[5,1] Ἡ μὲν δὴ βασιλικὴ Ῥωμαίων πολιτεία διαμείνασα
μετὰ τὸν οἰκισμὸν τῆς Ῥώμης ἐτῶν τεττάρων καὶ τετταράκοντα καὶ
διακοσίων ἀριθμόν, ἐπὶ δὲ τοῦ τελευταίου βασιλέως τυραννὶς γενομένη
διὰ ταύτας τὰς προφάσεις καὶ ὑπὸ τούτων κατελύθη τῶν ἀνδρῶν,
ὀλυμπιάδος μὲν ὀγδόης καὶ ἑξηκοστῆς ἐνεστώσης, ἣν
ἐνίκα στάδιον Ἰσχόμαχος Κροτωνιάτης, Ἀθήνησι δὲ
τὴν ἐνιαύσιον ἀρχὴν ἔχοντος Ἰσαγόρου. ἀριστοκρατίας
δὲ γενομένης οἱ πρῶτοι τὴν βασιλικὴν ἀρχὴν παραλαβόντες ὕπατοι
τεττάρων μηνῶν εἰς τὸν ἐνιαυτὸν
ἐκεῖνον ἐπιλειπομένων Λεύκιος Ἰούνιος Βροῦτος καὶ
Λεύκιος Ταρκύνιος Κολλατῖνος, οὓς καλοῦσι Ῥωμαῖοι
κατὰ τὴν ἑαυτῶν διάλεκτον ὥσπερ ἔφην προβούλους,
ἑτέρους παραλαβόντες πολλοὺς ἐλθόντων εἰς τὴν πόλιν
τῶν ἀπὸ στρατοπέδου μετὰ τὰς σπονδὰς τὰς γενομένας
αὐτοῖς πρὸς Ἀρδεάτας, ὀλίγαις ὕστερον ἡμέραις τῆς
ἐκβολῆς τοῦ τυράννου συγκαλέσαντες τὸν δῆμον εἰς
ἐκκλησίαν καὶ πολλοὺς ὑπὲρ ὁμονοίας λόγους ποιησάμενοι ψήφισμά τε
πάλιν ἐπεκύρωσαν ἕτερον, περὶ ὧν
οἱ κατὰ πόλιν ὄντες πρότερον ἐπεψηφίσαντο φυγὴν
Ταρκυνίοις ἐπιβαλόντες ἀίδιον· καὶ μετὰ τοῦτο καθαρμοὺς τῆς πόλεως
ποιησάμενοι καὶ ὅρκια τεμόντες αὐτοί
τε πρῶτοι στάντες ἐπὶ τῶν τομίων ὤμοσαν καὶ τοὺς
ἄλλους πολίτας ἔπεισαν ὀμόσαι, μὴ κατάξειν ἀπὸ τῆς
φυγῆς βασιλέα Ταρκύνιον μήτε τοὺς παῖδας αὐτοῦ
μήτε τοὺς ἐξ ἐκείνων γενησομένους, βασιλέα τε τῆς
Ῥωμαίων πόλεως μηκέτι καταστήσειν μηθένα μηδὲ τοῖς
καθιστάναι βουλομένοις ἐπιτρέψειν. ταῦτα μὲν περὶ
ἑαυτῶν τε καὶ τῶν τέκνων καὶ τοῦ μεθ´ ἑαυτοὺς γένους ὤμοσαν.
Ἐπειδὴ δὲ πολλῶν καὶ μεγάλων ἀγαθῶν
αἴτιοι γεγονέναι τοῖς κοινοῖς πράγμασιν ἔδοξαν οἱ βασιλεῖς,
φυλάττειν τοὔνομα τῆς ἀρχῆς, ὅσον ἂν ἡ πόλις
διαμένῃ χρόνον, βουλόμενοι τοὺς ἱεροφάντας τε καὶ
οἰωνομάντεις ἐκέλευσαν ἀποδεῖξαι τὸν ἐπιτηδειότατον
τῶν πρεσβυτέρων, ὃς οὐδενὸς ἤμελλεν ἕξειν ἑτέρου
πλὴν τῶν περὶ τὰ θεῖα σεβασμῶν τὴν προστασίαν,
ἁπάσης λειτουργίας πολεμικῆς καὶ πολιτικῆς ἀφειμένος,
ἱερῶν καλούμενος βασιλεύς. καὶ καθίσταται πρῶτος
ἱερῶν βασιλεὺς Μάνιος Παπίριος ἐκ τῶν πατρικίων
ἀνὴρ ἡσυχίας φίλος.
| [5,1] CHAPITRE PREMIER.
I. La monarchie dura chez les Romains deux cent quarante-quatre
ans depuis la fondation de Rome. Elle dégénéra en tyrannie sous le
dernier roi, et fut enfin abolie pour le sujet et par les personnes que nous
avons dit. Ce changement arriva au commencement de la soixante-huitième olympiade, en laquelle Ischomaque de Crotone remporta le prix
de la course, Isagoras étant archonte annuel à Athènes. L'Aristocratie
succéda au gouvernement monarchique, et comme il s'en fallait environ
quatre mois que cette année ne fût finie, on créa pour premiers magistrats
Lucius Junius Brutus, et Lucius Tarquinius. Les Romains, comme j'ai déjà
dit, les appelèrent consuls en leur langue, terme qui répond a notre mot
grec Proboulos, qui veut dire premier conseiller. {Ces premiers consuls}
revêtus de l'autorité royale, furent bientôt renforcés d'un grand nombre de
citoyens qui abandonnèrent le camp et se rendirent à Rome dès qu'on eut
conclu une trêve avec les Ardéates. Soutenus par ce nouveau secours,
peu de jours après qu'ils eurent chassé le tyran, ils convoquèrent une
assemblée du peuple, prononcèrent un long discours sur la concorde et
sur l'étroite union qui devait régner parmi les Romains, et par un second
décret confirmatif de celui qui avait été fait à Rome quelques jours
auparavant, tous les citoyens réunis dans un même sentiment
condamnèrent les Tarquins à un bannissement perpétuel.
II. ENSUITE on fit des sacrifices pour purifier la ville, et on immola
des victimes. Les consuls s'approchèrent de l'autel ; ils jurèrent les
premiers, tant pour eux que pour leurs enfants et leur postérité {et firent
jurer les autres citoyens} de ne jamais rappeler Tarquin de son exil, ni les
fils, ni leurs descendants ; de ne plus laisser gouverner la ville de Rome
par des rois, et de s'opposer de toutes leurs forces aux entreprises de
ceux qui voudraient prendre des mesures pour rétablir la royauté.
III. CEPENDANT, comme les rois avaient procuré de grands
avantages à la république, afin de conserver le nom de la dignité royale
tant que la ville subsisterait, ils ordonnèrent aux pontifes et aux augures
de choisir entre les anciens celui qu'ils jugeraient le plus capable pour
présider seulement aux sacrifices et au culte divin, sans être chargé
d'aucune autre fonction, militaire, {ou civile}. On régla qu'il s'appellerait le
roi des choses sacrées. Manius Papirius, personnage distingué par son
mérite, de famille patricienne, homme paisible et qui aimait le repos et la
tranquillité, fut le premier qu'on revêtit de cette éminente dignité.
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