[5,3] Ταρκύνιος ἐπειδὴ τῆς βασιλείας ἐξέπεσε, χρόνον
μέν τινα οὐ πολὺν ἐν πόλει Γαβίοις διέτριβε
τούς τε συνιόντας πρὸς αὐτὸν ἐκ τῆς πόλεως ὑποδεχόμενος, οἷς ἦν
τυραννὶς ἀσπαστότερον χρῆμα ἐλευθερίας, καὶ ταῖς Λατίνων ἐλπίσιν
ἐπέχων ὡς δι´ ἐκείνων καταχθησόμενος ἐπὶ τὴν ἀρχήν. ὡς δ´ οὐ
προσεῖχον αὐτῷ τὸν νοῦν αἱ πόλεις οὐδ´ ἐβούλοντο
πόλεμον ὑπὲρ αὐτοῦ εἰς τὴν Ῥωμαίων πόλιν ἐκφέρειν,
ἀπογνοὺς τὰς παρὰ τούτων ἐπικουρίας, εἰς Τυρρηνικὴν
καταφεύγει πόλιν Ταρκυνίους, ἐξ ἧς τὸ πρὸς μητρὸς
αὐτῷ γένος ἦν. πείσας δὲ τὰ τέλη τῶν Ταρκυνιητῶν
δωρεαῖς καὶ δι´ ἐκείνων ἐπὶ τὴν ἐκκλησίαν παραχθεὶς
τήν τε συγγένειαν ἀνενεώσατο τὴν ὑπάρχουσαν αὐτῷ
πρὸς τὴν πόλιν καὶ τὰς εὐεργεσίας διεξῆλθεν, ἃς ὁ
πάππος αὐτοῦ πάσαις ἐχαρίσατο ταῖς ἐν Τυρρηνίᾳ πόλεσι, καὶ τὰς
συνθήκας ὑπεμίμνησκεν, ἃς ἦσαν πεποιημένοι πρὸς αὐτόν· ἐπὶ δὲ
τούτοις ἅπασι τῆς κατειληφυίας αὐτὸν ὠδύρετο τύχας, ὡς ἐκ
μεγάλης ἐκπεσὼν εὐδαιμονίας ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ πλάνης καὶ τῶν ἀναγκαίων
ἐνδεὴς σὺν υἱοῖς τρισὶν ἐπὶ τοὺς ἐφ´ ἑαυτῷ ποτε
γενομένους ἠναγκάσθη καταφυγεῖν. διεξελθὼν δ´ ὧδε
ταῦτα μετὰ πολλῶν οἴκτων τε καὶ δακρύων ἔπεισε τὸν
δῆμον πρέσβεις ἀποστεῖλαι πρῶτον εἰς Ῥώμην συμβατηρίους φέροντας
ὑπὲρ αὐτοῦ λόγους, ὡς δὴ συμπραττόντων αὐτῷ τῶν δυνατῶν ἐκεῖθεν
καὶ συλληψομένων τῆς καθόδου. ἀποδειχθέντων δὲ πρεσβευτῶν,
οὓς αὐτὸς προείλετο, διδάξας τοὺς ἄνδρας ἃ χρὴ λέγειν τε καὶ
πράττειν, καὶ παρὰ τῶν σὺν αὐτῷ φυγάδων γράμματα δοὺς δεήσεις
ἔχοντα πρὸς τοὺς οἰκείους αὐτῶν καὶ φίλους, ἀπέστειλε φέροντάς
τι καὶ χρυσίον.
| [5,3] VI. TARQUIN chassé de ses états demeura quelque temps à Gabie
où il reçut plusieurs citoyens qui sortirent de Rome pour se joindre à lui,
moins sensibles aux douceurs de la liberté qu'aux avantages qu'ils se
promettaient de la tyrannie. D'abord il espérait de remonter sur le trône
par le secours des Latins. Mais leurs villes ne se laissèrent point gagner
par les vives sollicitations, elles ne purent se résoudre à entreprendre
pour l'amour de ce tyran une guerre injuste contre le peuple Romain.
Désespérant donc de recevoir d'elles aucun secours, il se réfugia dans
une ville de Tyrrhénie dont il tirait son origine du côté de sa mère. Là, à
force de présents qu'il répandit à pleines mains, il gagna les principaux
citoyens de Tarquinie, et ceux-ci le présentèrent en pleine assemblée à
toute la nation. Il adressa la parole á tous les Tarquiniens et les fit
souvenir des bienfaits dont son aïeul avait comblé toutes les villes de la
Tyrrhénie, et de l'ancienne alliance qu'ils avaient faite avec lui ; il déplora
son infortune et la dépeignant avec de vives couleurs il les conjura de
n'être pas insensibles aux malheurs d'un souverain qui était tombé en un
seul jour du plus haut point de la gloire, et qui se voyait errant et
vagabond avec ses trois fils, manquant du nécessaire, et obligé d'avoir
recours à ceux qui avaient été autrefois ses sujets.
VII. PAR ces discours accompagnés de larmes et de gémissements
il persuada le peuple de Tarquinie, et l'engagea á envoyer promptement
une ambassade á Rome, se flattant que les plus puissants de cette ville
prendraient son parti et ménageraient son rétablissement. On élut pour
députes ceux qu'il nomma lui-même. Il leur donna ses instructions sur ce
qu'ils devaient dire et sur ce qu'ils avaient à faire, avec une somme
d'argent et des lettres que les compagnons de son exil écrivaient à leurs
parents et à leurs amis pour les prier de travailler à leur rappel.
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