[4,79] Οὗτός ἐστιν, ἄνδρες πολῖται, ὁ Ταρκύνιος
ὁ πρὸ τοῦ παραλαβεῖν τὴν ἀρχὴν Ἄρροντα τὸν
γνήσιον ἀδελφόν, ὅτι πονηρὸς οὐκ ἐβούλετο γενέσθαι,
φαρμάκοις διαχρησάμενος, συνεργὸν εἰς τοῦτο τὸ μῦσος
λαβὼν τὴν ἐκείνου γυναῖκα, τῆς δ´ αὐτῷ συνοικούσης
ἀδελφήν, ἣν ἐμοίχευεν ὁ θεοῖς ἐχθρὸς ἔτι καὶ πάλαι·
οὗτος ὁ τὴν γαμετὴν γυναῖκα, σώφρονα καὶ τέκνων
κοινωνὸν γεγονυῖαν, ἐν ταῖς αὐταῖς ἡμέραις καὶ διὰ
τῶν αὐτῶν φαρμάκων ἀποκτείνας οὐδ´ ἀφοσιώσασθαι
τῶν φαρμακειῶν ἀμφοτέρων τὰς διαβολάς, ὡς οὐχ ὑφ´
ἑαυτοῦ γενομένων, ἠξίωσεν ἐλεεινῷ χρησάμενος σχήματι
καὶ μικρᾷ προσποιήσει πένθους, ἀλλ´ εὐθὺς ἅμα
τῷ αὐτὰ διαπράξασθαι τὰ θαυμαστὰ ἔργα, πρὶν ἢ μαρανθῆναι
τὰς ὑποδεξαμένας τὰ δύστηνα σώματα πυράς,
φίλους εἱστία καὶ γάμους ἐπετέλει καὶ τὴν ἀνδροφόνον
νύμφην ἐπὶ τὸν τῆς ἀδελφῆς θάλαμον ἤγετο τὰς ἀπορρήτους
ἐμπεδῶν πρὸς αὐτὴν ὁμολογίας· ἀνόσια καὶ ἐξάγιστα
καὶ οὔθ´ Ἑλλάδος οὔτε βαρβάρου γῆς οὐδαμόθι
γενόμενα πρῶτος εἰς τὴν Ῥωμαίων πόλιν εἰσαγαγὼν καὶ
μόνος. οἷα δ´ ἐξειργάσατο, ὦ δημόται, τὰ περιβόητα καὶ
δεινὰ περὶ τοὺς κηδεστὰς ἀμφοτέρους ἐπιχειρήματα ἐπὶ
ταῖς δυσμαῖς ὄντας ἤδη τοῦ βίου; Σερούιον μὲν Τύλλιον
τὸν ἐπιεικέστατον τῶν βασιλέων καὶ πλεῖστα ὑμᾶς εὖ
ποιήσαντα φανερῶς ἀποσφάξας καὶ οὔτ´ ἐκκομιδῆς
οὔτε ταφῆς ἐάσας νομίμου τὸ σῶμα τυχεῖν· Ταρκυνίαν
δὲ τὴν ἐκείνου γυναῖκα, ἣν προσῆκεν αὐτῷ τιμᾶν
ὥσπερ μητέρα, πατρὸς ἀδελφὴν οὖσαν καὶ σπουδαίαν
περὶ αὐτὸν γενομένην, πρὶν ἢ πενθῆσαι καὶ τὰ νομιζόμενα
τῷ κατὰ γῆς ἀνδρὶ ποιῆσαι τὴν ἀθλίαν
ἀγχόνῃ διαχρησάμενος, ὑφ´ ὧν ἐσώθη καὶ παρ´ οἷς
ἐτράφη καὶ οὓς διαδέξεσθαι μετὰ τὴν τελευτὴν ἔμελλεν
ὀλίγον ἀναμείνας, ἕως ὁ κατὰ φύσιν αὐτοῖς παραγένηται θάνατος.
| [4,79] XXXI. C'EST ce Tarquin, Romain, qui avant que de monter sur le
trône, fit mourir par le poison son frère Aruns, parce qu'il ne voulait pas
devenir scélérat. Il engagea même dans cet exécrable parricide la femme
d'Aruns, qui était sœur de de la sienne, et il aura sur lui la colère des
dieux par l'adultère qu'il commit avec elle. C'est lui qui dans le même
temps et par le même poison se défit de sa propre femme, parce qu'elle
était trop sage et trop modeste pour un mari si scélérat. La tendresse qu'il
devait avoir pour les enfants qu'elle lui avait donnés, ne put le détourner
d'un crime si horrible. Coupable de ces deux parricides qu'on rejetait sur
lui, il ne fit aucune démarche pour s'en disculper: il ne porta le deuil ni de
sa femme ni de son frère, et n'en fit pas paraître la moindre douleur.
Aussitôt après, comme s'il avait fait des exploits dignes d'admiration, il
invita les amis à un superbe festin, sans même attendre que les bûchers
qui avaient consumé les corps de ces deux infortunées victimes de sa
cruauté, fussent entièrement éteints. Impatient de jouir du fruit de son
crime, il célébra ses noces, fit entrer une épouse parricide dans la
chambre de sa propre sœur. Là renouvelant avec la femme d'Aruns ses
engagements secrets, il fut le premier et le seul qui osa introduire à Rome les
crimes les plus abominables et les plus horribles, dont on n'a jamais vu
d'exemple ni chez les Grecs ni chez les Barbares. Quels crimes atroces
ne commit-il pas envers son beau-père et sa belle-mère qui étaient déjà
sur le point de finir leur course ? Le seul souvenir en fait horreur. Il fit
massacrer publiquement Servius Tullius, le plus juste et le plus doux de
tous les rois, qui vous comblait de ses bienfaits. Il ne voulut jamais
permettre qu'on enterrât son corps avec les cérémonies ordinaires, ni
qu'on lui rendît les derniers devoirs avec toute la pompe que méritait son
rang. Il n'épargna pas non plus Tarquinie femme de Tullius qui était sa
tante et qu'il aurait dû honorer comme sa propre mère en reconnaissance
des soins qu'elle avait pris de lui. A peine eût-elle pleuré la mort de son
mari et rendu à son corps les devoirs de la sépulture, qu'il la fit étrangler
inhumainement. C'est ainsi qu'il a traité ceux qui lui avaient sauvé la vie,
qui lui avaient donné l'éducation, et dont il devait être l'héritier et le
successeur s'il avait voulu attendre un peu de temps jusqu'à ce que la
mort les eût enlevés suivant le cours de la nature.
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