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Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Les Antiquités romaines, livre IV (avec trad. française)

Chapitre 82

  Chapitre 82

[4,82] Αὕτη Σπορίου μέν ἐστι Λουκρητίου θυγάτηρ, ὃν ἀπέδειξε τῆς πόλεως ἔπαρχον τύραννος ἐξιὼν ἐπὶ τὸν πόλεμον, Ταρκυνίου δὲ Κολλατίνου γυνὴ τοῦ συγγενοῦς τῶν τυράννων καὶ πολλὰ ὑπὲρ αὐτῶν κακοπαθήσαντος. αὕτη μέντοι σωφρονεῖν βουλομένη καὶ τὸν ἄνδρα τὸν ἑαυτῆς φιλοῦσα, ὥσπερ ἀγαθῇ προσήκει γυναικί, ξενιζομένου παρ´ αὐτῇ Σέξτου διὰ τὴν συγγένειαν τῇ παρελθούσῃ νυκτί, Κολλατίνου δὲ τότ´ ἀποδημοῦντος ἐπὶ στρατοπέδου, τὴν ἀκόλαστον ὕβριν τῆς τυραννίδος οὐκ ἐδυνήθη διαφυγεῖν, ἀλλ´ ὥσπερ αἰχμάλωτος ὑπ´ ἀνάγκης κρατηθεῖσα ὑπέμεινεν ὅσα μὴ θέμις ἐλευθέρᾳ γυναικὶ παθεῖν. ἐφ´ οἷς ἀγανακτοῦσα καὶ ἀφόρητον ἡγουμένη τὴν ὕβριν ἐπειδὴ πρὸς τὸν πατέρα καὶ τοὺς ἄλλους συγγενεῖς τὰς κατασχούσας αὐτὴν ἀνάγκας διεξῆλθε πολλὰς ποιησαμένη δεήσεις καὶ ἀράς, ἵνα τιμωροὶ τοῖς κακοῖς αὐτῆς γένοιντο καὶ τὸ κεκρυμμένον ὑπὸ τοῖς κόλποις ξίφος σπασαμένη τοῦ πατρὸς ὁρῶντος, δημόται, διὰ τῶν ἑαυτῆς σπλάγχνων ἔβαψε τὸν σίδηρον. θαυμαστὴ σὺ καὶ πολλῶν ἐπαίνων ἀξία τῆς εὐγενοῦς προαιρέσεως, οἴχῃ καὶ ἀπόλωλας οὐχ ὑπομείνασα τυραννικὴν ὕβριν, ἁπάσας ὑπεριδοῦσα τὰς ἐν τῷ ζῆν ἡδονάς, ἵνα σοι μηδὲν ἔτι τοιοῦτον συμβῇ παθεῖν. ἔπειτα σὺ μέν, Λουκρητία, γυναικείας τυχοῦσα φύσεως ἀνδρὸς εὐγενοῦς φρόνημα ἔσχες, ἡμεῖς δ´ ἄνδρες γενόμενοι γυναικῶν χείρους ἀρετῇ γενησόμεθα; καὶ σοὶ μέν, ὅτι μίαν ἐτυραννήθης νύκτα τὴν ἀμίαντον ἀφαιρεθεῖς´ αἰδῶ μετὰ βίας, ἡδίων καὶ μακαριώτερος ἔδοξεν θάνατος εἶναι τοῦ βίου, ἡμῖν δ´ ἆρ´ οὐ παραστήσεται τὸ αὐτὸ τοῦτο ὑπολαβεῖν, ὧν Ταρκύνιος οὐ μίαν ἡμέραν, ἀλλὰ πέμπτον καὶ εἰκοστὸν ἔτος ἤδη τυραννῶν, πάσας ἀφῄρηται τὰς ἐν τῷ ζῆν ἡδονὰς ἐλευθερίαν ἀφελόμενος; οὐκ ἔστιν ἡμῖν, δημόται, βιωτὸν ἐν τοιούτοις καλινδουμένοις κακοῖς, ἐκείνων τῶν ἀνδρῶν οὖσιν ἀπογόνοις, οἳ τὰ δίκαια τάττειν ἠξίουν τοῖς ἄλλοις καὶ πολλοὺς ὑπὲρ ἀρχῆς καὶ δόξης ἤραντο κινδύνους· ἀλλὰ δυεῖν θάτερον ἅπασιν αἱρετέον, βίον ἐλεύθερον, θάνατον ἔνδοξον. ἥκει δὲ καιρός, οἷον εὐχόμεθα, μεθεστηκότος μὲν ἐκ τῆς πόλεως Ταρκυνίου, ἡγουμένων δὲ τῆς ἐπιχειρήσεως τῶν πατρικίων, οὐδενὸς δ´ ἡμῖν ἐλλείψοντος, ἐὰν ἐκ προθυμίας χωρήσωμεν ἐπὶ τὰ ἔργα, οὐ σωμάτων, οὐ χρημάτων, οὐχ ὅπλων, οὐ στρατηγῶν, οὐ τῆς ἄλλης τῆς εἰς τὰ πολέμια παρασκευῆς· μεστὴ γὰρ ἁπάντων πόλις, αἰσχρόν τε Οὐολούσκων καὶ Σαβίνων καὶ μυρίων ἄλλων ἄρχειν ἀξιοῦν, αὐτοὺς δὲ δουλεύοντας ἑτέροις ὑπομένειν, καὶ περὶ μὲν τῆς Ταρκυνίου πλεονεξίας πολλοὺς ἀναιρεῖσθαι πολέμους, περὶ δὲ τῆς ἑαυτῶν ἐλευθερίας μηδένα. [4,82] Celle dont vous voyez ici le corps, est la fille de Spurius Lucrétius, que le tyran a établi gouverneur de Rome avant que de se mettre en campagne. C'est la femme de Tarquinius Collatinus, parent des tyrans qui lui ont fait souffrir tant de maux. Toujours jalouse de sa pudeur, pleine de tendresse pour son mari, et attachée inviolablement aux devoirs d'une femme d'honneur, elle n'a pu néanmoins se mettre à couvert des excès de Sextus. Il est venu loger chez elle la nuit passée; elle l'a reçu comme parent de son mari pendant que Collatinus était au camp devant Ardèe, et sans pouvoir se défendre contre la passion effrénée de ce tyran elle a été contrainte par une dure nécessité de se soumettre comme une esclave à des indignités qu'une femme libre doit appréhender plus que la mort. Outrée de cet affront et ne pouvant le supporter, elle est venue trouver son père et ses parents et elle leur a raconté la malheureuse destinée, et après les avoir priés et conjurés instamment de venger son honneur, tirant un poignard qu'elle avait caché dans son sein, en présence de son père, elle l'a plongé dans ses entrailles. O femme digne de notre admiration et de nos louanges pour le généreux parti que vous avez pris ! Vous nous avez abandonnés, Lucrèce, vous vous êtes donné la mort, ne pouvant souffrir l'insulte que vous avez reçue du tyran, vous avez méprisé toutes les douceurs de la vie pour n'être plus exposée désormais à un pareil affront ; dans un corps de femme vous avez fait paraître un courage digne des plus grands hommes: et après un si bel exemple, Romains, nous qui sommes des hommes, sera-t-il dit que nous aurons moins de cœur et de vertu qu'une femme ? Pour avoir éprouvé une seule fois l'affront que le tyran a fait à votre chasteté jusqu'alors inviolable, vous avez trouvé la mort plus douce et plus heureuse que la vie. Et nous, qui gémissons, non seulement depuis un jour, mais depuis vint-cinq ans sous la tyrannie de Tarquin, et qui avons perdu toute espérance après nous être laissé ravir la liberté, nous n'aurons pas assez de courage pour entrer dans les mêmes sentiments ? Non, Romains, il ne nous est plus permis de vivre dans les maux qui nous accablent, nous dont les ancêtres ont toujours prétendu donner la loi aux autres nations et le sont exposés aux plus grands périls pour soutenir la gloire de notre empire. Il nous faut choisir de deux choses l'une, ou de recouvrer notre liberté, ou de mourir avec honneur pour sa défense. XXXVI. LE temps que nous avons tant attendu, est venu enfin. Tarquin n'est point à Rome, les patriciens sont les chefs de l'entreprise, et si nous nous y portons avec courage, nous ne manquerons ni d'argent, ni d'hommes, ni d'armes, ni de commandants, ni des autres appareils nécessaires pour la guerre : Rome nous fournit abondamment tous ces secours. Ne nous serait-il donc pas honteux de nous résoudre aujourd'hui à être les esclaves des autres, nous qui avons voulu commander aux Volsques, aux Sabins et à plusieurs autres nations voisines? Ne serait-ce pas manquer de courage que de n'oser entreprendre la guerre pour nous délivrer d'une si honteuse servitude, après avoir pris tant de fois les armes pour contenter l'ambition démesurée et l'avarice insatiable de Tarquin ?


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Dernière mise à jour : 2/07/2009