[5,29] Καὶ ὁ Μούκιος οὔτε μεταβολῇ χρώματος
οὔτε συννοίᾳ προσώπου τὸν ὀρρωδοῦντα διασημήνας
οὔτ´ ἄλλο παθὼν οὐδέν, ὧν φιλοῦσι πάσχειν οἱ μέλλοντες
ἀποθνήσκειν, λέγει πρὸς αὐτόν· Ἐγὼ Ῥωμαῖος
μέν εἰμι, καὶ οὐ τῶν ἐπιτυχόντων ἕνεκα γένους, ἐλευθερῶσαι
δὲ τὴν πατρίδα τοῦ πολέμου βουληθεὶς ἦλθον
ἐπὶ τὸ στρατόπεδον ὑμῶν ὡς τῶν αὐτομόλων τις,
ἀποκτεῖναί σε βουλόμενος· οὐκ ἀγνοῶν μέν, ὅτι καὶ
κατορθώσαντι καὶ διαμαρτόντι τῆς ἐλπίδος ἀποθανεῖν
ὑπάρχει μοι, χαρίσασθαι δὲ τῇ γειναμένῃ τὴν ἐμαυτοῦ
ψυχὴν προαιρούμενος καὶ ἀντὶ τοῦ θνητοῦ σώματος
ἀθάνατον δόξαν καταλιπεῖν· ψευσθεὶς δὲ τῆς ἐλπίδος
ἀντὶ σοῦ τὸν γραμματέα, ὃν οὐθὲν ἐδεόμην, ἀνῄρηκα
τῇ τε πορφύρᾳ καὶ τῷ δίφρῳ καὶ τοῖς ἄλλοις τῆς
ἐξουσίας συμβόλοις πλανηθείς. τὸν μὲν οὖν θάνατον,
ὃν αὐτὸς ἐμαυτοῦ κατεψηφισάμην, ὅτ´ ἐπὶ τὴν πρᾶξιν
ἔμελλον ὁρμᾶν, οὐ παραιτοῦμαι· βασάνους δὲ καὶ τὰς
ἄλλας ὕβρεις εἴ μοι παρείης, πίστεις δοὺς ἐπὶ θεῶν
ὑπισχνοῦμαί σοι μέγα πρᾶγμα δηλώσειν καὶ πρὸς τὴν
σωτηρίαν ἀνῆκόν σοι. Ὁ μὲν δὴ ταῦτ´ ἔλεγε καταστρατηγῆσαι τὸν
ἄνδρα διανοούμενος· ὁ δ´ ἔξω τοῦ
φρονεῖν γεγονὼς καὶ ἅμα κινδύνους ἐκ πολλῶν μαντευόμενος
ἀνθρώπων οὐκ ἀληθεῖς δίδωσιν αὐτῷ δι´
ὅρκων τὸ πιστόν. μετὰ δὲ τοῦθ´ ὁ Μούκιος καινότατον
ἐνθυμηθεὶς ἀπάτης τρόπον, ὃς ἐν ἀφανεῖ τὸν
ἔλεγχον εἶχε, λέγει πρὸς αὐτόν· Ὦ βασιλεῦ, Ῥωμαίων
ἄνδρες τριακόσιοι τὴν αὐτὴν ἔχοντες ἡλικίαν ἐκ τοῦ
γένους τοῦ τῶν πατρικίων ἅπαντες ἐβουλευσάμεθα
συνελθόντες ἀποκτεῖναί σε καὶ τὸ πιστὸν ὅρκοις παρ´
ἀλλήλων ἐλάβομεν. ἔδοξε δ´ ἡμῖν βουλευομένοις ὅστις
ὁ τῆς ἐπιβουλῆς ἦν τρόπος, μήθ´ ἅπαντας ἅμα χωρεῖν
ἐπὶ τὸ ἔργον, ἀλλὰ καθ´ ἕνα, μήτε φράζειν ἕτερον
ἑτέρῳ πότε καὶ πῶς καὶ ποῦ καὶ τίσιν ἀφορμαῖς χρησάμενος
ἐπιθήσεταί σοι, ἵνα ῥᾷον ἡμῖν ὑπάρχῃ τὸ
λαθεῖν. ταῦτα διανοηθέντες ἐκληρωσάμεθα, καὶ πρῶτος ἄρξαι τῆς
πείρας ἔλαχον ἐγώ. προειδὼς οὖν, ὅτι
πολλοὶ καὶ ἀγαθοὶ τὴν αὐτήν μοι διάνοιαν ἕξουσιν
ἐπιθυμίᾳ δόξης, ὧν ὡς εἰκάσαι τις ἀμείνονι τύχῃ χρήσεται τῆς ἐμῆς,
σκόπει, τίς ἔσται σοι πρὸς ἅπαντας ἀρκοῦσα φυλακή.
| [5,29] XXI Mucius lui répond sans changer de couleur, sans se troubler et
sans faire paraître aucune émotion sur son visage comme il arrive à ceux
qui se voient sur le point de perdre la vie au milieu des plus cruels
tourments :
« Je suis Romain, et si j'ai passé dans ton camp sous un habit de
déserteur, ce n'est pas sans un grand, dessein : c'est pour délivrer ma
patrie, c'est pour la mettre à couvert de tes armes, en un mot, c'est pour
te tuer. Je n'ignorais pas néanmoins que je m'exposais à une mort
certaine, soit que je réussisse, soit que je manquasse mon coup : mais j'ai
voulu rendre ce service à la ville de Rome qui m'a donné la vie, et je me
suis flatté d*acquérir une gloire immortelle par le sacrifice d'un corps
mortel. Au lieu de te tuer j'ai tué ton secrétaire que je ne connaissais
point. Son habit de pourpre, le tribunal où il était assis, les autres marques
de dignité dont je le voyais revêtu, m'ont fait prendre le change. Mais si j'ai
manqué mon coup, au moins je n'ai pas manqué de volonté. Je ne te
demande donc point la vie, je me suis dévoué à la mort dans le moment
que j'ai pris la résolution de faire ce coup hardi. Mais si tu veux m'engager
ta parole avec serment de m'épargner la torture et les autres tourments
de la question, je te promets de te découvrir un secret de la dernière
importance où ta vie est intéressée. »
Mucius parla ainsi dans le dessein d'embarrasser le roi par cet artifice.
XXII. PORSENNA troublé par cette réponse artificieuse, se
persuade que plusieurs Romains le menacent du même péril qu'il vient
d'échapper. Il lui promet avec serment de lui épargner les tourments.
Alors Mucius imaginant une nouvelle ruse dont il était difficile de
s'apercevoir dans le moment : « Nous sommes, continue-t-il, trois cents
jeunes Romains, tous de même âge et de famille patricienne, qui avons
formé le dessein de te tuer, et nous nous y sommes engagés par
serment. Cette résolution prise, concertant les moyens de l'exécuter, nous
avons cru qu'il n'était pas à propos de nous exposer tous à la fois, mais
l'un après l'autre, et que pour tenir la chose secrète, il ne fallait la
communiquer à personne, ni même nous dire les uns aux autres en quel
temps, en quel lieu, comment, ni à quelle occasion nous attenterions à ta
vie. Le projet ainsi concerté, nous avons tiré au sort à qui commencerait le
premier, et le sort est tombé sur moi. C'est à toi de voir comment tu
pourras te mettre en garde contre tant de braves jeunes gens qui sont
tous dans le même dessein et qui aspirent à la même gloire. Peut-être
que quelqu'un de ces braves défenseurs de leur patrie sera plus heureux
que moi et ne manquera pas son coup. Je t'ai suffisamment averti, c'est à
toi d'y faire attention. »
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