[5,13] Μετὰ τοῦτ´ ἤδη μιᾷ γνώμῃ περὶ πάντων
χρώμενοι τοὺς μὲν ἐπὶ τῇ καθόδῳ τῶν φυγάδων συνομοσαμένους
ἅπαντας ἀπέκτειναν παραχρῆμα, καὶ τὸν
μηνύσαντα τὴν συνωμοσίαν δοῦλον ἐλευθερίᾳ τε καὶ
πολιτείας μεταδόσει καὶ χρήμασι πολλοῖς ἐτίμησαν.
ἔπειτα τρία πολιτεύματα κάλλιστα καὶ συμφορώτατα
τῷ κοινῷ καταστησάμενοι τούς τ´ ἐν τῇ πόλει πάντας
ὁμονοεῖν παρεσκεύασαν καὶ τὰς τῶν ἐχθρῶν ἑταιρίας
ἐμείωσαν. ἦν δὲ τὰ πολιτεύματα τῶν ἀνδρῶν τοιάδε·
πρῶτον μὲν ἐκ τῶν δημοτικῶν τοὺς κρατίστους ἐπιλέξαντες
πατρικίους ἐποίησαν καὶ συνεπλήρωσαν ἐξ
αὐτῶν τὴν βουλὴν τοὺς τριακοσίους· ἔπειτα τὰς οὐσίας τῶν τυράννων
εἰς τὸ κοινὸν ἅπασι τοῖς πολίταις
φέροντες ἔθεσαν, συγχωρήσαντες ὅσον λάβοι τις ἐξ
αὐτῶν ἔχειν· καὶ τὴν αὐτῶν γῆν ὅσην ἐκέκτηντο τοῖς
μηδένα κλῆρον ἔχουσι διένειμαν, ἓν μόνον ἐξελόμενοι
πεδίον, ὃ κεῖται μεταξὺ τῆς τε πόλεως καὶ τοῦ ποταμοῦ. τοῦτο δ´
Ἄρεος ὑπάρχειν ἱερὸν οἱ πρότερον
ἐψηφίσαντο ἵπποις τε λειμῶνα καὶ νέοις ἀσκοῦσι τὰς
ἐνοπλίους μελέτας γυμνάσιον ἐπιτηδειότατον· ὅτι δὲ
καὶ πρότερον ἱερὸν ἦν τοῦδε τοῦ θεοῦ, Ταρκύνιος δὲ
σφετερισάμενος ἔσπειρεν αὐτὸ μέγιστον ἡγοῦμαι τεκμήριον εἶναι τὸ
πραχθὲν ὑπὸ τῶν ὑπάτων τότε περὶ τοὺς
ἐν αὐτῷ καρπούς. ἅπαντα γὰρ ἐπιτρέψαντες τῷ δήμῳ
τὰ τῶν τυράννων ἄγειν τε καὶ φέρειν, τὸν ἐν τούτῳ
γενόμενον τῷ πεδίῳ σῖτον τὸν μὲν ἐπὶ ταῖς καλάμαις,
τὸν δ´ ἐπὶ ταῖς ἔτι ἅλωσιν κείμενον καὶ τὸν ἤδη κατειργασμένον οὐκ
ἐπέτρεψαν οὐδενὶ φέρειν, ἀλλ´ ὡς
ἐξάγιστόν τε καὶ οὐχ ὡς ἐπιτήδειον εἰς οἰκίας εἰσενεχθῆναι, εἰς τὸν
ποταμὸν καταβαλεῖν ἐψηφίσαντο.
καὶ ἔστι νῦν μνημεῖον ἐμφανὲς τοῦ ποτε ἔργου νῆσος
εὐμεγέθης Ἀσκληπιοῦ ἱερά, περίκλυστος ἐκ τοῦ ποταμοῦ,
ἥν φασιν ἐκ τοῦ σωροῦ τῆς καλάμης σαπείσης
καὶ ἔτι καὶ τοῦ ποταμοῦ προσλιπαίνοντος αὐτῇ ἰλὺν
γενέσθαι. καὶ τοῖς μετὰ τοῦ τυράννου πεφευγόσι Ῥωμαίων κάθοδον εἰς
τὴν πόλιν ἐπ´ ἀδείᾳ τε καὶ ἀμνηστίᾳ παντὸς ἁμαρτήματος ἔδωκαν
χρόνον ὁρίσαντες
ἡμερῶν εἴκοσιν· εἰ δὲ μὴ κατέλθοιεν ἐν ταύτῃ τῇ
προθεσμίᾳ, τιμωρίας αὐτοῖς ὥρισαν ἀιδίους φυγὰς καὶ
κτημάτων ὧν ἐκέκτηντο δημεύσεις. ταῦτα τῶν ἀνδρῶν
τὰ πολιτεύματα τοὺς μὲν ἀπολαύσαντας ἐκ τῆς οὐσίας
τῶν τυράννων ὅτου δή τινος ὑπὲρ τοῦ μὴ ἀφαιρεθῆναι πάλιν ἃς
ἔσχον ὠφελείας ἅπαντα κίνδυνον ἐποίησεν ὑπομένειν· τοὺς δὲ κατὰ
δέος ὧν παρηνόμησαν
ἐπὶ τῆς τυραννίδος μὴ δίκην ἀναγκασθεῖεν ὑπέχειν
φυγῆς ἑαυτοῖς τιμησαμένους, ἀπαλλαγέντας τοῦ φόβου
μηκέτι τὰ τῶν τυράννων, ἀλλὰ τὰ τῆς πόλεως φρονεῖν.
| [5,13] XVIII. BRUTUS trouvant son nouveau collègue dans des sentiments
tout-à-fait conformes aux siens, fit mourir tous ceux qui étaient entrés
dans le détestable projet de rappeler les exilés. Pour récompenser
l'esclave qui avait découvert la conjuration, les deux consuls lui
accordèrent la liberté et le droit de bourgeoisie avec une grosse somme
d'argent. Ensuite par trois règlements également sages et utiles à l'état, ils
s'appliquèrent à entretenir la concorde et l'union parmi les citoyens et à
affaiblir le parti de leurs ennemis. Voici les règlements dont la république
leur fut redevable. Premièrement ils incorporèrent les principaux d'entre le
peuple dans l'ordre des patriciens, et par ce moyen ils remplirent le
nombre des sénateurs jusqu'a trois cents.
XIX. SECONDEMENT ils mirent en commun les biens des tyrans et
les abandonnèrent à tous les citoyens, avec permission à un chacun d'en
prendre autant qu'il pourrait. A l'égard des terres qui leur avaient
appartenu, ils les distribuèrent à ceux qui ne possédaient aucun héritage
en fond. Ils exceptèrent néanmoins le champ qui est entre la ville et le
fleuve du Tibre, parce qu'autrefois on l'avait consacré au dieu Mars par un
arrêt du sénat, comme une prairie excellente pour les chevaux et très
commode pour former la jeunesse aux exercices des armes : et même
longtemps avant il était déjà consacré au dieu de la guerre ; mais Tarquin
s'en était mis en possession et l'avait fait fermer. Ce que décidèrent alors
les consuls au sujet des grains de ce champ, est une preuve manifeste de
ce que je dis. En effet lorsqu'ils donnèrent au peuple la liberté de piller et
d'enlever tous les biens des tyrans, ils défendirent qu'on emportât le blé
de ce champ tant celui qu'on avait déjà battu dans l'aire, que celui qui était
encore en épi, ils ordonnèrent qu'on le regarderait comme un grain impur
et comme un objet d'horreur, qu'en cette qualité personne ne fût assez
hardi pour le serrer dans les greniers, et que pour marquer l'exécration
publique, on le jetterait dans le Tibre. Il reste aujourd'hui un monument qui
prouve que cet ordre fut exécuté. C'est une pile assez grande, qui est
consacrée à Esculape. Les eaux du fleuve l'environnent de toutes parts.
On prétend qu'elle fut formée d'un monceau de gerbes entassées les
unes sur les autres, qui se pourrirent enfin par le moyen de la vase et du
limon qui s'y amassa peu à peu et qui leur donna de la consistance.
XX. EN troisième lieu les consuls accordèrent une amnistie générale
à tous les citoyens qui avaient suivi le tyran. Ils leur permirent de revenir à
Rome en toute sûreté dans l'espace de vingt jours, à condition que ceux
qui ne s'y rendraient pas dans le temps marqué seraient condamnés à un
exil perpétuel et que l'on confisquerait tous leurs biens au profit de la
république. Ces règlements des consuls produisirent deux bons effets : le
premier fut d'engager ceux qui jouissaient de quelque portion des biens
des tyrans, à s'exposer avec zèle aux plus grands périls dans la crainte
d'être privés du revenu qu'ils en retiraient : le second fut non seulement
de donner une sûreté parfaite à ceux qui se sentant coupables de quelque
crime commis pendant le temps de la tyrannie, s'étaient condamnés à un
bannissement volontaire dans la crainte d'être jugés et punis selon la
rigueur des lois, mais encore de les obliger à quitter le service des tyrans
pour s'attacher aux intérêts de la république.
|