[5,26] Μετὰ γὰρ τὴν μάχην ἐκείνην ὁ μὲν Τυρρηνῶν
βασιλεὺς ἐν τῷ πλησίον ὄρει καταστρατοπεδευσάμενος, ὅθεν τὴν
Ῥωμαίων φρουρὰν ἐξέβαλε, τῆς
ἐπέκεινα τοῦ Τεβέριος ποταμοῦ χώρας ἁπάσης ἐκράτει.
οἱ δὲ Ταρκυνίου παῖδες καὶ ὁ κηδεστὴς αὐτοῦ Μαμίλιος σχεδίαις τε καὶ
σκάφαις διαβιβάσαντες τὰς ἑαυτῶν δυνάμεις ἐπὶ θάτερα μέρη τοῦ
ποταμοῦ τὰ πρὸς
τὴν Ῥώμην φέροντα ἐν ἐχυρῷ τίθενται χωρίῳ τὸν
χάρακα· ὅθεν ὁρμώμενοι τῶν τε Ῥωμαίων ἐδῄουν τὴν
γῆν καὶ τὰς αὐλὰς κατέσκαπτον καὶ τοῖς ἐπὶ νομὰς
ἐξιοῦσιν ἐκ τῶν ἐρυμάτων βοσκήμασιν ἐπετίθεντο.
κρατουμένης δὲ τῆς ὑπαίθρου πάσης ὑπὸ τῶν πολεμίων, καὶ οὔτ´ ἐκ
γῆς εἰσκομιζομένων εἰς τὴν πόλιν
τῶν ἀγορῶν οὔτε μὴν διὰ τοῦ ποταμοῦ καταγομένων
ὅτι μὴ σπανίων, ταχεῖα τῶν ἀναγκαίων σπάνις ἐγένετο
μυριάσι πολλαῖς τὰ παρασκευασθέντα οὐ πολλὰ ὄντα
δαπανώσαις. καὶ μετὰ τοῦθ´ οἱ θεράποντες πολλοὶ
καταλιπόντες τοὺς δεσπότας ηὐτομόλουν ὁσημέραι, καὶ
ἐκ τοῦ δημοτικοῦ πλήθους οἱ πονηρότατοι πρὸς τοὺς
Τυρρηνοὺς ἀφίσταντο· ταῦθ´ ὁρῶσι τοῖς ὑπάτοις ἔδοξε
Λατίνων μὲν δεῖσθαι τῶν ἔτι αἰδουμένων τὸ συγγενὲς καὶ μένειν
δοκούντων ἐν τῇ φιλίᾳ συμμαχίας σφίσι
πέμψαι διὰ ταχέων, εἰς δὲ τὴν Καμπανίδα Κύμην καὶ
τὰς ἐν τῷ Πωμεντίνῳ πεδίῳ πόλεις ἀποστεῖλαι πρέσβεις ἀξιώσοντας
αὐτὰς σίτου σφίσιν ἐξαγωγὴν ἐπιτρέψαι. Λατῖνοι μὲν οὖν διεκρούσαντο
τὴν ἐπικουρίαν, ὡς οὐχ ὅσιον αὐτοῖς ὂν οὔτε Ταρκυνίοις πολεμεῖν
οὔτε Ῥωμαίοις, ἐπειδὴ κοινῇ συνέθεντο πρὸς ἀμφοτέρους τὰ περὶ τῆς
φιλίας ὅρκια· ἐκ δὲ τοῦ Πωμεντίνου
πεδίου Λάρκιός τε καὶ Ἑρμίνιος οἱ πεμφθέντες ἐπὶ τὴν
παρακομιδὴν τοῦ σίτου πρέσβεις πολλὰς γεμίσαντες
σκάφας παντοίας τροφῆς ἀπὸ θαλάττης ἀνὰ τὸν ποταμὸν ἐν νυκτὶ
ἀσελήνῳ λαθόντες τοὺς πολεμίους διεκόμισαν. ταχὺ δὲ καὶ ταύτης
ἐξαναλωθείσης τῆς ἀγορᾶς
καὶ τῆς αὐτῆς κατασχούσης τοὺς ἀνθρώπους ἀπορίας
μαθὼν παρὰ τῶν αὐτομόλων ὁ Τυρρηνός, ὅτι κάμνουσιν
ὑπὸ τοῦ λιμοῦ οἱ ἔνδον, ἐπεκηρυκεύσατο πρὸς
αὐτοὺς ἐπιτάττων δέχεσθαι Ταρκύνιον, εἰ βούλονται
πολέμου τε καὶ λιμοῦ ἀπηλλάχθαι.
| [5,26] XIII. APRES le combat dont nous venons de parler,
le roi des Tyrrhéniens prit son poste sur la montagne voisine d'où il avait
chassé la garnison Romaine, et s'étant répandu aux environs dans les
campagnes, il se rendit maître de tout le pays qui est au-delà du fleuve.
Les fils de Tarquin et Mamilius son gendre firent passer leurs troupes sur
des radeaux et dans des barques à l'autre rive du Tibre, du côté de
Rome, où ils assirent leur camp dans un poste avantageux. Ils en
sortaient de temps en temps pour faire des courses, ravager les terres
des Romains, renverser les maisons des bergers et enlever le bétail qui
sortait des forts pour aller paître. Toutes les plaines voisines occupées par
les ennemis, Rome ne recevait plus de provisions de la campagne, et il
n'en venait que très rarement par le Tibre. Enfin le peu de vivres qu'on
pouvait avoir, ne tardait guère à être consumé par tant de milliers
d'hommes, et les Romains furent bientôt réduits à une extrême disette de
toutes choses. Pour surcroit de malheur, la plupart des esclaves
abandonnaient leurs maîtres, et tout ce qu'il y avait de garnements parmi
le petit peuple désertait tous les jours pour se joindre au parti des tyrans.
XIV. DANS des conjonctures si fâcheuses, les consuls furent d'avis
de dépêcher chez ceux des Latins qui paraissaient encore attachés à
Rome par les liens de la parenté et qui demeuraient fidèles dans
l'alliance, pour leur demander un prompt secours. En même temps ils
envoyèrent une autre ambassade à Cumes en Campanie et aux villes des
Pometiens, pour en obtenir la permission d'emporter des blés de leur
pays. Les Latins refusèrent les secours qu'on leur demandait, sous
prétexte que la religion ne leur permettait pas de prendre les armes ni
contre Tarquin, ni contre le peuple Romain, puisqu'ils étaient également
liés avec l'un et l'autre par des traités d'alliance. Pour ce qui est de
Largius et d'Herminius qu'on avait députés vers les Pometiens pour
apporter du blé, ils remontèrent de la mer le long du fleuve, et pendant
une nuit obscure que la lune ne luisait point, ils firent passer à Rome, un
grand nombre de bateaux chargés de vivres, sans que l'ennemi s'en
aperçût.
XV. CES nouvelles provisions furent bientôt épuisées, et les
assiégés retombèrent dans la disette comme auparavant. Le Tyrrhénien
qui en fut informé par des transfuges, leur ordonna par un héraut de
recevoir Tarquin, s'ils voulaient être délivrés du fléau de la guerre et de la
famine qui les pressait. Mais les Romains ne purent s'y résoudre, ils
prirent le parti de s'exposer à tout, plutôt que de le réconcilier avec les tyrans.
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