[5,42] Οὔπω μέσαι νύκτες ἦσαν, καὶ ὁ τῶν
Σαβίνων ἡγεμὼν ἀναστήσας τοῦ στρατοῦ τὸ κράτιστον
μέρος ἦγεν ἐπὶ τὸν χάρακα σιωπᾶν ἅπασι παραγγείλας
καὶ μὴ ποιεῖν ψόφον τῶν ὅπλων, ἵνα μὴ γνοῖεν ἥκοντας αὐτοὺς οἱ
πολέμιοι, πρὶν ἐπὶ τῷ ἐρύματι γένωνται.
ὡς δὲ πλησίον ἐγένοντο τοῦ χάρακος οἱ πρῶτοι πορευόμενοι καὶ οὔτε
φέγγη λαμπτήρων ἑώρων οὔτε φωνὰς
φυλάκων κατήκουον, πολλὴν μωρίαν τῶν Ῥωμαίων
καταγνόντες ὡς ἀφεικότων ἐρήμους τὰς φυλακὰς καὶ
ἐντὸς {τοῦ} χάρακος καθευδόντων, ἐνεπίμπλασαν ὕλης
τὰς τάφρους κατὰ πολλὰ μέρη καὶ διέβαινον οὐδενὸς
σφίσιν ἐμποδὼν γινομένου. παρεκάθηντο δὲ μεταξὺ
τῶν τάφρων καὶ τῶν περισταυρωμάτων οἱ Ῥωμαῖοι
κατὰ σπείρας ἀφανεῖς διὰ τὸ σκότος, καὶ τοὺς διαβαίνοντας αὐτῶν,
ὅτε γένοιντο ἐν χερσίν, ἐφόνευον.
μέχρι μὲν οὖν τινος ἐλάνθανε τοὺς ὑστέρους προσιόντας ὁ τῶν
προηγουμένων ὄλεθρος· ἐπεὶ δὲ φῶς ἐγένετο σελήνης
ἀνισχούσης οἱ πλησιάζοντες τῇ τάφρῳ
σωρούς θ´ ὁρῶντες οἰκείων νεκρῶν παρ´ αὐτῇ καὶ
στίφη πολεμίων καρτερὰ ὁμόσε χωροῦντα, ῥίψαντες τὰ
ὅπλα τρέπονται πρὸς φυγήν. οἱ δὲ Ῥωμαῖοι μέγα
ἀναβοήσαντες· ἦν δὲ τοῦτο σύνθημα τοῖς ἐπὶ τῆς ἑτέρας
παρεμβολῆς· ἐκτρέχουσιν ἐπ´ αὐτοὺς ἅπαντες ἀθρόοι.
καὶ ὁ Λουκρήτιος ὡς ἤκουσε τῆς κραυγῆς τοὺς ἱππεῖς
προαποστείλας διερευνησομένους, μή τις ἐγκάθηται
πολεμίων λόχος, ὀλίγον ὕστερον ἠκολούθει τοὺς ἀκμαιοτάτους
τῶν πεζῶν ἐπαγόμενος. καὶ κατὰ τὸν αὐτὸν
χρόνον οἵ θ´ ἱππεῖς τοῖς ἐκ τῆς Φιδήνης λοχῶσι περιτυχόντες
τρέπουσιν εἰς φυγὴν καὶ οἱ πεζοὶ τοὺς ἐπὶ
τὴν παρεμβολὴν σφῶν ἀφικομένους κτείνοντες ἐδίωκον
οὔτε ὅπλα οὔτε κόσμον σώζοντας. ἐν ταύταις ταῖς
μάχαις Σαβίνων τε καὶ τῶν συμμάχων ἀπέθανον μὲν
ἀμφὶ τοὺς μυρίους καὶ τρισχιλίους καὶ πεντακοσίους,
αἰχμάλωτοι δ´ ἐλήφθησαν τετρακισχίλιοι καὶ διακόσιοι·
καὶ ὁ μὲν χάραξ αὐθημερὸν ἑάλω.
| [5,42] VII. IL n'était pas encore minuit lorsque le général des Sabins fit
prendre les armes à {l''élite de} ses troupes, et sortit avec le gros de son
armée pour tomber sur le camp des ennemis. Il recommanda surtout aux
soldats de garder un grand silence et de ne point faire de bruit avec leurs
armes, de peur que l'ennemi ne s'aperçût de leur marche avant qu'ils
fussent arrivés jusqu'aux retranchements. Ceux de l'avant-garde
approchent des fossés : ils ne voient aucune illumination dans le camp, ils
n'entendent point la voix des sentinelles. Alors ils condamnent les
Romains d'imprudence et de folie, et se persuadent que les corps de
garde retirés dans leurs retranchements se livrent à un profond sommeil.
Ils profitent de l'occasion, ils s'empressent à jeter des fascines dans les
fossés, ils les comblent en plusieurs endroits, et passent jusques dans
les retranchements sans trouver de résistance.
VIII. LES Romains postés par pelotons entre les fossés et les
palissades attendent l'ennemi qui ne peut les apercevoir. A la faveur des
ténèbres qui les dérobent à la vue des Sabins ils les tuent les uns après
les autres à mesure qu'ils avancent et qu'ils tombent sous leurs mains.
Les troupes de l'arrière-garde sont longtemps sans s'apercevoir qu'on a
égorgé leurs camarades qui sont passés les premiers. Mais la lune
commençant à paraître, surpris de voir les corps entassés les uns sur les
autres, et une foule d'ennemis qui vient fondre sur eux, ils jettent leur
armes et prennent la fuite. Alors les Romains les chargent sans quartier et
font retentir l'air de leurs cris militaires pour donner le signal à l'autre camp
comme on en était convenu. Lucrétius qui entend le bruit, envoie aussitôt
un détachement de Cavalerie pour battre l'estrade afin de découvrir s'il n'y
a point quelque embuscade cachée, et un moment après il fuit lui-même
avec l'élite de son infanterie. La cavalerie rencontre ceux qui étaient sortis
de Fidènes pour se porter dans une embuscade: pendant qu'elle les met
en déroute, l'infanterie taille en pièces et poursuit à toute outrance le reste
des troupes qui étaient venues donner l'assaut au camp des Romains, en
sorte que les ennemis ne gardant plus aucun rang et la plupart ayant
perdu leurs armes on en fit une sanglante boucherie. Il périt dans cette
affreuse journée environ treize mille hommes, tant des Sabins que de
leurs alliés, outre quatre mille deux cents qui furent faits prisonniers de
guerre. Leur camp fut aussi pris d'assaut le même jour.
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