[5,47] Τῇ δ´ ἑξῆς ἡμέρᾳ καύσαντες τοὺς
ἑαυτῶν νεκροὺς οἱ ὕπατοι καὶ τὰ σκῦλα συλλέξαντες·
ἑάλω δέ τινα καὶ ἀπὸ τῶν ζώντων ῥιπτούντων ἐν τῇ
φυγῇ τὰ ὅπλα· ἄνδρας τ´ αἰχμαλώτους ἄγοντες, οὓς
ἔλαβον οὐκ ὀλίγους καὶ χρήματα, χωρὶς ὧν οἱ στρατιῶται διήρπασαν·
τούτων δὲ διαπραθέντων δημοσίᾳ
τὰς κατ´ ἄνδρα γενομένας εἰσφοράς, αἷς ἔστειλαν τοὺς
στρατιώτας, ἅπαντες ἐκομίσαντο· {καὶ} ἀπῄεσαν ἐπ´
οἴκου λαμπροτάτην ἀνῃρημένοι νίκην. καὶ θριάμβοις
ὑπὸ τῆς βουλῆς ἐκοσμοῦντο ἀμφότεροι, Μενήνιος μὲν
τῷ μείζονι καὶ τιμιωτέρῳ, παρεμβεβηκὼς ἐφ´ ἁρματίου
δίφρου βασιλικοῦ, Ποστόμιος δὲ τῷ ἐλάσσονι καὶ ὑποδεεστέρῳ, ὃν
καλοῦσιν οὐαστήν, παρεγκλίναντες τοὔνομα Ἑλληνικὸν ὑπάρχον εἰς
τἀσαφές. τὸ γὰρ πρῶτον εὐαστὴς {οὕτως} ἀπὸ τοῦ συμβεβηκότος ἐλέγετο,
ὡς αὐτός τ´ εἰκάζω καὶ ἐν πολλαῖς εὑρίσκω γραφαῖς ἐπιχωρίοις φερόμενον.
τότε δὲ πρῶτον, ὡς Λικίννιος
ἱστορεῖ, τοῦτον ἐξευρούσης τὸν θρίαμβον τῆς βουλῆς.
διαφέρει δὲ θατέρου πρῶτον μέν, ὅτι πεζὸς εἰσέρχεται
μετὰ τῆς στρατιᾶς προηγούμενος ὁ τὸν οὐαστὴν κατάγων
θρίαμβον, ἀλλ´ οὐκ ἐφ´ ἅρματος ὥσπερ ἐκεῖνος·
ἔπειθ´ ὅτι οὐ τὴν ποικίλην καὶ χρυσόσημον ἀμφιέννυται
στολήν, ᾗ κοσμεῖται ὁ ἕτερος, οὐδὲ τὸν χρυσοῦν
ἔχει στέφανον, ἀλλὰ περιπόρφυρον λευκὴν περιβέβληται τήβενναν, τὸ
ἐπιχώριον τῶν ὑπάτων τε καὶ στρατηγῶν φόρημα, στέφανον δ´
ἐπίκειται δάφνης, μεμείωται δὲ καὶ τοῦ σκήπτρου τῇ φορήσει παρὰ
τὸν ἕτερον, τὰ δ´ ἄλλα πάντα ταὐτὰ ἔχει. αἴτιον δὲ τῷ ἀνδρὶ
{Ποστομίῳ} τῆς ἐλάττονος τιμῆς ἐγένετο, καίτοι λαμπροτάτῳ πάντων
γενομένῳ κατὰ τὴν μάχην, τὸ πρότερον πταῖσμα ἐν τῇ ἐπιδρομῇ μέγα
καὶ σὺν αἰσχύνῃ γενόμενον, ἐξ οὗ τῆς τε δυνάμεως πολλοὺς ἀπώλεσε
καὶ αὐτὸς ὀλίγου ἐδέησε σὺν τοῖς περιλειφθεῖσιν ἐκ
τῆς τροπῆς αἰχμάλωτος γενέσθαι.
| [5,47] Le lendemain les consuls brûlèrent les corps des Romains qui
avaient été tués dans cette action générale, ils ramassèrent les
dépouilles, parmi lesquelles ils trouvèrent quelques armes que l'ennemi
avait jetées en fuyant, et outre un grand nombre de prisonniers de guerre
ils enlevèrent beaucoup d'argent et d'autres effets, sans parler de ce qui
avait été pillé par les soldats. On vendit à l'encan cette quantité
prodigieuse de butin, et des sommes qu'on en tira, chaque particulier fut
suffisamment remboursé de ce qu'il avait fourni pour équiper les soldats
et pour faire les frais de la campagne.
VIII. APRES cette glorieuse victoire, ils retournèrent à Rome. Le
sénat leur décerna à tous deux le triomphe avec cette différence que
Menenius eut les honneurs du plus grand et du plus honorable triomphe ;
et fut conduit dans Rome sur un char royal. Postumius au contraire n'eut
que ceux du petit triomphe qui se faisait avec moins d'éclat. Les Romains
l'appellent ovation, terme qui vient du mot grec evasis que les Latins ont
changé en un mot plus obscur, au lie de le rendre par le mot d'Evation.
Pour moi je conjecture (et c'est ce que j'ai trouvé dans plusieurs livres du
pays) qu'on appelait anciennement Evaltès celui qui recevait les honneurs
du triomphe, nom qui vient de ce qui arrivait, c'est-à-dire des
acclamations qu'on faisait en cette occasion. L'historien Licinnius dit que
ce fut alors pour la première fois que le sénat inventa cette sorte de
triomphe. Quoiqu'il en soit, il est différent de l'autre : premièrement en ce
que celui qui en reçoit les honneurs entre à pied à la tête de son armée
sans être porté sur un char comme dans le grand triomphe, secondement
en ce qu'il n'a ni la robe historiée de différentes couleurs et brodée d'or
{comme dans l'autre triomphe, ni une couronne d'or portant seulement} une
robe {blanche} bordée de pourpre, qui est l'habillement ordinaire des
consuls et des généraux. Outre qu'il n'a qu'une couronne de laurier, il ne
porte point de sceptre. Voila ce que le petit triomphe a de moins que le
grand: en toute autre chose il n'y a aucune différence. Ce qui fit que
Postumius eut de moindres honneurs que son collègue, quoiqu'il se fût le
plus distingué dans le combat, fut cet échec aussi honteux pour lui que
préjudiciable à la république, qu'il avait reçu dans la campagne
précédente, où après avoir perdu beaucoup de monde en poursuivant
l'ennemi avec trop de chaleur, il avait failli à être fait lui-même prisonnier
de guerre avec le reste de ses troupes qui avaient pris la fuite.
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