[4,69] Καταφρονήσας γὰρ ὁ Ταρκύνιος τῆς δοκούσης
εἶναι περὶ αὐτόν, ἀλλ´ οὐ κατ´ ἀλήθειαν ὑπαρχούσης
μωρίας, ἀφελόμενος ἅπαντα τὰ πατρῷα, μικρὰ
δ´ εἰς τὸν καθ´ ἡμέραν βίον ἐπιχορηγῶν, ὡς παῖδα
ὀρφανὸν ἐπιτρόπων ἔτι δεόμενον ἐφύλαττεν ὑφ´ ἑαυτῷ
διαιτᾶσθαί τε μετὰ τῶν ἰδίων παίδων ἐπέτρεπεν, οὐ
διὰ τιμήν, ὡς ἐσκήπτετο πρὸς τοὺς πέλας οἷα δὴ συγγενής,
ἀλλ´ ἵνα γέλωτα παρέχῃ τοῖς μειρακίοις λέγων
τ´ ἀνόητα πολλὰ καὶ πράττων ὅμοια τοῖς κατ´ ἀλήθειαν
ἠλιθίοις. καὶ δὴ καὶ ὅτε τῷ Δελφικῷ μαντείῳ
χρησομένους ἀπέστελλε τοὺς δύο τῶν παίδων Ἄρροντα
καὶ Τῖτον ὑπὲρ τοῦ λοιμοῦ· κατέσκηψε γάρ τις ἐπὶ
τῆς ἐκείνου βασιλείας οὐκ εἰωθυῖα νόσος εἰς παρθένους
τε καὶ παῖδας, ὑφ´ ἧς πολλὰ διεφθάρη σώματα,
χαλεπωτάτη δὲ καὶ δυσίατος εἰς τὰς κυούσας γυναῖκας
αὐτοῖς βρέφεσιν ἀποκτείνουσα τὰς μητέρας ἐν ταῖς
γοναῖς· τήν τ´ αἰτίαν τῆς νόσου γνῶναι παρὰ τοῦ θεοῦ
καὶ τὴν λύσιν βουλόμενος συνέπεμψε κἀκεῖνον ἅμα τοῖς
μειρακίοις δεηθεῖσιν, ἵνα κατασκώπτειν τε καὶ περιυβρίζειν
ἔχοιεν. ὡς δὲ παρεγενήθησαν ἐπὶ τὸ μαντεῖον
οἱ νεανίσκοι καὶ τοὺς χρησμοὺς ἔλαβον ὑπὲρ ὧν
ἐπέμφθησαν, ἀναθήμασι δωρησάμενοι τὸν θεὸν καὶ
τοῦ Βρούτου πολλὰ καταγελάσαντες, ὅτι βακτηρίαν
ξυλίνην ἀνέθηκε τῷ Ἀπόλλωνι· ὁ δὲ διατρήσας αὐτὴν
ὅλην ὥσπερ αὐλὸν χρυσῆν ῥάβδον ἐνέθηκεν οὐδενὸς
ἐπισταμένου· μετὰ τοῦτ´ ἠρώτων τὸν θεόν, τίνι πέπρωται
τὴν Ῥωμαίων ἀρχὴν παραλαβεῖν, ὁ δὲ θεὸς
αὐτοῖς ἀνεῖλε, τῷ πρώτῳ τὴν μητέρα φιλήσαντι. οἱ
μὲν οὖν νεανίσκοι τοῦ χρησμοῦ τὴν διάνοιαν ἀγνοήσαντες
συνέθεντο πρὸς ἀλλήλους ἅμα φιλῆσαι τὴν μητέρα
βουλόμενοι κοινῇ τὴν βασιλείαν κατασχεῖν, ὁ δὲ
Βροῦτος συνεὶς ὃ βούλεται δηλοῦν ὁ θεός, ἐπειδὴ
τάχιστα τῆς Ἰταλίας ἐπέβη, προσκύψας κατεφίλησε τὴν
γῆν, ταύτην οἰόμενος ἁπάντων ἀνθρώπων εἶναι μητέρα.
τὰ μὲν οὖν προγενόμενα τῷ ἀνδρὶ τούτῳ τοιαῦτ´ ἦν.
| [4,69] XIII. TARQUIN le méprisait comme un imbécile, et le regardant
comme véritablement hébété quoique dans le fond il fut très sage, il se
contenta de s'emparer de son patrimoine dont il ne lui donnait que fort
peu de chose pour son entretien. Il le gardait chez lui comme un orphelin
qui avait besoin de tuteur. Il lui permettait même de vivre avec ses fils,
non pas pour lui faire honneur, en qualité de son parent, comme il tachait
de le faire accroire à ceux qui l'approchaient, mais pour servir de risée à
ces jeunes princes qui se divertissaient de ses extravagances, et qui
prenaient plaisir à toutes les impertinences qu'il affectait et imitaient
parfaitement les actions d'un véritable fou.
XIV. LORSQUE Tarquin envoya ses deux fils Aruns et Titus pour
consulter l'oracle de Delphes, sur la cause et sur les remèdes de cette
maladie contagieuse, qui causa de si étranges ravages sous son règne,
qui enleva un si grand nombre de jeunes gens de l'un et de l'autre sexe,
et qui attaquait surtout les femmes enceintes qui tombaient mortes dans
les rues avec leur fruit sans qu'on put arrêter la violence d'un mal si
extraordinaire, il voulut que Brutus fut de la partie et qu'il allât avec ces
deux jeunes princes qui le lui avaient demandé très instamment pour leur
servir de jouet dans le voyage. Quand ils furent arrivés à Delphes, après
avoir offert des présents au dieu et reçu la réponse de l'oracle sur le sujet
qui les amenait, ils plaisantèrent longtemps sur Brutus parce qu'il avait
offert un bâton, qui n'était que de bois, à ce qu'ils croyaient : mais ce
prétendu imbécile l'avait percé comme une flûte, et sans que personne
s'en aperçût il y avait enfermé une autre baguette d'or dont il fit présent
au dieu Apollon.
XV. ENSUITE curieux de savoir à qui l'empire des Romains était
destiné, ils consultèrent encore l'oracle sur ce sujet, et le dieu ayant
répondu que c'était â celui qui baiserait sa mère le premier, les fils de
Tarqùin, qui ne comprenaient pas cette réponse, convinrent entre eux de
baiser leur mère tous deux en même temps, afin de régner aussi tous
deux ensemble. Mais Brutus qui comprit le sens de l'oracle, se laissa
tomber pour baiser la terre des qu'il fut de retour en Italie, persuadé
qu'elle était la mère commune de tous les hommes
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