[4,63] Ταῦτα διαπραξάμενος ὁ Ταρκύνιος ἐν εἰρήνῃ
τε καὶ κατὰ πολέμους καὶ δύο πόλεις ἀποικίσας τὴν
μὲν καλουμένην Σιγνίαν οὐ κατὰ προαίρεσεν, ἀλλ´ ἐκ
ταὐτομάτου, χειμασάντων ἐν τῷ χωρίῳ τῶν στρατιωτῶν
καὶ κατασκευασαμένων τὸ στρατόπεδον ὡς μηδὲν
διαφέρειν πόλεως· Κιρκαίαν δὲ κατὰ λογισμόν, ὅτι
τοῦ Πωμεντίνου πεδίου μεγίστου τῶν περὶ τῇ Λατίνῃ
καὶ τῆς συναπτούσης αὐτῷ θαλάττης ἔκειτο ἐν καλῷ·
ἔστι δὲ χερσονησοειδὴς σκόπελος ὑψηλὸς ἐπιεικῶς ἐπὶ
τοῦ Τυρρηνικοῦ πελάγους κείμενος, ἔνθα λόγος ἔχει
Κίρκην τὴν Ἡλίου θυγατέρα κατοικῆσαι· καὶ τὰς ἀποικίας
ἀμφοτέρας δυσὶ τῶν παίδων οἰκισταῖς ἀναθείς,
Κιρκαίαν μὲν Ἄρροντι, Σιγνίαν δὲ Τίτῳ, δέος ἅτε
οὐδὲν ἔτι περὶ τῆς ἀρχῆς ἔχων, διὰ γυναικὸς ὕβριν
αὐτῆς, ἣν ὁ πρεσβύτατος αὐτοῦ τῶν παίδων Σέξτος
διέφθειρεν, ἐξελαύνεται τῆς τ´ ἀρχῆς καὶ τῆς πόλεως,
προθεσπίσαντος αὐτῷ τοῦ δαιμονίου τὴν μέλλουσαν
γενήσεσθαι περὶ τὸν οἶκον συμφορὰν πολλοῖς μὲν καὶ
ἄλλοις οἰωνοῖς, τελευταίῳ δὲ τῷδε. αἰετοὶ συνιόντες
εἰς τὸν παρακείμενον τοῖς βασιλείοις κῆπον ἔαρος ὥρᾳ
νεοττιὰν ἔπλαττον ἐπὶ κορυφῇ φοίνικος ὑψηλοῦ. τούτων
δὲ τῶν αἰετῶν ἀπτῆνας ἔτι τοὺς νεοττοὺς ἐχόντων
γῦπες ἀθρόοι προσπετασθέντες τήν τε νεοττιὰν διεφόρησαν
καὶ τοὺς νεοττοὺς ἀπέκτειναν καὶ τοὺς αἰετοὺς
προσιόντας ἀπὸ τῆς νομῆς ἀμύττοντές τε καὶ
παίοντες τοῖς ταρσοῖς ἀπὸ τοῦ φοίνικος ἀπήλασαν.
τούτους τοὺς οἰωνοὺς ἰδὼν ὁ Ταρκύνιος καὶ φυλαττόμενος,
εἴ πως δύναιτο διακρούσασθαι τὴν μοῖραν, οὐκ
ἴσχυσε νικῆσαι τὸ χρεών, ἀλλ´ ἐπιθεμένων αὐτῷ τῶν
πατρικίων καὶ τοῦ δήμου συμφρονήσαντος ἐξέπεσε τῆς
δυναστείας. οἵτινες δ´ ἦσαν οἱ τῆς ἐπαναστάσεως ἄρξαντες
καὶ δι´ οἵων τρόπων ἦλθον ἐπὶ τὰ πράγματα,
δι´ ὀλίγων πειράσομαι διελθεῖν.
| [4,63] VII. Il planta aussi des colonies dans deux villes dont il fut le
fondateur. L'une s'appelle Signée et l'autre Circée. La première fut bâtie
moins à dessein que par occasion, parce que ses troupes s'étant arrêtées
en quartier d'hiver dans la plaine y formèrent un camp et le fortifièrent si
bien qu'il était peu diffèrent d'une ville. La seconde fut bâtie de dessein
prémédité. Tarquin charmé de la beauté des campagnes des Pométiens
qui sont les plus vastes du pays Latin, choisît pour cet effet une situation
également avantageuse et agréable, tout proche de la mer. C'est un
rocher moyennement élevé, en forme de péninsule, qui domine sur la mer
Tyrrhénienne ; c'est là, dit on, qu'était autrefois la demeure de Circé fille
du soleil. Il en donna le gouvernement à deux de ses fils en qualité de
fondateurs de ces deux villes, celui de Circée à Aruns. et celui de Signée à Titus.
CHAPITRE QUINZIEME.
l. DANS le temps que Tarquin ne craignait plus rien et qu'il se croyait
entièrement paisible possesseur de la couronne, il fut détrôné et chassé
de la ville à l'occasion de l'attentat commis par Sextus son fils aîné qui
avait déshonoré une dame de la première distinction. Les dieux lui avaient
déjà donné des présages du malheur qui devait arriver à sa maison, et
entre plusieurs prodiges qui en furent autant de pronostics, on en raconte
un que nous allons rapporter ; ce fut le dernier et le plus remarquable.
II. Au printemps, des aigles avaient fait leur aire sur le haut d'un
palmier fort élevé qui était auprès du palais du roi. Leurs petits n'étaient
pas encore en état de voler lorsqu'une troupe de vautours voltigeant
autour du palmier mirent le nid en pièces, égorgèrent les aiglons, et
chassèrent avec leurs ailes et à coups de bec le père et la mère qui
revenaient de chercher la pâture. Ces funestes auspices étonnèrent
Tarquin. Il prit toutes sortes de précautions pour les détourner, mais il ne
put échapper à sa triste destinée. Il eut beau se tenir sur ses gardes, les
patriciens de concert avec le peuple conspirèrent contre lui et il fut enfin
détrôné. Nous tâcherons de raconter en peu de mots quels furent les
auteurs de cette conjuration et comment ils vinrent à bout de leur entreprise.
|