[5,19] Μετὰ δὲ τὴν Βρούτου τελευτὴν ὁ συνύπατος αὐτοῦ Οὐαλέριος
ὕποπτος γίνεται τοῖς δημοτικοῖς ὡς βασιλείαν κατασκευαζόμενος·
πρῶτον μὲν ὅτι μόνος κατέσχε τὴν ἀρχὴν δέον εὐθὺς ἑλέσθαι {τὸν}
συνύπατον, ὥσπερ ὁ Βροῦτος ἐποίησε Κολλατῖνον ἐκβαλών· ἔπειθ´ ὅτι
τὴν οἰκίαν ἐν ἐπιφθόνῳ τόπῳ κατεσκευάσατο λόφον ὑπερκείμενον τῆς
ἀγορᾶς ὑψηλὸν ἐπιεικῶς καὶ περίτομον, ὃν καλοῦσι Ῥωμαῖοι Οὐελίαν,
ἐκλεξάμενος. πυθόμενος δὲ παρὰ τῶν ἐπιτηδείων, ὅτι
ταῦτα λυπεῖ τὸν δῆμον, ἀρχαιρεσιῶν προθεὶς ἡμέραν
ὕπατον αἱρεῖται Σπόριον Λουκρήτιον, ὃς οὐ πολλὰς
ἡμέρας τὴν ἀρχὴν κατασχὼν ἀποθνήσκει. εἰς δὲ τὸν
ἐκείνου τόπον καθίστησι Μάρκον Ὁράτιον, καὶ τὴν
οἰκίαν ἀπὸ τοῦ λόφου μετατίθεται κάτω, ἵν´ ἐξείη Ῥωμαίοις, ὡς αὐτὸς
ἐκκλησιάζων ἔφη, βάλλειν αὐτὸν ἄνωθεν ἀπὸ τοῦ μετεώρου τοῖς
λίθοις, ἐάν τι λάβωσιν ἀδικοῦντα. βεβαίαν τε πίστιν ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας
τοὺς δημοτικοὺς λαβεῖν βουλόμενος ἀφεῖλεν ἀπὸ τῶν
ῥάβδων τοὺς πελέκεις, καὶ κατεστήσατο τοῖς μεθ´ ἑαυτὸν ὑπάτοις
ἔθος, ὃ καὶ μέχρι τῆς ἐμῆς διέμεινεν ἡλικίας, ὅταν ἔξωθεν τῆς
πόλεως γένωνται χρῆσθαι τοῖς
πελέκεσιν, ἔνδον δὲ ταῖς ῥάβδοις κοσμεῖσθαι μόναις·
νόμους τε φιλανθρωποτάτους ἔθετο βοηθείας ἔχοντας
τοῖς δημοτικοῖς· ἕνα μέν, ἐν ᾧ διαρρήδην ἀπεῖπεν
ἄρχοντα μηδένα εἶναι Ῥωμαίων, ὃς ἂν μὴ παρὰ τοῦ
δήμου λάβῃ τὴν ἀρχήν, θάνατον ἐπιθεὶς ζημίαν, ἐάν
τις παρὰ ταῦτα ποιῇ, καὶ τὸν ἀποκτείναντα τούτων
τινὰ ποιῶν ἀθῷον· ἕτερον δ´, ἐν ᾧ γέγραπται, Ἐάν
τις ἄρχων Ῥωμαίων τινὰ ἀποκτείνειν ἢ μαστιγοῦν ἢ
ζημιοῦν εἰς χρήματα θέλῃ, ἐξεῖναι τῷ ἰδιώτῃ προκαλεῖσθαι τὴν ἀρχὴν
ἐπὶ τὴν τοῦ δήμου κρίσιν, πάσχειν
δ´ ἐν τῷ μεταξὺ χρόνῳ μηδὲν ὑπὸ τῆς ἀρχῆς, ἕως ἂν
ὁ δῆμος ὑπὲρ αὐτοῦ ψηφίσηται. ἐκ τούτων γίνεται
τῶν πολιτευμάτων τίμιος τοῖς δημοτικοῖς, καὶ τίθενται
αὐτῷ ἐπωνύμιον Ποπλικόλαν· τοῦτο κατὰ τὴν Ἑλλήνων διάλεκτον
βούλεται δηλοῦν δημοκηδῆ. καὶ τὰ μὲν
ἐν ἐκείνῳ τῷ ἐνιαυτῷ συντελεσθέντα ὑπὸ τῶν ὑπάτων τοιάδε ἦν·
| [5,19] XIII. APRES la mort de Brutus, les plébéiens soupçonnèrent Valerius
son collègue d'affecter la royauté. Ces soupçons étaient fondés sur deux
raisons. La première, c'est qu'au lieu de choisir aussitôt un nouveau
collègue comme avait fait Brutus après la déposition de Collatinus, il
gouverna seul pendant quelques temps: la seconde, c'est qu'il faisait bâtir
une maison dans un endroit qui ne pouvait manquer d'exciter l'envie des
citoyens, ayant choisi pour ce dessein une colline haute et escarpée, que
les Romains appellent Velie et qui commandait sur la place publique.
Averti par ses amis que le peuple en prenait ombrage, il convoqua les
comices pour l'élection d'un nouveau consul et choisit pour collègue
Spurius Lucrétius, lequel étant mort quelques jours après ; il élut en sa
place Marcus Horatius. A l'égard de sa maison qui était sur le haut de la
colline, il la fit rebâtir au bas de cette montagne, afin que du haut de
l'éminence on pût l'accabler de pierres, comme il le dit lui-même en pleine
assemblée, s'il trahissait ses devoirs.
XIV. POUR convaincre plus efficacement les plébéiens qu'il n'en
voulait point à leur liberté, il ôta les haches des faisceaux et fit une loi tant
pour lui que pour ses successeurs, qui a toujours été en vigueur jusqu'à
notre siècle ; elle portait que les consul ne se serviraient des haches que
quand ils sortiraient hors de Rome, et que dans l'enceinte de la ville ils
n'auraient que les seuls faisceaux pour marque de leur dignité. Il publia
encore plusieurs autres lois très favorables qui ne tendaient toutes qu'à
affermir la liberté du peuple. La première de ces lois défendait
expressément d'exercer aucune charge chez les Romains qu'on ne l'eût
reçue du peuple, sur peine de la vie contre quiconque oserait y
contrevenir, et avec impunité pour ceux qui mettraient â mort les
violateurs de cette loi. La seconde était conçue en ces termes: « Si un
magistrat des Romains condamne un citoyen à la mort, ou à être battu de
verges, ou à payer une amende pécuniaire, ce particulier pourra en
appeler au jugement du peuple, et tant que l'appel subsistera le magistrat
n'aura aucun pouvoir sur lui jusqu'a ce que le peuple ait prononcé". Ces
règlements mirent Valerius en grande estime dans l'esprit du peuple. Il
était tellement aimé et honoré de tous les plébéiens qu'ils lui donnèrent le
glorieux surnom de Poplicola. C'est comme nous dirions en Grec
Démocède qui signifie un homme populaire, qui prend soin du peuple.
Voilà ce qui se passa de mémorable sous le premier consulat après le
bannissement des rois.
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