[4,5] Ταῦτ´ εἰποῦσα καὶ τῶν παιδίων ἑκάτερον εἰς
τὰς ἀγκάλας ἐμβαλοῦσα τοῦ τε γαμβροῦ καὶ τῆς θυγατρὸς
καὶ πολὺν ἐξ ἀμφοτέρων κινήσασα οἶκτον,
ἐπειδὴ καιρὸς ἦν, ἐξῆλθεν ἐκ τοῦ δωματίου καὶ παρήγγειλε
τοῖς ἔνδον εὐτρεπῆ τὰ πρὸς τὴν θεραπείαν
ἐπιτήδεια ποιεῖν καὶ τοὺς ἰατροὺς συγκαλεῖν. διαλιποῦσα
δὲ τὴν μεταξὺ νύκτα τῇ κατόπιν ἡμέρᾳ πολλοῦ
πρὸς τὰ βασίλεια συνδραμόντος ὄχλου προῆλθεν εἰς
τοὐμφανὲς ταῖς θυρίσιν ἐπιστᾶσα ταῖς φερούσαις εἰς
τὸν πρὸ τῶν θυρῶν στενωπόν, καὶ πρῶτον μὲν ἐδήλωσε
τοῖς παροῦσι τοὺς βουλεύσαντας ἐπὶ τῷ βασιλεῖ
τὸν φόνον, καὶ τοὺς ἐπὶ τοὖργον ἀποσταλέντας ὑπ´
αὐτῶν δεδεμένους παρήγαγεν· ἔπειθ´ ὡς εἶδε πολλοὺς
ὀλοφυρομένους τε τὸ πάθος καὶ τοῖς δεδρακόσιν
ἀπεχθομένους, τελευτῶσα εἶπεν οὐδὲν αὐτοῖς ἐκ τῶν
ἀνοσίων ἐπιβουλευμάτων γεγονέναι οὐ δυνηθεῖσιν ἀποκτεῖναι
Ταρκύνιον. ἀγαπητῶς δὲ τὸν λόγον ἁπάντων
δεξαμένων τότε τὸν Τύλλιον αὐτοῖς συνίστησιν ὡς
ὑπὸ τοῦ βασιλέως ἐπίτροπον ἁπάντων τῶν τ´ ἰδίων
καὶ τῶν κοινῶν ἀποδεικνύμενον, ἕως αὐτὸς ῥαΐσῃ.
ὁ μὲν οὖν δῆμος ἀπῄει περιχαρὴς γενόμενος, εἰ μηδὲν
πέπονθεν ὁ βασιλεὺς δεινόν, καὶ μέχρι πολλοῦ τὴν
δόξαν ἔχων ταύτην διετέλει. ὁ δὲ Τύλλιος ἰσχυρὰν
χεῖρα περὶ αὑτὸν ἔχων καὶ τοὺς ῥαβδούχους ἐπαγόμενος
τοὺς βασιλικοὺς προῆλθεν εἰς τὴν ἀγορὰν καὶ
τοὺς Μαρκίους ἐκήρυττεν ἥκειν ὑφέξοντας δίκην· ὡς
δ´ οὐχ ὑπήκουον, ἐπικηρύξας αὐτοῖς ἀϊδίους φυγὰς καὶ
τὰς οὐσίας ἀναλαβὼν εἰς τὸ δημόσιον ἀσφαλῶς ἤδη
τὴν Ταρκυνίου κατεῖχεν ἀρχήν.
| [4,5] X. TANAQUIL ayant parlé de la sorte mit les deux enfants entre les
mains de son gendre et de sa fille et n'oublia rien pour exciter la
compassion dans leur cœur. Ensuite, lorsqu'il en fut temps, elle sortit de
la chambre et ordonna aux officiers de la maison du roi de tenir tout prêt
pour le panser et de faire venir les médecins. La nuit suivante se passa
dans ces occupations. Le lendemain le peuple accourut en foule au
palais, la reine mit la tête aux fenêtres qui donnaient sur la petite rue qui
était devant la porte, elle se montra à la multitude et d'abord elle lui
dénonça ceux qui avaient attenté à la vie du roi, puis elle fît venir chargés
de chaînes les deux jeunes gens dont ils s'étaient servis pour une action
si détestable. Ensuite, comme elle s'aperçut que la plupart des citoyens
émus de compassion murmuraient contre les auteurs de cet horrible
parricide, elle leur dit enfin que l'entreprise des impies n'avait pas réussi,
que le roi vivait, et qu'il avait échappé à la cruauté des conjurés. Sur cette
nouvelle le peuple donna des marques de sa joie, et Tanaquil profita de
l'occasion pour lui déclarer que le roi avait nommé Tullius administrateur
des affaires de sa maison et de celles de la république jusqu'à ce qu'il fût
parfaitement rétabli de ses blessures. Chacun s'en retourna content et l'on
fut longtemps dans la persuasion que les blessures du roi n'étaient pas
mortelles.
XI. PENDANT ce temps-là escorté d'une troupe de gardes et des
licteurs du roi armés des faisceaux, Tullius se rendit dans la place
publique au milieu dune nombreuse assemblée, où il fit sommer les fils
de Marcius de comparaître pour rendre compte de leur conduite. Ceux-ci
n'ayant point obéi à l'interpellation, il les condamna par contumace à un
exil perpétuel, confisqua leurs biens au profit du public, et dès lors il
commença à régner à la place de Tarquin sans que personne y formât
opposition.
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