[4,64] Τὴν Ἀρδεατῶν πόλιν ὁ Ταρκύνιος ἐπολιόρκει
πρόφασιν μὲν ποιούμενος, ὅτι τοὺς ἐκ Ῥώμης
φυγάδας ὑπεδέχετο καὶ συνέπραττεν αὐτοῖς περὶ καθόδου·
ὡς δὲ τἀληθὲς εἶχεν ἐπιβουλεύων αὐτῇ διὰ τὸν
πλοῦτον εὐδαιμονούσῃ μάλιστα τῶν ἐν Ἰταλίᾳ πόλεων.
γενναίως δὲ τῶν Ἀρδεατῶν ἀπομαχομένων καὶ πολυχρονίου
τῆς πολιορκίας γινομένης οἵ τ´ ἐπὶ τοῦ στρατοπέδου
κάμνοντες ἐπὶ τῇ τριβῇ τοῦ πολέμου καὶ οἱ
κατὰ πόλιν ἀπειρηκότες ταῖς εἰσφοραῖς ἕτοιμοι πρὸς
ἀπόστασιν ἦσαν, εἴ τις ἀρχὴ γένοιτο. ἐν τούτῳ δὴ τῷ
καιρῷ Σέξτος ὁ πρεσβύτατος τῶν Ταρκυνίου παίδων
ἀποσταλεὶς ὑπὸ τοῦ πατρὸς εἰς πόλιν, ἣ ἐκαλεῖτο Κολλάτεια,
χρείας τινὰς ὑπηρετήσων στρατιωτικὰς παρ´
ἀνδρὶ κατήχθη συγγενεῖ Λευκίῳ Ταρκυνίῳ τῷ Κολλατίνῳ
προσαγορευομένῳ. τοῦτον τὸν ἄνδρα Φάβιος
μὲν υἱὸν εἶναί φησιν Ἠγερίου, περὶ οὗ δεδήλωκα
πρότερον, ὅτι Ταρκυνίῳ τῷ προτέρῳ βασιλεύσαντι
Ῥωμαίων ἀδελφόπαις ἦν καὶ Κολλατείας ἡγεμὼν ἀποδειχθεὶς
ἀπὸ τῆς ἐν ἐκείνῃ τῇ πόλει διατριβῆς αὐτός
τε Κολλατῖνος ἐκλήθη καὶ τοῖς ἐγγόνοις ἀφ´ ἑαυτοῦ
τὴν αὐτὴν κατέλιπεν ἐπίκλησιν· ἐγὼ δὲ καὶ τοῦτον
υἱωνὸν εἶναι τοῦ Ἠγερίου πείθομαι, εἴ γε τὴν αὐτὴν
εἶχε τοῖς Ταρκυνίου παισὶν ἡλικίαν, ὡς Φάβιός τε καὶ
οἱ λοιποὶ συγγραφεῖς παραδεδώκασιν· ὁ γὰρ χρόνος
ταύτην μοι τὴν ὑπόληψιν βεβαιοῖ. ὁ μὲν οὖν Κολλατῖνος
ἐπὶ στρατοπέδου τότε ὢν ἐτύγχανεν, ἡ δὲ συνοικοῦσα
αὐτῷ γυνὴ Ῥωμαία, Λουκρητίου θυγάτηρ ἀνδρὸς
ἐπιφανοῦς, ἐξένιζεν αὐτὸν ὡς συγγενῆ τοῦ ἀνδρὸς
πολλῇ προθυμίᾳ τε καὶ φιλοφροσύνῃ. ταύτην τὴν
γυναῖκα καλλίστην οὖσαν τῶν ἐν Ῥώμῃ γυναικῶν καὶ
σωφρονεστάτην ἐπεχείρησεν ὁ Σέξτος διαφθεῖραι, παλαίτερον
μὲν ἔτι εἰργόμενος, ὁπότε κατάγοιτο παρὰ τῷ
συγγενεῖ, τότε δὲ καιρὸν ἁρμόττοντα οἰόμενος ἔχειν.
ὡς δὲ μετὰ τὸ δεῖπνον ἀπῆλθε κοιμησόμενος ἐπισχὼν
τῆς νυκτὸς πολὺ μέρος, ἐπειδὴ καθεύδειν ἅπαντας
ἐνόμιζεν, ἀναστὰς ἧκεν ἐπὶ τὸ δωμάτιον, ἐν ᾧ τὴν
Λουκρητίαν ᾔδει καθεύδουσαν, καὶ λαθὼν τοὺς παρὰ
ταῖς θύραις τοῦ δωματίου κοιμωμένους εἰσέρχεται ξίφος ἔχων.
| [4,64] III. TARQUIN faisait la guerre aux Ardéates, sous prétexte qu'ils
avaient donné retraite aux exilés et aux fugitifs de Rome, et qu'ils
s'employaient pour leur rétablissement ; mais la véritable raison qui le
faisait agir, c'est qu'il en voulait à ces peuples qui habitaient la ville la plus
riche et la plus florissante de toute l'Italie. Leur vigoureuse résistance, la
longueur du siège, la durée de cette guerre qui fatiguait extrêmement les
troupes, les impôts exorbitants qu'il faisait payer aux Romains, rendaient
les esprits tout-à-fait disposés à se révolter, pour peu que quelqu'un
commençât à lever l'étendard de la rébellion.
IV. DANS ces conjonctures, Tarquin envoya Sextus son fils ainé à la
ville de Collatie pour terminer quelques affaires qui concernaient la
guerre. Sextus alla loger chez Lucius Tarquin son parent surnommé
Collatinus. L'historien Fabius prétend que ce dernier avait pour père cet
Egérius, qui, comme j'ai déjà dit, était fils du frère de l'ancien Tarquin roi
des Romains qui l'établit gouverneur de Collatie, d'où il fut appelé
Collatinus, parce qu'il faisait sa résidence dans cette ville, surnom qu'il
laissa à ses descendants. Mais pour moi je suis persuadé qu'il n'était que
petit-fils de cet Egerius. La chronologie confirme mon sentiment, puisque,
selon le même Fabius et plusieurs autres historiens, il était à peu près de
même âge que les fils de Tarquin le superbe. Quoiqu'il en soit, Collatin
était alors au camp devant Ardée. Sa femme, qui était Romaine, et fille de
Lucrétius l'un des plus illustres de Rome, reçut Sextus comme parent de
son mari, avec tout le bon cœur et toute l'amitié possible. C'était une des
plus belles dames de Rome, mais en même temps une des plus chastes.
V. SEXTUS avait conçu depuis longtemps le dessein d'attenter à
l'honneur de cette dame, et toutes les fois qu'il avait logé chez son parent
il s'était entretenu dans cette pensée criminelle : mais jusqu'alors il n'avait
pu trouver le moyen de satisfaire sa passion. Lors donc qu'il se vit seul
logé chez elle en l'absence de son mari, il crut que l'occasion était
favorable et qu'il ne devait pas la manquer. S'étant retiré après le repas
pour se coucher, tout occupé de son amour il passa une bonne partie de
la nuit sans fermer les yeux. Enfin quand il crut que tout le monde dormait,
il se lève, il entre l'épée à la main dans la chambre de Lucrèce, sans que
les gardes de la porte ensevelis dans un profond sommeil s'en aperçoivent.
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