[4,72] Ὡς δὲ τοῦτ´ ἤκουσαν ἅπαντες, ἐπῄνεσάν
τε καὶ ὡς ἀπὸ καλῆς ὑποθέσεως ἀρξάμενον καὶ νομίμου
τὰ λοιπὰ λέγειν αὐτὸν ἠξίουν. κἀκεῖνος εἶπεν,
Ἐπειδὴ ταῦτα οὕτω πράττειν ὑμῖν δοκεῖ, σκοπώμεθα
πάλιν, τίς ἡ τὴν πόλιν ἐπιτροπεύσουσα ἀρχὴ γενήσεται
μετὰ τὴν κατάλυσιν τῶν βασιλέων καὶ ὑπὸ τίνος
ἀποδειχθεῖσα ἀνδρός, καὶ ἔτι πρότερον, ὅστις ἔσται
πολιτείας κόσμος, ὃν ἀπαλλαττόμενοι τοῦ τυράννου
καταστησόμεθα. βεβουλεῦσθαι γὰρ ἅπαντα βέλτιον,
πρὶν ἐπιχειρεῖν ἔργῳ τηλικῷδε, καὶ μηδὲν ἀνεξέταστον
ἀφεῖσθαι μηδὲ ἀπροβούλευτον. ἀποφαινέσθω δὴ περὶ
τούτων ἕκαστος ὑμῶν ἃ φρονεῖ. Μετὰ τοῦτ´ ἐλέχθησαν
πολλοὶ καὶ παρὰ πολλῶν λόγοι. ἐδόκει δὲ τοῖς
μὲν βασιλικὴν αὖθις καταστήσασθαι πολιτείαν ἐξαριθμουμένοις,
ὅσα τὴν πόλιν ἐποίησαν ἀγαθὰ πάντες οἱ
πρότεροι βασιλεῖς· τοῖς δὲ μηκέτι ποιεῖν ἐφ´ ἑνὶ δυνάστῃ
τὰ κοινὰ τὰς τυραννικὰς διεξιοῦσι παρανομίας,
αἷς ἄλλοι τε πολλοὶ κατὰ τῶν ἰδίων πολιτῶν ἐχρήσαντο
καὶ Ταρκύνιος τελευτῶν, ἀλλὰ τὸ συνέδριον τῆς
βουλῆς ἁπάντων ἀποδεῖξαι κύριον ὡς ἐν πολλαῖς τῶν
Ἑλληνίδων πόλεων· οἱ δὲ τούτων μὲν οὐδετέραν
προῃροῦντο τῶν πολιτειῶν, δημοκρατίαν δὲ συνεβούλευον
ὥσπερ Ἀθήνησι καταστῆσαι, τὰς ὕβρεις καὶ τὰς
πλεονεξίας τῶν ὀλίγων προφερόμενοι καὶ τὰς στάσεις
τὰς γινομένας τοῖς ταπεινοῖς πρὸς τοὺς ὑπερέχοντας
ἐλευθέρᾳ τε πόλει τὴν ἰσονομίαν ἀποφαίνοντες ἀσφαλεστάτην
οὖσαν καὶ πρεπωδεστάτην τῶν πολιτειῶν.
| [4,72] Toute l'assemblée applaudit à cette réponse. On donna de grandes
louanges à Brutus sur ce qu'il voulait commencer l'entreprise par des
voies justes et légitimes, et tous le priant de continuer il poursuivit ainsi.
XXI. « PUISQUE vous approuvez ce que je viens de dire, voyons
maintenant quelle espèce de magistrats il faudra choisir pour gouverner la
république après que nous aurons déposé les rois. Il s'agit de savoir qui
les élira ces magistrats, et même il faut examiner avant toutes choses
quelle forme de gouvernement nous établirons quand on aura secoué le
joug des tyrans. Il importe beaucoup de bien prendre nos précautions et
de concerter toutes nos mesures avant que de commencer l'exécution de
notre grand dessein. Que chacun de vous dise donc ce qu'il en pense »
XXII. ALORS on ouvrit différents avis. Les uns faisant le détail des
grands avantages que les premiers rois avaient procurés à l'état,
trouvaient a propos de créer un nouveau roi pour continuer le
gouvernement monarchique. Les autres retraçant par une longue
énumération toutes les injustices et les vexations que les rois avaient
exercées sur leurs sujets, et passant de là aux cruautés et à la tyrannie de
Tarquin dont la mémoire était encore toute fraîche, prétendaient qu'il ne
fallait pas donner le gouvernement à un monarque souverain, mais au
sénat, comme il le pratiquait dans plusieurs villes des Grecs. D'autres
enfin opposés à ces deux avis voulaient qu'on établît un gouvernement
démocratique sur le modèle de la ville d'Athènes. Ils faisaient voir que
l'oligarchie était sujette à plusieurs inconvénients, à des vexations de la
part des magistrats qui veulent s'enrichir, à des soulèvements du peuple
contre les plus puissants : que la liberté d'une république consistant dans
l'égalité des citoyens, il n'y avait aucun moyen plus sûr ni plus convenable
pour l'entretenir, que de confier toute l'autorité au peuple.
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