[5,39] Ἀγῶνος δὲ καρτεροῦ γενομένου καὶ
τοῦ δεξιοῦ τῶν Ῥωμαίων κέρατος, ἔνθα ἦν ὁ ὕπατος,
ἐπιβαίνοντος τοῖς ἐναντίοις καὶ προσωτέρω χωροῦντος,
τοῦ δ´ εὐωνύμου κάμνοντος ἤδη καὶ πρὸς τῶν πολεμίων ἐπὶ τὸν
ποταμὸν ἐξωθουμένου, μαθὼν τὸ γινόμενον ὁ τὴν ἑτέραν τῶν Ῥωμαίων
παρεμβολὴν κατέχων
ὕπατος ἐξῆγε τὴν στρατιάν. αὐτὸς μὲν οὖν τὴν φάλαγγα τῶν πεζῶν
ἐπαγόμενος βάδην ἠκολούθει· τῶν
δὲ πρεσβυτέρων Σπόριον Λάρκιον τὸν ὑπατεύσαντα
τῷ παρελθόντι ἐνιαυτῷ τοὺς ἱππεῖς ἄγοντα πέμπει
κατὰ σπουδήν· ὃς ἀπὸ ῥυτῆρος τοὺς ἵππους ἐλαύνων
τόν τε ποταμὸν διαπεραιοῦται κωλύοντος οὐδενὸς εὐπετῶς καὶ κατὰ
τὸ δεξιὸν τῶν πολεμίων κέρας παριππεύσας, ἐνσείει πλαγίοις τοῖς
ἱππεῦσι τῶν Σαβίνων·
καὶ γίνεται μέγας αὐτόθι τῶν ἱππέων ἀμφοτέρων
συστάδην μαχομένων ἐπὶ χρόνον πολὺν ἀγών. ἐν δὲ
τούτῳ καὶ ὁ Ποστόμιος τοὺς πεζοὺς ἄγων πλησίον
αὐτῶν ἐγίνετο· καὶ συρράξας τοῖς πεζοῖς ἀποκτείνει
τε πολλοὺς μαχομένους καὶ τοὺς λοιποὺς ἐξωθεῖ τῆς
τάξεως. εἰ δὲ μὴ νὺξ ἐπέλαβεν, ἅπαντες ἂν οἱ Σαβῖνοι
κυκλωθέντες ὑπὸ τῶν Ῥωμαίων ἱπποκρατούντων ἤδη
πανσυδὶ διεφθάρησαν. νῦν δὲ τὸ σκότος τοὺς διαφυγόντας ἐκ τῆς
μάχης ὄντας ἀνόπλους καὶ οὐ πολλοὺς
ἐρρύσατο καὶ διέσωσεν ἐπὶ τὰ οἰκεῖα. τῆς δὲ
παρεμβολῆς αὐτῶν οἱ ὕπατοι χωρὶς ἀγῶνος ἐκράτησαν
ἐκλειφθείσης ὑπὸ τῶν ἔνδον ἅμα τῷ θεάσασθαι τὴν
τροπὴν τῶν σφετέρων· ἐξ ἧς πολλὰς ὠφελείας λαβόντες, ἃς τοῖς
στρατιώταις ἄγειν τε καὶ φέρειν ἐπέτρεψαν,
ἀπῆγον ἐπ´ οἴκου τὰς δυνάμεις. τότε πρῶτον ἡ πόλις
ἀναλαβοῦσα ἑαυτὴν ἐκ τοῦ Τυρρηνικοῦ πταίσματος εἰς
τὸ ἐξ ἀρχῆς ἀποκατέστη φρόνημα, καὶ τῆς ἡγεμονίας
τῶν περιοίκων ὡς πρότερον ἐθάρρησεν ἀντιποιεῖσθαι,
καὶ ψηφίζεται κοινῇ μὲν ἀμφοτέροις τοῖς ὑπάτοις θριάμβου
καταγωγήν, ἰδίᾳ δὲ θατέρῳ τῶν ἀνδρῶν Οὐαλερίῳ δωρεὰν τόπον εἰς
οἴκησιν ἐν τῷ κρατίστῳ τοῦ
Παλλαντίου {τόπῳ} δοθῆναι, καὶ τὰς εἰς τὴν κατασκευὴν δαπάνας ἐκ
τοῦ δημοσίου χορηγεῖσθαι. ταύτης
τῆς οἰκίας, παρ´ ἣν ὁ χαλκοῦς ἕστηκε ταῦρος, αἱ κλισιάδες θύραι
μόναι τῶν ἐν τῇ Ῥώμῃ δημοσίων τε καὶ
ἰδιωτικῶν οἴκων εἰς τὸ ἔξω μέρος ἀνοίγονται.
| [5,39] Le combat s'anime ;
l'aile droite commandée par le consul Postumius marche sur le ventre aux
ennemis et les contraint de reculer. Mais d'un autre côté l'aile gauche n'en
pouvait plus ; déjà les Sabins la menant rudement l'avaient repoussée
jusqu'au fleuve. Le consul qui commandait l'autre camp des Romains,
informé de ce qui se passait, fit sortir ses troupes et marcha à petit pas à
la tête de son infanterie. Il eut en même temps la précaution d'envoyer
promptement devant lui Spurius Largius son lieutenant, qui avait été
consul l'année précédente, pour secourir les Romains avec sa cavalerie.
Celui-ci court à bride abattue ; il arrive bientôt au fleuve et il le traverse
sans trouver de résistance ; il passe par devant l'aile droite des Sabins, et
attaque leur cavalerie en flanc : on se bat longtemps avec beaucoup de
chaleur de part et d'autre. Sur ces entrefaites Postumius arrive avec
l'infanterie et il tombe sur celle des ennemis ; il en fait un affreux carnage
et met le reste en désordre.
VI. C'ÉTAIT fait des Sabins, si la nuit ne fût survenue. Investis de
toutes parts par les Romains dont la cavalerie était supérieure en nombre,
ils auraient été tous égorgés, et ce ne fut qu'à la faveur des ténèbres que
quelques-uns se sauvèrent dans leurs villes après avoir perdu leurs
armes. Les consuls s'emparèrent du camp des ennemis sans résistance :
la garnison l'avait abandonné aussitôt qu'elle avait vu l'armée en déroute.
Ils y trouvèrent un gros butin qu'ils abandonnèrent au pillage des soldats.
De là ils s'en retournèrent à Rome.
VII. LA république commença alors à se relever des pertes qu'elle
avait faites dans la guerre des Tyrrhéniens, et les Romains animés d'un
nouveau courage osèrent prétendre comme auparavant à l'empire sur
leurs voisins. On décerna aux deux consuls les honneurs du triomphe. On
donna en particulier à Valérius une place pour bâtir une maison dans le
plus bel endroit du mont Palatin, et on lui fournit du trésor public une
somme d'argent pour cet effet. Cette maison, devant laquelle on a érigé
un taureau de bronze, est la seule de toutes les maisons de Rome, tant
publiques, que particulières, dont les battants de la porte s'ouvrent en
dehors sur la rue.
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