[5,2] Ὡς δὲ κατεστήσαντο ταῦτα, δείσαντες, ὡς ἐμοὶ
δοκεῖ, μὴ δόξα τοῖς πολλοῖς ἐγγένηται περὶ τῆς καινῆς
πολιτείας οὐκ ἀληθής, ὅτι δύο βασιλεῖς κύριοι γεγόνασι τῆς πόλεως
ἀνθ´ ἑνὸς ἑκατέρου τῶν ὑπάτων τοὺς
δώδεκα πελέκεις ἔχοντος, ὥσπερ εἶχον οἱ βασιλεῖς,
ἔκριναν τό τε δέος ἀφελέσθαι τῶν πολιτῶν καὶ τῆς
ἐξουσίας μειῶσαι τὸν φθόνον, τοῦ μὲν ἑτέρου τῶν
ὑπάτων τοὺς δώδεκα κατατάξαντες προηγεῖσθαι πελέκεις, τοῦ δ´
ἑτέρου δώδεκα ὑπηρέτας ῥάβδους ἔχοντας
μόνον, ὡς δέ τινες ἱστοροῦσι, καὶ κορύνας, γίνεσθαι
δὲ τῶν πελέκεων τὴν παράληψιν ἐκ περιτροπῆς ἕνα
μῆνα κατέχοντος αὐτοὺς ἑκατέρου παραλλάξ. τοῦτο
δὴ τὸ πολίτευμα καταστησάμενοι καὶ ἄλλα τούτοις παραπλήσια οὐκ
ὀλίγα πρόθυμον ἐποίησαν εἰς τὴν διαμονὴν τῶν πραγμάτων τὸν δημότην
καὶ ταπεινὸν ὄχλον
καὶ γὰρ τοὺς νόμους τοὺς περὶ τῶν συμβολαίων τοὺς
ὑπὸ Τυλλίου γραφέντας φιλανθρώπους καὶ δημοτικοὺς
εἶναι δοκοῦντας, οὓς ἅπαντας κατέλυσε Ταρκύνιος,
ἀνενεώσαντο καὶ τὰς θυσίας τάς τε κατὰ πόλιν καὶ
τὰς ἐπὶ τῶν ἀγρῶν, ἃς ἐποιοῦντο κοινῶς συνιόντες οἱ
δημόται τε καὶ οἱ φυλέται, πάλιν προσέταξαν ἐπιτελεῖσθαι,
ὡς ἐπὶ Τυλλίου συνετελοῦντο· ἐκκλησιάζειν
τ´ αὐτοῖς ἀπέδοσαν ὑπὲρ τῶν μεγίστων καὶ ψῆφον
ἐπιφέρειν καὶ τἆλλα πράττειν, ὅσα κατὰ τοὺς προτέρους ἐθισμοὺς
ἔπραττον. τοῖς μὲν οὖν πολλοῖς καθ´
ἡδονὴν τὰ γινόμενα ὑπ´ αὐτῶν ἦν ἐκ πολυχρονίου
δουλείας εἰς ἀνέλπιστον ἀφιγμένοις ἐλευθερίαν, εὑρέθησαν δέ τινες
ἐξ αὐτῶν ὅμως, οἷς πόθος ἦν τῶν ἐν
τυραννίδι κακῶν δι´ εὐήθειαν ἢ διὰ πλεονεξίαν, ἄνδρες οὐκ ἀφανεῖς,
οἳ συνώμοσαν ἐπὶ προδοσίᾳ τῆς
πόλεως Ταρκύνιόν τε καταδέξασθαι συνθέμενοι καὶ
τοὺς ὑπάτους ἀποκτεῖναι. ἡγεμόνες δ´ αὐτῶν οἵτινες
ἐγένοντο καὶ δι´ οἵας ἐξηλέγχθησαν ἀνελπίστου συντυχίας καίτοι
πάντας ἀνθρώπους λεληθέναι δοκοῦντες,
μικρὰ τῶν ἔμπροσθεν γενομένων ἀναλαβὼν λέξω.
| [5,2] IV. LES choses ainsi réglées, Brutus et Collatinus commencèrent à
appréhender, comme je crois, que le peuple se formant une fausse idée
de cette nouvelle forme de gouvernement ne s'imaginât qu'on lui avait
donné deux rois au lieu d'un, parce que les consuls faisaient porter devant
eux les douze faisceaux surmontés de haches, comme avaient fait les
rois. Pour ôter cette crainte aux citoyens et pour rendre leur autorité moins
odieuse, il réglèrent que l'un des consuls ferait marcher devant lui les
douze haches, et que l'autre serait précédé de douze licteurs qui
porteraient seulement les faisceaux sans haches : d'autres y ajoutent
aussi des morceaux de bois recourbés en forme de potences, et qu'ils
auraient les haches tour a tour, chacun leur mois. Par ces règlements et
plusieurs autres semblables, ils firent si bien goûter aux plébéiens et à la
menue populace les agréments du gouvernement présent, que ceux-ci
n'avaient rien plus à cœur que de le maintenir. En effet ils remirent en
vigueur les lois équitables que Tullius avait établies en faveur du peuple,
et que Tarquín avait entièrement abolies. Ils rétablirent l'égalité dans les
contrats qui seraient passés entre les grands et les plébéiens. Ils
ordonnèrent qu'on renouvellerait, comme sous le règne de Tullius, tant
dans la ville qu'à la campagne, les sacrifices où les citoyens et les
paysans avaient coutume de se trouver tous ensemble. Ils leur rendirent
aux uns et aux autres le droit d'assister aux assemblées qui se tiendraient
pour les affaires les plus importantes, d'y donner leurs suffrages, et de
faire tout ce qu'ils avaient fait par le passé selon l'ancienne coutume. Tous
ces règlements furent d'autant plus agréables à la plupart des Romains
qu'après les rigueurs d'un long esclavage ils jouissaient des douceurs
d'une liberté inespérée.
V. IL s'en trouva néanmoins quelques-uns, même de la première
distinction, qui par des motifs d'avarice ou d'ambition et parce qu'ils
étaient accoutumés aux maux de la tyrannie, se liguèrent pour trahir la
ville, rappeler Tarquín et mettre à mort les deux consuls. Nous allons dire
quels furent les chefs de cette conjuration, et par quel bonheur inespéré
on découvrit leurs mauvais desseins dans le temps qu'ils croyaient leur
ligue entièrement secrète. Mais il faut reprendre l'histoire d'un peu plus
haut, et raconter quelque chose de ce qui se passa auparavant.
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