le justifier ni apporter aucunes
raisons pour leur défense: il trouva, dis-je, les moyens de les assembler,
non pas dans un lieu désert et solitaire où il n'y aurait eu que peu de
témoins, mais dans la place publique, sous les yeux de tout le monde, afin
qu'ils découvrirent eux-mêmes leur crime, et qu'on pût les punir comme ils
le méritaient, sans qu'il s'excitât ni trouble ni émotion dans la ville, comme
il arrive ordinairement lorsqu'on punit les factieux, sur tout dans les temps
périlleux et difficiles.
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