HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Les Antiquités romaines, livre V (avec trad. française)

Chapitre 10

  Chapitre 10

[5,10] Ταῦτ´ εἰπὼν καὶ φυλακὴν τοῖς μειρακίοις ἐπιστήσας ἐκάλει τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν. πληρωθείσης δὲ τῆς ἀγορᾶς ὄχλου· περιβόητον γὰρ ἀνὰ τὴν πόλιν ὅλην τὸ περὶ τοὺς παῖδας αὐτοῦ πάθος ἐγεγόνει· προελθών τε καὶ τοὺς ἐντιμοτάτους τῶν ἐν τῷ συνεδρίῳ παραστησάμενος ἔλεξε τοιάδε· Ἐβουλόμην μὲν ἄν, {ἄνδρες} πολῖται, Κολλατῖνον τουτονὶ τὸν συνάρχοντα περὶ πάντων μοι ταὐτὰ φρονεῖν καὶ μὴ τῷ λόγῳ μόνον, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἔργοις μισεῖν τοὺς τυράννους καὶ πολεμεῖν· ἐπεὶ δὲ τἀναντία φρονῶν γέγονέ μοι καταφανὴς καὶ ἔστιν οὐ μόνον τῇ φύσει Ταρκυνίων συγγενής, ἀλλὰ καὶ τῇ προαιρέσει, διαλλαγάς τε πράττων πρὸς αὐτοὺς καὶ ἀντὶ τῶν κοινῇ συμφερόντων τὸ ἑαυτοῦ σκοπῶν λυσιτελές, αὐτός τε κωλύειν αὐτὸν παρεσκεύασμαι πράττειν κατὰ νοῦν ἔχει πονηρὰ ὄντα, καὶ ὑμᾶς ἐπὶ τούτῳ παρεκάλεσα· φράσω δ´ ὑμῖν πρῶτον μὲν, ἐν οἷς ἐγένετο κινδύνοις τὰ πράγματα τῆς πόλεως, ἔπειτα πῶς αὐτοῖς ἑκάτερος ἡμῶν κέχρηται. τῶν πολιτῶν τινες συνελθόντες εἰς τὴν Ἀκυλλίων οἰκίαν τῶν ἐκ τῆς Κολλατίνου γεγονότων ἀδελφῆς, ἐν οἷς ἦσαν οἵ τ´ ἐμοὶ παῖδες ἀμφότεροι καὶ οἱ τῆς γυναικὸς ἀδελφοὶ τῆς ἐμῆς καὶ ἄλλοι τινὲς ἅμα τούτοις οὐκ ἀφανεῖς, συνθήκας ἐποιήσαντο πρὸς ἀλλήλους καὶ συνώμοσαν ἀποκτείναντες ἐμὲ καταγαγεῖν Ταρκύνιον ἐπὶ τὴν ἀρχήν· ἐπιστολάς τε περὶ τούτων γράψαντες αὐτογράφους καὶ ταῖς ἑαυτῶν σφραγῖσι κατασημηνάμενοι πέμπειν πρὸς τοὺς φυγάδας ἔμελλον. ταῦθ´ ἡμῖν θεῶν τινος εὐνοίᾳ καταφανῆ γέγονεν ὑπὸ τοῦδε μηνυθέντα τοῦ ἀνδρός· ἔστι δ´ Ἀκυλλίων δοῦλος, παρ´ οἷς καταγόμενοι τῇ παρελθούσῃ νυκτὶ τὰς ἐπιστολὰς ἔγραψαν· καὶ τῶν γραμμάτων γεγόναμεν αὐτῶν ἐγκρατεῖς. Τῖτον μὲν οὖν ἐγὼ καὶ Τιβέριον τοὺς ἐμοὺς παῖδας τετιμώρημαι· καὶ οὐδὲν καταλέλυται διὰ τὴν ἐμὴν ἐπιείκειαν οὔτε νόμος οὔθ´ ὅρκος· Ἀκυλλίους δὲ Κολλατῖνος ἀφαιρεῖταί μου καί φησιν οὐκ ἐάσειν ὅμοια τοῖς ἐμοῖς παισὶ βουλεύσαντας τῶν ὁμοίων ἐκείνοις τυχεῖν. εἰ δ´ οὗτοι μηδεμίαν ὑφέξουσι δίκην, οὐδὲ τοὺς ἀδελφοὺς τῆς ἐμῆς γυναικὸς οὐδὲ τοὺς ἄλλους προδότας τῆς πατρίδος ἐξέσται μοι κολάσαι. τί γὰρ δὴ δίκαιον πρὸς αὐτοὺς ἕξω λέγειν, ἂν τούτους ἀφῶ; τίνος οὖν ταῦτα μηνύματα τίθεσθε; πότερα τῆς πρὸς τὴν πόλιν εὐνοίας τῶν πρὸς τοὺς τυράννους διαλλαγῶν, καὶ πότερα τῆς ἐμπεδώσεως τῶν ὅρκων, οὓς ἀφ´ ἡμῶν ἀρξάμενοι πάντες ὠμόσατε, τῆς συγχύσεώς τε καὶ ἐπιορκίας; καὶ εἰ μὲν ἔλαθεν ἡμᾶς, ταῖς ἀραῖς ἔνοχος ἦν ἂν καὶ θεοῖς ὑπέσχεν, οὓς ἐπιώρκει, δίκας· ἐπειδὴ δὲ καταφανὴς γέγονεν, ὑφ´ ἡμῶν αὐτὸν προσήκει κολασθῆναι, ὅς γ´ ὀλίγαις μὲν ἡμέραις πρότερον τὰ χρήματα τοῖς τυράννοις ὑμᾶς ἔπεισεν ἀποδοῦναι, ἵνα μὴ κατὰ τῶν ἐχθρῶν πόλις αὐτοῖς ἔχῃ χρῆσθαι πρὸς τὸν πόλεμον, ἀλλὰ κατὰ τῆς πόλεως οἱ ἐχθροί· νῦν δὲ τοὺς ἐπὶ καθόδῳ τῶν τυράννων συνομοσαμένους ἀφεῖσθαι τῆς τιμωρίας οἴεται δεῖν, ἐκείνοις αὐτοὺς δηλονότι χαριζόμενος, ἵν´, ἐὰν ἄρα κατέλθωσιν εἴτ´ ἐκ προδοσίας εἴτε πολέμῳ, ταύτας προφερόμενος τὰς χάριτας ἁπάντων ὡς φίλος ὅσων ἂν αἱρῆται παρ´ αὐτῶν τυγχάνῃ. ἔπειτ´ ἐγὼ τῶν ἐμῶν οὐ φεισάμενος τέκνων σοῦ φείσομαι, Κολλατῖνε, ὃς τὸ μὲν σῶμα παρ´ ἡμῖν ἔχεις, τὴν δὲ ψυχὴν παρὰ τοῖς πολεμίοις, καὶ τοὺς μὲν προδότας τῆς πατρίδος σώζεις, ἐμὲ δὲ τὸν ὑπὲρ αὐτῆς ἀγωνιζόμενον ἀποκτενεῖς; πόθεν; πολλοῦ γε καὶ δεῖ· ἀλλ´ ἵνα μηδὲν ἔτι τοιοῦτον ἐξεργάσῃ, τὴν μὲν ἀρχὴν ἀφαιροῦμαί σε καὶ πόλιν ἑτέραν κελεύω μεταλαβεῖν· ὑμῖν δ´, πολῖται, ψῆφον ἀναδώσω καλέσας αὐτίκα μάλα τοὺς λόχους, ἵνα διαγνῶσιν, εἰ χρὴ ταῦτ´ εἶναι κύρια· εὖ δ´ ἴστε {ὅτι} δυεῖν θάτερον Κολλατῖνον ἕξοντες ὕπατον Βροῦτον. [5,10] XI. AYANT parlé de la sorte, il donne des gardes aux jeunes Aquilius et convoque le peuple. La place publique ne tarde guère à être remplie d'une infinité de citoyens que la triste nouvelle de la mort des deux fils de Brutus répandue par toute la ville y avait attirés. Le consul s'avance au milieu de l'assemblée accompagné des principaux sénateurs, et s'explique en ces termes : « Je souhaiterais, Romains, que Collatinus mon collègue fût en toute occasion réuni avec moi dans les mêmes sentiments, et qu'il nous fît voir non seulement par ses paroles mais aussi par sa conduite, qu'il a les tyrans en horreur et qu'il est leur ennemi déclaré. Mais j'ai des preuves évidentes qu'il a des vues entièrement contraires aux miennes, que comme parent des Tarquins il est uni de cœur avec ces tyrans, qu'il cherche à nous réconcilier avec eux, et qu'il consulte plus ses intérêts particuliers que ceux de la république. Pour moi je suis prêt à m'opposer à ses pernicieuses entreprises, et je vous conjure de faire la même chose. Je commence par vous parler des périls où la république a été exposée, et je vous dirai ensuite comment nous nous sommes comportés mon collègue et moi dans ces fâcheuses conjonctures. Quelques citoyens, du nombre desquels étaient mes deux fils, les frères de ma femme et d'autres jeunes gens des familles les plus distinguées, s'étaient assemblés chez les Aquilius qui sont fils de la sœur de Collatinus mon collègue. Ils avaient fait serment de m'assassiner et de remettre Tarquin sur le trône. Pour en donner avis aux exilés, ils devaient leur envoyer des lettres écrites de leur propre main, où ils avaient apposé leur cachet. Mais quelque dieu favorable nous a découvert le complot pernicieux, par le moyen de ce Vindicius que vous voyez; c'est un des esclaves des Aquilius chez qui les complices de la conjuration assemblés la nuit dernière ont écrit les lettres que nous avons entre les mains. Pour moi j'ai déjà puni mes deux fils Titus et Tiberius, et la tendresse paternelle ne m'a point fait transgresser les lois ni violer mon serment. Collatinus n'en a pas usé ainsi. Il m'arrache des mains les Aquilius, et il ose dire qu'il ne souffrira jamais qu'ils subissent le même châtiment que mes enfants, quoiqu'ils n'aient pas moins trempé dans la trahison. Il n'y a pas de doute que si on leur accorde l'impunité, il ne sera plus en mon pouvoir de faire subir le châtiment aux frères de ma femme, ni aux autres conjurés qui ont voulu perdre leur patrie. Quelles raisons en effet pourrais-je donner de la sentence que je prononcerais contre eux, si je laisse ceux-ci impunis ? XII. QUE pensez-vous donc du procédé de mon collègue? Que signifie-t.il? Le doit-on prendre comme une marque de son amour pour la république, ou comme une preuve qu'il s'est réconcilié avec les tyrans et qu'il s'est vendu à eux par de secrètes conventions ? Cette conduite tend-elle à confirmer le serment que vous avez tous fait après que nous vous en avons donné l'exemple ? Ne tend-elle pas plutôt à le violer par une exécrable perfidie ? Si son pernicieux dessein était demeuré caché, la colère des dieux qu'il a offensés par son parjure, serait sans doute tombée sur lui. Mais puisque nous avons découvert son crime, c'est à nous à lui en faire porter la peine. S'il insista si fort il y a quelques jours pour faire rendre les biens aux tyrans, c'était afin qu'ils s'en servissent pour porter la guerre jusque dans le sein de la patrie, et que la ville de Rome ne put en faire usage pour se défendre contre ses ennemis. Aujourd'hui il veut accorder l'impunité à ceux qui se sont ligués pour ménager le retour des tyrans. Quel pensez-vous que soit son dessein, sinon de gagner leur amitié, afin que s'ils remontent sur le trône ou à force ouverte ou par le moyen de quelque trahison, il puisse obtenir d'eux tout ce qu'il demandera en récompense des importants services qu'il leur aura rendus ? XIII. APRES cela, Collatinus, je vous épargnerais ? Moi, qui n'ai pas même épargné le sang de mes propres fils, j'aurais pour vous les moindres ménagements, pour un homme qui n'est ici que de corps tandis qu'il s'unit d'esprit à nos plus mortels ennemis, pour un perfide qui veut délivrer de la mort ceux qui ont trahi la patrie, et qui ne cherche qu'à m'ôter la vie comme au plus zélé défenseur de la république ? Quel motif pourrait donc m'engager à avoir des égards pour un semblable personnage ? Non, je n'en aurai jamais aucun, et pour être à couvert de vos pernicieuses intrigues, je déclare, Collatinus, que je vous dépouille maintenant de votre dignité et vous ordonne de vous retirer dans une autre ville. Pour vous, citoyens, je vous laisse pleine liberté de donner vos suffrages, et je vais promptement vous assembler par centuries afin que vous déclariez si vous voulez confirmer l'arrêt que je prononce. Au reste, sachez que vous aurez pour consul ou Collatinus ou Brutus. »


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Dernière mise à jour : 25/06/2009