[5,25] Τοῦτο τὸ ἔργον ἀθάνατον αὐτῷ δόξαν εἰργάσατο.
παραχρῆμά τε γὰρ οἱ Ῥωμαῖοι στεφανώσαντες
αὐτὸν ἀπέφερον εἰς τὴν πόλιν ὑμνοῦντες ὡς τῶν ἡρώων
ἕνα, καὶ πᾶς ὁ κατοικίδιος ὄχλος ἐξεχεῖτο ποθῶν αὐτόν, ἕως ἔτι
περιῆν, θεάσασθαι τὴν τελευταίαν πρόσοψιν· ἐδόκει γὰρ ὑπὸ τῶν
τραυμάτων οὐκ εἰς μακρὰν
διαφθαρήσεσθαι· καὶ ἐπειδὴ διέφυγε τὸν θάνατον, εἰκόνα χαλκῆν
ἔνοπλον ὁ δῆμος ἔστησεν αὐτοῦ τῆς ἀγορᾶς ἐν τῷ κρατίστῳ καὶ χώραν
ἐκ τῆς δημοσίας ἔδωκεν, ὅσην αὐτὸς ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ ζεύγει βοῶν
περιαρόσει· χωρὶς δὲ τῶν δημοσίᾳ δοθέντων κατὰ κεφαλὴν ἕκαστος
ἀνδρῶν τε καὶ γυναικῶν, ὅτε μάλιστα δεινὴ σπάνις τῶν
ἀναγκαίων {ἐπιτηδείων} ἅπαντας κατεῖχε, μιᾶς
ἡμέρας τροφὴν ἐχαρίσαντο μυριάδες ἀνθρώπων αἱ
σύμπασαι πλείους ἢ τριάκοντα. Ὁράτιος μὲν δὴ τοιαύτην
ἀποδειξάμενος ἀρετὴν ἐν τῷ τότε χρόνῳ ζηλωτὸς μὲν εἰ καί τις
ἄλλος Ῥωμαίων ἐγένετο, ἄχρηστος
δ´ εἰς τὰ λοιπὰ πράγματα τῆς πόλεως διὰ τὴν πήρωσιν τῆς βάσεως·
καὶ διὰ τὴν συμφορὰν ταύτην οὔθ´
ὑπατείας οὔτ´ ἄλλης ἡγεμονίας στρατιωτικῆς οὐδεμιᾶς
ἔτυχεν. οὗτός τε δὴ θαυμαστὸν ἔργον ἀποδειξάμενος
ἐν τῷ τότε ἀγῶνι Ῥωμαίοις ἄξιος εἴπερ τις καὶ ἄλλος
τῶν ἐπ´ ἀνδρείᾳ διονομασθέντων ἐπαινεῖσθαι, καὶ ἔτι
πρὸς τούτῳ Γάιος Μούκιος, ᾧ Κόρδος ἐπωνύμιον ἦν,
ἀνὴρ ἐξ ἐπιφανῶν πατέρων καὶ αὐτὸς ἐγχειρήματι ἐπιβαλόμενος
μεγάλῳ, περὶ οὗ μικρὸν ὕστερον ἐρῶ διηγησάμενος πρῶτον, ἐν οἵαις
ἡ πόλις ἦν τότε συμφοραῖς.
| [5,25] XII. UNE action si généreuse acquit à Horatius une gloire immortelle.
Les Romains lui mirent aussitôt une couronne sur la tête et le conduisirent
dans la ville comme un héros du premier ordre, au milieu des
acclamations et des louanges dont ils le comblaient. Une foule de peuple
sortit de tous les quartiers de Rome. Chacun accourait avec précipitation
pour contenter sa curiosité, et venait le voir comme pour la dernière fois,
tandis qu'il lui restait quelque souffle de vie, désespérant qu'il pût survivre
longtemps à une infinité de blessures dont il était couvert. Sitôt qu'on le vit
hors de danger, le peuple lui érigea dans l'endroit le plus apparent de la
place publique une statue de bronze tout armée, et lui donna des biens du
public autant de terres qu'il en pourrait entourer en un jour en traçant
lui-même un sillon avec une charrue attelée d'une paire de bœufs. Outre les
présents du public, tous les Romains, hommes et femmes au nombre de
plus de trois cent mille malgré la disette où ils se trouvaient alors,
voulurent contribuer à sa récompense, et chacun lui donna par tête la
valeur de ce qu'un particulier pouvait dépenser en un jour pour la
nourriture. Le courage extraordinaire dont Horatius donna en cette
occasion des preuves si éclatantes, lui acquit une estime générale, et les
Romains le regardèrent comme le plus heureux de tous les hommes.
Cependant il eut le malheur de rester estropié de ses blessures ; ce qui le
mit hors d'état de rendre désormais aucun service à sa patrie, et fut cause
qu'on ne le choisit ni pour le consulat, ni pour aucun emploi dans les
armées. On peut néanmoins assurer que par l'action qu'il avait faite dans
le combat à la tête du pont, il mérita un rang distingué au-dessus de tous
les Romains qui se sont le plus signalés par leur courage intrépide. Mais
Horatius ne fut pas le seul qui se distingua par sa bravoure dans la guerre
contre les Tyrrhéniens. Caius Mucius, surnommé Cordus, citoyen d'une
illustre naissance, fit aussi une action de valeur qui tient du prodige. Nous
en parlerons dans un moment, quand nous aurons exposé le fâcheux état
où se trouvait alors la ville de Rome.
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