[5,53] Διασκεδασθέντων δὲ τῶν Λατίνων κατὰ πόλεις,
ὁρῶντες οἱ περὶ Μαμίλιόν τε καὶ Ταρκύνιον,
ὅτι ταῖς σπουδαῖς ἀναπεπτώκασιν οἱ πολλοί, τὰς μὲν
ὑπερορίους ἐλπίδας ὡς οὐ πάνυ βεβαίας ἀφίεσαν·
μεταθέμενοι δὲ τὰς γνώμας τὸν πολιτικὸν καὶ ἀφύλακτον ἐμηχανῶντο
πόλεμον ἐξ αὐτῆς ἀναστῆσαι τῆς
Ῥώμης, στάσιν εἰσάγοντες τοῖς πένησι πρὸς τοὺς εὐπόρους. ἤδη δ´
ὑπεκίνει τὸ πολὺ τοῦ δημοτικοῦ μέρος καὶ ἐνόσει, μάλιστα δὲ τὸ
ἄπορον καὶ ὑπὸ δανείων
ἠναγκασμένον μηκέτι τὰ κράτιστα τῷ κοινῷ φρονεῖν·
οὐ γὰρ ἐμετρίαζον ἐν ταῖς ἐξουσίαις οἱ δανείζοντες,
ἀλλ´ εἰς δεσμοὺς τὰ τῶν ὑποχρέων ἀπῆγον σώματα
καὶ ὥσπερ ἀργυρωνήτοις αὐτοῖς ἐχρῶντο. ταῦτα δὴ
μαθὼν ἔπεμψεν ὁ Ταρκύνιος εἰς τὴν πόλιν ἅμα τοῖς
πρέσβεσι τῶν Λατίνων ἀνυπόπτους τινὰς ἄνδρας φέροντας χρυσίον, οἳ
συνιόντες εἰς λόγους τοῖς ἀπόροις
καὶ θρασυτάτοις, καὶ τὰ μὲν ἤδη διδόντες αὐτοῖς, τὰ
δ´, εἰ κατέλθοιεν οἱ βασιλεῖς, ἐπαγγελλόμενοι, πολλοὺς
πάνυ τῶν πολιτῶν διέφθειραν· καὶ γίνεται συνωμοσία
κατὰ τῆς ἀριστοκρατίας οὐ μόνον ἐλευθέρων ἀπόρων,
ἀλλὰ καὶ δούλων πονηρῶν ἐλευθερίας ἐλπίσιν ὑπαχθέντων, οἳ διὰ τοὺς
κολασθέντας ὁμοδούλους ἐν τῷ παρελθόντι ἐνιαυτῷ δυσμενῶς καὶ
ἐπιβούλως διακείμενοι πρὸς τοὺς δεσπότας, ἀπιστούμενοί τε ὑπ´ αὐτῶν
καὶ ἐν ὑποψίαις ὄντες ὡς καὶ αὐτοὶ σφίσιν ἐπιθησόμενοί
ποτε εἰ καιρὸν λάβοιεν, ἄσμενοι τοῖς παρακαλοῦσι πρὸς
τὴν ἐπίθεσιν ὑπήκουσαν. ὁ δὲ τῆς συνωμοσίας αὐτῶν
τοιόσδε ἦν λογισμός. τοὺς μὲν ἡγεμόνας τῆς ἐπιχειρήσεως ἔδει
φυλάξαντας νύκτ´ ἀσέληνον τὰς ἄκρας
καὶ τοὺς ἐρυμνοὺς τῆς πόλεως τόπους καταλαβέσθαι·
τοὺς δὲ θεράποντας, ὅταν αἴσθωνται κρατοῦντας ἐκείνους τῶν
ἐπικαίρων χωρίων· ἀλαλαγμῷ δὲ τοῦτ´ ἔμελλεν
αὐτοῖς γενήσεσθαι φανερόν· ἀποκτεῖναι τοὺς δεσπότας
καθεύδοντας, ταῦτα δὲ διαπραξαμένους τάςτε οἰκίας διαρπάσαι
τῶν εὐπόρων καὶ τὰς πύλας τοῖς τυράννοις ἀνοῖξαι.
| [5,53] V. QUAND les Latins se furent retirés dans leurs villes, Mamilius et
Tarquin voyant que la plupart du peuple était porté à garder le traité, ne
mirent plus leur espérance dans des secours étrangers, sur lesquels ils ne
pouvaient compter: mais changeant de batterie, ils cherchèrent les
moyens d'exciter dans Rome quelque guerre civile par un soulèvement
des pauvres contre les riches. Déjà la plus grande partie du peuple était
en émotion. Les pauvres surtout, et ceux qui se voyaient accablés de
dettes, avaient commencé à remuer et á former de mauvais desseins
contre la république. Les créanciers contribuaient à soulever la populace ;
ils ne gardaient plus de mesures ; ils mettaient leurs débiteurs en prison,
et les traitaient comme des esclaves, qu'ils auraient achetés à prix
d'argent. Tarquin qui en fut informé, envoya à Rome avec l'ambassade
des Latins quelques émissaires qui n'étaient pas suspects : il leur donna
de grandes sommes d'argent. Ces agents du tyran eurent de fréquents
entretiens avec les pauvres les plus déterminés : ils leur distribueraient
d'abord quelques sommes d'argent, et leur en promettait beaucoup
davantage si les rois revenaient à Rome, ils gagnèrent beaucoup de
monde à leur parti. Ce ne fut pas seulement les pauvres citoyens de
condition libre qui se soulevèrent contre le gouvernement des magistrats.
Les esclaves les plus méchants se mirent aussi à la cabale, dans
l'espérance de recouvrer leur liberté. Ils en voulaient déjà à leurs maîtres
pour avoir fait punir l'année précédente leurs compagnons esclaves. Ils
n'ignoraient pas qu'on se défiait d'eux, et qu'on appréhendait qu'ils ne
fissent la même chose que leurs camarades s'ils en trouvaient l'occasion :
ces dispositions facilitèrent aux espions de Tarquin les moyens de les
gagner. Voici le projet de leur conjuration.
VI. LES chefs de la conjuration étaient convenus de prendre le temps
de la nuit que la lune ne paraîtrait point, pour s'emparer des endroits les
plus forts et des forteresses de la ville. Si tôt que les esclaves verraient
qu'on se serait emparé des postes les plus avantageux, ce qu'on devait
leur faire connaître par de grands cris, ils avaient ordre d'assassiner leurs
maîtres qui dormiraient alors, de piller les maisons des riches, et d'ouvrir
les portes aux tyrans. Mais la providence divine qui dans toute occasion a
protégé la ville et qui n'a cessé de la conserver jusqu'à notre siècle,
découvrit leur pernicieux dessein à Sulpicius l'un des consuls.
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