HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Les Antiquités romaines, livre IV (avec trad. française)

Chapitre 84

  Chapitre 84

[4,84] Τοιαῦτα τοῦ Βρούτου δημηγοροῦντος ἀναβοήσεις τε συνεχεῖς ἐφ´ ἑκάστῳ τῶν λεγομένων ἐκ τοῦ πλήθους ἐγίνοντο διασημαίνουσαι τὸ βουλόμενόν τε καὶ ἐπικελευόμενον, τοῖς δὲ πλείοσιν αὐτῶν καὶ δάκρυα ὑφ´ ἡδονῆς ἔρρει θαυμαστῶν καὶ ἀπροσδοκήτων ἀκούουσι λόγων· πάθη τε ποικίλα τὴν ἑκάστου ψυχὴν κατελάμβανεν οὐδὲν ἀλλήλοις ἐοικότα· λύπαι τε γὰρ ἡδοναῖς ἐκέκραντο, αἱ μὲν ἐπὶ τοῖς προγεγονόσι δεινοῖς, αἱ δ´ ἐπὶ τοῖς προσδοκωμένοις ἀγαθοῖς, καὶ θυμοὶ συνεξέπιπτον φόβοις, οἱ μὲν ἐπὶ τῷ κακῶς δράσαι τὰ μισούμενα τῆς ἀσφαλείας ὑπερορᾶν ἐπαίροντες, οἱ δὲ κατὰ λογισμὸν τοῦ μὴ ῥᾳδίαν εἶναι τὴν καθαίρεσιν τῆς τυραννίδος ὄκνον ταῖς ἐπιβολαῖς ἐπιφέροντες. ἐπεὶ δ´ ἐπαύσατο λέγων, ὥσπερ ἐξ ἑνὸς στόματος ἅπαντες τὴν αὐτὴν φωνὴν ἀνέκραγον ἄγειν σφᾶς ἐπὶ τὰ ὅπλα. καὶ Βροῦτος ἡσθείς, Ἐάν γε πρότερον, ἔφη, τὰ δόξαντα τῷ συνεδρίῳ μαθόντες ἐπικυρώσητε {τὸ δοχθέν.} δέδοκται γὰρ ἡμῖν φεύγειν Ταρκυνίους πόλιν τε τὴν Ῥωμαίων καὶ χώραν, ὅσης ἄρχουσι Ῥωμαῖοι, καὶ γένος τὸ ἐξ αὐτῶν ἅπαν· καὶ μηδενὶ ἐξεῖναι περὶ καθόδου Ταρκυνίων μήτε πράττειν μηδὲν μήτε λέγειν, ἐὰν δέ τις παρὰ ταῦτα ποιῶν εὑρίσκηται τεθνάναι. ταύτην εἰ βουλομένοις ὑμῖν ἐστι τὴν γνώμην εἶναι κυρίαν, διαστάντες κατὰ τὰς φράτρας ψῆφον ἐπενέγκατε, καὶ τοῦθ´ ὑμῖν πρῶτον ἀρξάτω τὸ δικαίωμα τῆς ἐλευθερίας. Ἐγίνετο ταῦτα· καὶ ἐπειδὴ πᾶσαι τὴν φυγὴν τῶν τυράννων αἱ φρᾶτραι κατεψηφίσαντο, παρελθὼν πάλιν Βροῦτος λέγει· Ἐπειδὴ τὰ πρῶτα ἡμῖν κεκύρωται κατὰ τὸ δέον, ἀκούσατε καὶ τὰ λοιπὰ ὅσα βεβουλεύμεθα περὶ τῆς πολιτείας. ἡμῖν σκοπουμένοις, τίς ἀρχὴ γενήσεται τῶν κοινῶν κυρία, βασιλείαν μὲν οὐκέτι καταστήσασθαι δοκεῖ, ἄρχοντας δὲ δύο καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἀποδεικνύναι βασιλικὴν ἕξοντας ἐξουσίαν, οὓς ἂν ὑμεῖς ἐν ἀρχαιρεσίαις ἀποδείξητε ψῆφον ἐπιφέροντες κατὰ λόχους. εἰ δὴ καὶ ταῦτα βουλομένοις ἐστὶν ὑμῖν, ἐπιψηφίσατε. Ἐπῄνει καὶ ταύτην τὴν γνώμην δῆμος, καὶ ψῆφος οὐδεμία ἐγένετο ἐναντία. μετὰ τοῦτο παρελθὼν Βροῦτος ἀποδείκνυσι μεσοβασιλέα τὸν ἐπιμελησόμενον τῶν ἀρχαιρεσιῶν κατὰ τοὺς πατρίους νόμους Σπόριον Λουκρήτιον· κἀκεῖνος ἀπολύσας τὴν ἐκκλησίαν ἐκέλευσεν ἅπαντας ἥκειν εἰς τὸ πεδίον, ἔνθα σύνηθες αὐτοῖς ἦν ἀρχαιρεσιάζειν, ἔχοντας τὰ ὅπλα ἐν τάχει. ἀφικομένων δ´ αὐτῶν ἄνδρας αἱρεῖται δύο τοὺς πράξοντας ὅσα τοῖς βασιλεῦσιν ἐξῆν, Βροῦτόν τε καὶ Κολλατῖνον· καὶ δῆμος καλούμενος κατὰ λόχους ἐπεκύρωσε τοῖς ἀνδράσι τὴν ἀρχήν. καὶ τὰ μὲν κατὰ πόλιν ἐν τῷ τότε χρόνῳ πραχθέντα τοιαῦτ´ ἦν. [4,84] XXXVIII. PENDANT que Brutus haranguait de la sorte le peuple redoublait à tous moments ses acclamations, et lui marquait par de continuels applaudissements sa bonne volonté et son zèle ardent. La plupart même pleuraient de joie, pendant cet admirable discours dont ils étaient agréablement surpris. Chacun sentait en soi-même des mouvement divers, mêlées de tristesse et de joie, de tristesse par le souvenir des maux passés, et de joie par l'espérance d'une meilleure destinée. La colère et la crainte se succédaient dans l'âme des auditeurs et y produisaient des mouvements contraires. Tantôt la colère leur faisait oublier leur propre sûreté pour ne penser qu'à se venger de Tarquin et à lui faire porter toute la peine que méritaient ses crimes. Tantôt les réflexions qu'ils faisaient sur la difficulté de secouer le joug de la tyrannie, ralentissaient tout à coup leur ardeur. Enfin sitôt que Brutus eut fini son discours, le peuple s'écria tout d'une voix qu'il était prêt à tout et qu' il ne s'agissait plus que de lui donner des armes. XXXIX. ALORS Brutus au comble de la joie ; « C'est, Romains, ce que nous allons faire, leur dit-il. Mais il faut avant toutes choses que vous confirmiez le décret du sénat dont je vais vous faite la lecture. Il ordonne de chasser de Rome et de toutes les terres de la république, les Tarquins, leur famille et leur postérité, avec défense sous peine de la vie pour quiconque contreviendra à cet arrêt, de rien dire ou de faire la moindre démarche pour ménager leur rétablissement. Si donc vous voulez confirmer ce décret, retirez-vous chacun dans vos curies pour donner vos suffrages, et que nous vous rendons aujourd'hui soit comme les prémices de votre liberté ». Le peuple obéît aussitôt, on recueillit les voix, et après que toutes les curies eurent opiné â chasser les tyrans, Brutus s'avança au milieu de l'assemblée et continua son discours en ces termes «Puisque ce premier article de l'ordonnance du sénat est confirmé dans toutes les règles, écoutez les autres résolutions que nous avons prises pour le bien de la république. Après avoir examiné mûrement à qui nous devons confier l'autorité du gouvernement, nous avons trouvé à propos de ne plus élire de rois ; mais de créer chaque année deux magistrats qui seront revêtus de l'autorité royale. Vous les élirez vous mêmes dans vos assemblées où vous donnerez vos voix par centuries. Si ce second décret est de votre goût, confirmez-le comme le premier par vos suffrages ». Cet article fut confirmé de même que le précédent, sans qu'il se trouvât un seul avis contraire. XL. ENSUITE Brutus s'avança au milieu du peuple où il élut pour entre-roi Spurius Lucrétius, qui fut chargé de faire observer les lois de la patrie dans les assemblées qui devaient se tenir pour créer des consul. XLI. LUCRETIUS revêtu de l'autorité souveraine renvoya le peuple avec ordre de se rendre promptement en armes dans le champ de Mars où l'on avait coutume de tenir les comices. Tous les citoyens s'y étant assemblés, il choisit Brutus et Collatinus pour faire toutes les fonctions des rois, et le peuple donnant ses suffrages par centuries leur confirma cette dignité. Voilà ce qui se passa alors dans la ville de Rome.


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Dernière mise à jour : 2/07/2009