[5,22] Ταῦτα μαθόντες οἱ τῶν Ῥωμαίων ὕπατοι
πρῶτον μὲν τὰ ἐκ τῶν ἀγρῶν χρήματά τε καὶ βοσκήματα καὶ ἀνδράποδα
μετάγειν τοῖς γεωργοῖς ἐκέλευσαν
εἰς τὰ πλησίον ὄρη φρούρια κατασκευάσαντες ἐπὶ τοῖς
ἐρυμνοῖς ἱκανὰ σώζειν τοὺς εἰς αὐτὰ καταφυγόντας·
ἔπειτα τὸν καλούμενον Ἰανίκολον ὄχθον· ἔστι δὲ τοῦτ´
ὄρος ὑψηλὸν ἀγχοῦ τῆς Ῥώμης πέραν τοῦ Τεβέριος
ποταμοῦ κείμενον· ὀχυρωτέραις ἐκρατύναντο κατασκευαῖς τε καὶ
φυλακαῖς, περὶ παντὸς ποιούμενοι μὴ
γενέσθαι τοῖς πολεμίοις τὸ ἐπίκαιρον χωρίον ἐπιτείχισμα κατὰ τῆς
πόλεως, καὶ τὰς εἰς τὸν πόλεμον
παρασκευὰς ἐνταῦθ´ ἀπέθεντο· τά τ´ ἐντὸς τείχους ἐπὶ
τὸ δημοτικώτερον καθίσταντο πολλὰ πολιτευόμενοι
φιλάνθρωπα πρὸς τοὺς πένητας, ἵνα μὴ μεταβάλοιντο
πρὸς τοὺς τυράννους ἐπὶ τοῖς ἰδίοις κέρδεσι πεισθέντες προδοῦναι τὸ
κοινόν· καὶ γὰρ ἀτελεῖς αὐτοὺς ἁπάντων ἐψηφίσαντο εἶναι τῶν κοινῶν
τελῶν, ὅσα βασιλευομένης τῆς πόλεως ἐτέλουν, καὶ ἀνεισφόρους τῶν
εἰς τὰ στρατιωτικὰ καὶ τοὺς πολέμους ἀναλισκομένων
ἐποίησαν, μέγα κέρδος ἡγούμενοι τοῖς κοινοῖς, εἰ τὰ
σώματα μόνον αὐτῶν ἕξουσι προκινδυνεύοντα τῆς πατρίδος· τήν τε
δύναμιν ἠσκημένην ἐκ πολλοῦ καὶ
παρεσκευασμένην ἔχοντες ἐν τῷ προκειμένῳ τῆς πόλεως
ἐστρατοπεδεύοντο πεδίῳ. βασιλεὺς δὲ Πορσίνας ἄγων
τὴν στρατιὰν τὸ μὲν Ἰανίκολον ἐξ ἐφόδου καταλαμβάνεται
καταπληξάμενος τοὺς φυλάττοντας αὐτὸ καὶ
φρουρὰν Τυρρηνῶν ἐν αὐτῷ καθίστησιν· ἐπὶ δὲ τὴν
πόλιν ἐλαύνων ὡς καὶ ταύτην δίχα πόνου παραστησόμενος, ἐπειδὴ
πλησίον τῆς γεφύρας ἐγένετο καὶ τοὺς
Ῥωμαίους ἐθεάσατο προκαθημένους τοῦ ποταμοῦ, παρεσκευάζετό
τε πρὸς μάχην ὡς ἀναρπασόμενος αὐτοὺς
πλήθει καὶ ἐπῆγε σὺν πολλῇ καταφρονήσει τὴν δύναμιν. εἶχον δὲ τὴν
ἡγεμονίαν τοῦ μὲν ἀριστεροῦ κέρως
οἱ Ταρκυνίου παῖδες, Σέξτος καὶ Τῖτος, Ῥωμαίων τ´
αὐτῶν τοὺς φυγάδας ἄγοντες καὶ ἐκ τῆς Γαβίων πόλεως τὸ
ἀκμαιότατον ξένων τε καὶ μισθοφόρων χεῖρα
οὐκ ὀλίγην· τοῦ δὲ δεξιοῦ Μαμίλιος ὁ Ταρκυνίου
κηδεστής, ἐφ´ οὗ Λατίνων οἱ ἀποστάντες Ῥωμαίων
ἐτάξαντο· βασιλεὺς δὲ Πορσίνας κατὰ μέσην τὴν φάλαγγα ἐτέτακτο.
Ῥωμαίων δὲ τὸ μὲν δεξιὸν κέρας
Σπόριος Λάρκιος καὶ Τῖτος Ἑρμίνιος κατεῖχον ἐναντίοι Ταρκυνίοις· τὸ
δ´ ἀριστερὸν Μάρκος Οὐαλέριος ἀδελφὸς θατέρου τῶν ὑπάτων Ποπλικόλα
καὶ Τῖτος Λουκρήτιος ὁ τῷ πρόσθεν ὑπατεύσας ἔτει Μαμιλίῳ καὶ
Λατίνοις συνοισόμενοι· τὰ δὲ μέσα τῶν κεράτων οἱ
ὕπατοι κατεῖχον ἀμφότεροι.
| [5,22] III. SUR la première nouvelle de ces mouvements, les consuls des
Romains ordonnèrent aux laboureurs de transporter sur les montagnes
voisines leurs effets, leurs bestiaux, leurs esclaves. Ils firent bâtir des forts
dans les endroits déjà munis par leur situation naturelle pour servir d'asile
à ceux qui voudraient s'y retirer. Ensuite ils fortifièrent le Janicule, qui est
une haute montagne au-delà du Tibre proche de Rome. Ils comprirent
qu'il était de la dernière importance d'empêcher que l'ennemi ne
s'emparât de ce poste avantageux qui commandait sur la ville. Pour le
mettre donc à couvert de ce côté-là, ils y envoyèrent une garnison avec
les appareils de guerre et les provisions nécessaires.
IV. A l'égard des affaires du dedans de la ville, ils les mirent sur le
pied qu'ils crurent le plus agréable au peuple. Ils firent plusieurs
règlements pleins d'humanité et de douceur pour gagner le cœur des
pauvres, dans la crainte qu'attirés par des vues d'intérêt ils ne trahissent
la république en se rangeant du parti des tyrans. Ils les exemptèrent de
toutes les taxes publiques qu'ils payaient auparavant sous le
gouvernement des rois, et même de fournir à l'entretien des troupes et
aux frais de la guerre ; persuadés que ce serait un assez grand avantage
pour la république s'ils voulaient seulement sacrifier leurs corps à la
défense de la patrie.
V. CES mesures prises, comme ils avaient déjà des troupes toutes
prêtes et disciplinées depuis longtemps par de fréquents exercices, ils
campèrent dans une plaine qui est devant la ville. Mais malgré toutes
leurs précautions, Porsenna qui s'était mis en marche à la tête d'une
nombreuse armée, attaqua le Janicule, épouvanta ceux qui le
défendaient, et s'étant emparé de ce poste du premier assaut il y mit une
garnison de Tyrrhéniens.
VI. DE LA ce roi prit sa marche vers la ville de Rome, persuadé qu'il
l'emporterait aussi sans beaucoup de peine. Lorsqu'il fut arrivé à la tête du
pont, apercevant les Romains sur la rive du fleuve, il se disposa à leur
livrer bataille, et fit avancer son armée avec une négligence qui marquait
assez qu'il méprisait les ennemis et qu'il espérait de les accabler par la
multitude de ses troupes. Titus et Sextus, tous deux fils de Tarquín,
commandaient l'aile gauche ; ils étaient à la tête des exilés de Rome, de
toute la fleur de la jeunesse de Gabie et d'un corps de troupes étrangères
qu'ils avaient à leur solde: Mamilius gendre de Tarquin conduisait l'aile
droite composée des troupes des Latins qui s'étaient révoltés contre les
Romains: le roi Porsenna commandait en personne le corps de bataille.
Dans l'armée Romaine, Spurius Largius et Titus Herminius étaient à la
tête de l'aile droite : Marcus Valerius, frère dé Valerius Poplicola l'un des
consuls, et Titus Lucrétius qui l'année précédente avait exercé le
consulat, commandaient l'aile gauche ; ceux-ci étaient postés contre
Mamilius et les troupes Latines ; ceux-là avaient en tête les Tarquins : les
deux consuls menaient le corps de l'armée.
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