[4,6] Βούλομαι δ´ ἐπιστήσας τὸν ἑξῆς λόγον ἀποδοῦναι
τὰς αἰτίας, δι´ ἃς οὔτε Φαβίῳ συγκατεθέμην
οὔτε τοῖς ἄλλοις ἱστορικοῖς, ὅσοι γράφουσιν υἱοὺς
εἶναι τοὺς καταλειφθέντας παῖδας ὑπὸ Ταρκυνίου, ἵνα
μή τινες τῶν ἐκείναις ἐντυχόντων ταῖς ἱστορίαις σχεδιάζειν
με ὑπολάβωσιν οὐχ υἱοὺς, ἀλλ´ υἱωνοὺς αὐτοῦ
γράφοντα τοὺς παῖδας. παντάπασι γὰρ ἀπερισκέπτως
καὶ ῥᾳθύμως οἱ συγγραφεῖς περὶ αὐτῶν ταύτην ἐξενηνόχασι
τὴν ἱστορίαν οὐδὲν ἐξητακότες τῶν ἀναιρούντων
αὐτὴν ἀδυνάτων τε καὶ ἀτόπων· ὧν ἕκαστον
ἐγὼ πειράσομαι ποιῆσαι φανερὸν δι´ ὀλίγων. Ταρκύνιος
ἐκ Τυρρηνίας μετανίσταται τὸν οἶκον ὅλον ἀνασκευασάμενος
ἐν τῇ κρατίστῃ τοῦ φρονεῖν ὑπάρχων ἡλικίᾳ.
πολιτεύεσθαι γὰρ ἤδη καὶ ἄρχειν καὶ τὰ κοινὰ πράττειν
ἀξιῶν παραδίδοται, καὶ τὴν ἄπαρσιν ἐκεῖθεν πεποιημένος
διὰ τὸ μηδεμιᾶς ἐν τῇ πόλει τιμῆς μεταλαμβάνειν.
ἕτερος μὲν οὖν ἄν τις αὐτὸν ὑπέθετο καὶ
τριακοστὸν ἔτος ἔχοντα τοὐλάχιστον, ὅτ´ ἀπῆρεν ἐκ
Τυρρηνίας· ἀπὸ ταύτης γὰρ οἱ νόμοι τῆς ἡλικίας
καλοῦσιν ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ τοὺς ἄρχειν τε καὶ πράττειν
βουλομένους τὰ κοινά· ἐγὼ δ´ ἔτι νεώτερον αὐτὸν ὑποτίθεμαι
πέντε ὅλοις ἔτεσι, καὶ ποιῶ κατὰ τὸ πέμπτον
καὶ εἰκοστὸν ἔτος ἀπανιστάμενον. καὶ μὴν ὅτι γυναῖκα
Τυρρηνίδα ἐπηγάγετο, ἣν ζῶντος ἔτι τοῦ πατρὸς ἔγημεν,
ἅπαντες ὁμολογοῦσιν οἱ τὰς Ῥωμαϊκὰς συγγράψαντες
ἱστορίας. παραγίνεται δ´ εἰς Ῥώμην Ἄγκου
Μαρκίου βασιλεύοντος, ὡς μὲν Γέλλιος ἱστορεῖ κατὰ
τὸν πρῶτον ἐνιαυτὸν τῆς βασιλείας, ὡς δὲ Λικίννιος
γράφει κατὰ τὸν ὄγδοον. ἔστω δὴ κατὰ τοῦτον ἐληλυθὼς
τὸν ἐνιαυτόν, καθ´ ὃν γράφει Λικίννιος, καὶ
μὴ πρότερον· ἐν ὑστέρῳ μὲν γὰρ οὐκ ἂν εἴη χρόνῳ
παραγεγονώς, εἴγε δὴ κατὰ τὸν ἔνατον ἐνιαυτὸν τῆς
Ἄγκου δυναστείας ἱππέων ἡγούμενος ἐπὶ τὸν πρὸς
Λατίνους πόλεμον ὑπὸ τοῦ βασιλέως πέμπεται, ὡς ἀμφότεροι
λέγουσιν οἱ συγγραφεῖς· εἰ δὴ παρεγένετο μὲν
εἰς Ῥώμην οὐ πλείω τῶν πέντε καὶ εἴκοσι γεγονὼς
ἐτῶν, Ἄγκῳ δὲ βασιλεῖ κατὰ τὸν ὄγδοον τῆς ἀρχῆς
ἐνιαυτὸν φίλος γενόμενος ἑπτακαίδεκα διέτριψεν ἔτη
παρ´ αὐτῷ τὰ λοιπά· τέτταρα γὰρ ἐπὶ τοῖς εἴκοσι βεβασίλευκεν
Ἄγκος· ἔτη δ´ ὀκτὼ καὶ τριάκοντα τὴν
βασιλείαν κατέσχεν αὐτὸς ὡς ἅπαντες ὁμολογοῦσιν,
ὀγδοηκονταέτης ἂν ἦν, ὅτ´ ἐτελεύτα. ἐκ γὰρ τοῦ συλλογισμοῦ
τῶν ἐτῶν τοῦτο συνάγεται τὸ πλῆθος. ἡ γυνὴ
δ´ εἰ πέντε ἔτεσιν ἦν αὐτοῦ νεωτέρα καθάπερ εἰκός,
ἑβδομηκοστὸν ἂν δήπου καὶ πέμπτον εἶχεν ἔτος, ὅτ´
ἀπέθνησκε Ταρκύνιος. εἰ δὴ τὸν νεώτερον τῶν υἱῶν
ἔσχατον ἐκύησεν ἔτος ἔχουσα πεντηκοστόν· προσωτέρω
γὰρ οὐκέτι κυΐσκεται τούτου τοῦ χρόνου γυνή, ἀλλ´
ἔστιν οὗτος αὐτὸς τῶν ὠδίνων ὁ ὅρος, ὡς οἱ ταῦτ´
ἐξητακότες γράφουσιν· οὗτος μὲν οὖν οὐκ ἂν ἐλάττω
γεγονὼς ἦν ἐτῶν πέντε καὶ εἴκοσι κατὰ τὸν τοῦ πατρὸς
θάνατον, ὁ δὲ Λεύκιος ὁ πρεσβύτερος οὐ μείων
ἑπτακαιεικοσαέτους· οὐκ ἄρα νηπίους κατέλιπεν υἱοὺς
ὁ Ταρκύνιος ἐκ ταύτης γεγονότας τῆς γυναικός. ἀλλὰ
μὴν εἴγ´ ἀνδρῶν ἡλικίαν εἶχον οἱ παῖδες, ὅθ´ ὁ πατὴρ
αὐτῶν ἀπέθνησκεν, οὔτ´ ἂν ἡ μήτηρ αὐτῶν οὕτως ἦν
ἀθλία καὶ θεοβλαβής, ὥστ´ ἀφαιρεῖσθαι μὲν τῶν ἑαυτῆς
τέκνων ἣν κατέλιπεν αὐτοῖς ὁ πατὴρ ἀρχήν, τῷ
δ´ ἀλλοτρίῳ καὶ ἐκ δούλης γεγονότι χαρίζεσθαι· οὔτ´
ἂν αὐτοὶ τῆς πατρῴας ἀρχῆς ἀποστερούμενοι φαύλως
καὶ ῥᾳθύμως τὸ ἀδίκημα ἤνεγκαν καὶ ταῦτ´ ἐν τῇ
κρατίστῃ τοῦ λέγειν τε καὶ πράττειν ὄντες ἀκμῇ· οὔτε
γὰρ εὐγενείᾳ προεῖχεν αὐτῶν ὁ Τύλλιος ἐκ δούλης
μητρὸς ὢν οὔθ´ ἡλικίας ἀξιώματι παρὰ πολὺ διήλλαττεν,
ἀλλὰ τρισὶ μόνον ἔτεσι θατέρου πρεσβύτερος
ἦν· ὥστ´ οὐκ ἄν γε παρεχώρησαν αὐτῷ τῆς βασιλείας
ἑκόντες.
| [4,6] CHAPITRE SECOND.
I. Je crois qu'il est à propos d'interrompre ma narration, afin
d'expliquer les raisons pour lesquelles je m'éloigne du sentiment de
Fabius et des autres historiens, qui disent que les deux enfants que
Tarquin laissa après lui, étaient ses propres fils, mais ses petits-fils. Car
quelques-uns de ceux qui auraient lu ces historiens pourraient peut-être
croire que c'est sans fondement que je les appelle les petits-fils, et non
ses propres fils. Je dis donc que les auteurs Romains n'ont écrit cela que
par pure négligence, faute d'avoir fait attention aux absurdités et aux
impossibilités qui détruisent leur sentiment. Tâchons de les développer
l'une après l'autre en peu de mots.
II. LORSQUE Tarquin partit de Tyrrhénie avec toute sa famille, il était
sans doute dans un âge mûr, puisqu'il aspirait déjà aux dignités et aux
charges de la république : on dit même qu'il ne sortit de sa ville que parce
qu'il ne pouvait y parvenir aux honneurs. Un autre conclurait de là qu'il
avait au moins trente ans quand il quitta la Tyrrhénie. C'est en effet l'âge
que les lois prescrivent ordinairement pour avoir droit de prétendre aux
charges et au maniement des affaires. Mais moi, je le fais encore plus
jeune de cinq ans entiers, et je suppose qu'il sortit de Tarquinie environ à
l'âge de vint-cinq ans. Tous ceux qui ont écrit l'histoire Romaine
conviennent qu'il amena avec lui une femme Tyrrhénienne qu'il avait
épousée du vivant de son père : et selon Gellius, il arriva à Rome la
première année du règne d'Ancus Marcius; ou, selon Licinnius, la
huitième année. Mais supposons qu'il n'y soit venu que la huitième année,
comme dit Licinnius, du moins il est impossible qu'il y soit arrivé plus tard,
puisqu'au rapport de ces deux auteurs, Ancus Marcius l'envoya contre les
Latins en qualité de commandant de la cavalerie la neuvième année de
son règne. S'il n'avait que vingt cinq ans lorsqu'il vint à Rome, et qu'il se
soit fait ami d'Ancus vers la huitième année de son règne, il faut qu'il ait
vécu dix sept autres années avec ce prince qui en a régné vingt-quatre.
Or Tarquin a régné lui-même trente-huit ans, comme tous les historiens
en conviennent : il en avait donc quatre-vingt quand il mourut, c'est ce qui
résulte de notre supputation des années. D'un autre côté sa femme était
vraisemblablement plus jeune que lui de cinq ans ; ainsi elle en avait
soixante-quinze quand il mourut. Supposons donc qu'elle ait eu son
dernier fils a l'âge de cinquante ans, car après cet âge les femmes n'ont
plus d'enfants, et c'est là le terme de leur fécondité, si l'on en croit ceux
qui ont examiné plus particulièrement ces sortes de questions : dans cette
supposition, son dernier fils aurait eu au moins vint-cinq ans quand son
père mourut, et Lucius son aîné en aurait dû avoir vingt-sept ; d'où je
conclus que Tarquin ne laissa point d'enfants en bas âge de sa femme
Tanaquil. Outre cela, si ces enfants avaient été dans l'âge viril, leur père
ne serait pas mort, et leur mère n'aurait été ni assez dénaturée, ni assez
imprudente pour faire passer à un étranger et au fils d'une esclave le
royaume que Tarquin leur aurait laissé par succession. Eux-mêmes ils
n'auraient pas souffert comme des lâches qu'on leur eut enlevé
injustement la couronne dans un âge où ils devaient être en état de
défendre leur droit et avoir assez de courage pour agir contre l'usurpateur.
En effet, Tullius n'avait aucun avantage sur eux du côté de la naissance
{puisqu'il était fils d'une esclave} et il ne l'aurait pas emporté de beaucoup
par son âge, puisqu'il n'aurait eu que trois ans plus que l'aîné des
Tarquins. Il n'y a donc aucune apparence qu'ils eussent pu se résoudre à
lui céder l'empire.
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