[4,65] Ἐπιστὰς δὲ τῇ κλίνῃ διεγερθείσης ἅμα τῷ
συνεῖναι τὸν ψόφον τῆς γυναικὸς καὶ πυνθανομένης,
ὅστις εἴη, φράσας τοὔνομα σιωπᾶν ἐκέλευε καὶ μένειν
ἐν τῷ δωματίῳ σφάξειν αὐτὴν ἀπειλήσας, ἐὰν ἐπιχειρήσῃ
φεύγειν ἢ βοᾶν. τούτῳ καταπληξάμενος τῷ τρόπῳ
τὴν ἄνθρωπον αἱρέσεις αὐτῇ δύο προὔτεινεν, ὧν ποτέραν
αὐτὴ προῃρεῖτο λαβεῖν ἠξίου, θάνατον μετ´
αἰσχύνης ἢ βίον μετ´ εὐδαιμονίας. Εἰ μὲν γὰρ ὑπομενεῖς,
ἔφη, χαρίσασθαί μοι, γυναῖκά σε ποιήσομαι καὶ
βασιλεύσεις σὺν ἐμοὶ νῦν μὲν ἧς ὁ πατήρ μοι ἔδωκε
πόλεως, μετὰ δὲ τὴν ἐκείνου τελευτὴν Ῥωμαίων τε καὶ
Λατίνων καὶ Τυρρηνῶν καὶ τῶν ἄλλων ὅσων ἐκεῖνος
ἄρχει. ἐγὼ γὰρ οἶδ´, ὅτι παραλήψομαι τὴν τοῦ πατρὸς
βασιλείαν, ὥσπερ ἐστὶ δίκαιον, τῶν υἱῶν αὐτοῦ πρεσβύτατος
ὤν. ὅσα δ´ ὑπάρχει τοῖς βασιλεῦσιν ἀγαθά,
ὧν ἁπάντων ἔσῃ σὺν ἐμοὶ κυρία, τί δεῖ σε καλῶς
ἐπισταμένην διδάσκειν; εἰ δ´ ἀντιπράττειν ἐπιχειρήσεις
σώζειν βουλομένη τὸ σῶφρον, ἀποκτενῶ σε καὶ τῶν
θεραπόντων ἐπικατασφάξας ἕνα θήσω τὰ σώματα ὑμῶν
ἅμα καὶ φήσω κατειληφὼς ἀσχημονοῦσάν σε μετὰ τοῦ
δούλου τετιμωρῆσθαι τὴν τοῦ συγγενοῦς ὕβριν μετερχόμενος,
ὥστ´ αἰσχρὰν καὶ ἐπονείδιστόν σου γενέσθαι
τὴν τελευτὴν καὶ μηδὲ ταφῆς τὸ σῶμά σου τυχεῖν
μηδ´ ἄλλου τῶν νομίμων μηδενός. Ὡς δὲ πολὺς ἦν
ἀπειλῶν θ´ ἅμα καὶ ἀντιβολῶν καὶ διομνύμενος ἀληθεύειν
τῶν λεγομένων ἑκάτερον, εἰς ἀνάγκην ἦλθεν ἡ
Λουκρητία φοβηθεῖσα τὴν περὶ τὸν θάνατον ἀσχημοσύνην
εἶξαί τε καὶ περιιδεῖν αὐτὸν ἃ προῃρεῖτο διαπραξάμενον.
| [4,65] Il s'approche du lit : Lucrèce se réveille au moindre bruit et
demande qui c'est. Sextus dit son nom, il lui ordonne de se taire et de
rester dans la chambre ; il la menace même de la mort si elle se met en
devoir ou de s'enfuir ou d'appeler quelqu'un à son secours.
VI. L'AYANT ainsi épouvantée par ses menaces :
« Choisissez, lui dit-il, ou d'une mort ignominieuse ou d'une vie pleine
de bonheur. Si vous m'accordez les faveurs que je demande, je vous
épouserai : tandis que mon père vivra, vous règnerez avec moi dans la
ville qu'il m'a donnée, et après sa mort vous deviendrez reine des
Romains, des Latins, des Tyrrhéniens et de toutes les autres nations qui
vivent sous ses lois. Je suis l'ainé de ses fils en cette qualité sa couronne
m'est assurée ; personne ne peut me la disputer. Mais qu'est-il besoin de
vous parler des avantages de la royauté. Vous les connaissez déjà, et si
vous voulez condescendre à mes désirs, vous les connaîtrez encore
mieux puisqu'un jour vous les partagerez avec moi. Que si trop jalouse de
votre honneur vous osez me résister, je vous tue dans le moment et pour
couvrir votre mort d'une éternelle ignominie, je percerai de mon épée un
de vos domestiques, je mettrai son corps auprès de vous, et je dirai
partout que vous ayant surpris tous deux ensemble, j'ai lavé dans votre
sang le déshonneur que vous faisiez à Collatinus mon parent. En sorte
que, outre une mort indigne et pleine d'infamie, vous devez vous attendre
à être privée de la sépulture et des autres cérémonies funèbres. »
Après qu'il eut mis en usage toutes sortes de prières, employé les
menaces et juré qu'il parlait sérieusement, Lucrèce par la crainte d'une
mort pleine d'opprobre fut enfin obligée de céder à la violence et de
souffrir tout ce qu'il voulut.
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