[4,58] Ἐν ᾧ δὲ ταῦτ´ ἐπράττετο, θορύβου κατὰ
τὴν πόλιν ὄντος ὡς ἐπὶ τοσούτῳ κακῷ μαθὼν τὰ γινόμενα
διὰ γραμμάτων ὁ Ταρκύνιος παρῆν ἄγων τὴν
δύναμιν καὶ περὶ μέσον νυκτὸς ἀγχοῦ τῆς πόλεως γενόμενος
ἀνοιχθεισῶν τῶν πυλῶν ὑπὸ τῶν ἐπὶ τοῦτο
παρεσκευασμένων εἰσελθὼν δίχα πόνου κύριος ἐγεγόνει
τῆς πόλεως. ὡς δ´ ἐγνώσθη τὸ πάθος ἁπάντων κατοδυρομένων
ἑαυτοὺς οἵα πείσονται, σφαγάς τε καὶ ἀνδραποδισμοὺς
καὶ πάντα ὅσα καταλαμβάνει δεινὰ τοὺς
ὑπὸ τυράννων ἁλόντας προσδοκώντων, εἰ δὲ τὰ κράτιστα
πράξειαν, δουλείας τε καὶ χρημάτων ἀφαιρέσεις
καὶ τὰ ὅμοια τούτοις κατεψηφικότων, οὐδὲν ὁ Ταρκύνιος
ὧν προσεδόκων τε καὶ ἐδεδοίκεσαν καίτοι πικρὸς
ὀργὴν καὶ περὶ τὰς τιμωρίας τῶν ἐχθρῶν ἀπαραίτητος
ὢν ἔδρασεν. οὔτε γὰρ ἀπέκτεινεν οὐδένα
Γαβίων οὔτ´ ἐξήλασε τῆς πόλεως οὔτ´ εἰς ἀτιμίαν ἢ
χρημάτων ἀφαίρεσιν ἐζημίωσε, συγκαλέσας δ´ εἰς ἐκκλησίαν
τὸ πλῆθος καὶ βασιλικὸν ἐκ τυραννικοῦ τρόπου
μεταλαβὼν τήν τε πόλιν αὐτοῖς ἔφη τὴν ἰδίαν
ἀποδιδόναι καὶ τὰς οὐσίας, ἃς ἔχουσι, συγχωρεῖν καὶ
σὺν τούτοις τὴν Ῥωμαίων ἰσοπολιτείαν ἅπασι χαρίζεσθαι,
οὐ δι´ εὔνοιαν τὴν πρὸς τοὺς Γαβίους, ἀλλ´
ἵνα τὴν Ῥωμαίων ἡγεμονίαν ἐγκρατέστερον κατέχῃ
ταῦτα πράττων· κρατίστην ἡγούμενος ἔσεσθαι φυλακὴν
ἑαυτοῦ τε καὶ τῶν παίδων τὴν ἐκ τῶν παρ´ ἐλπίδας
σεσωσμένων καὶ τὰ ἴδια πάντα κεκομισμένων
πίστιν. καὶ ἵνα μηδὲν αὐτοῖς ἔτι δεῖμα περὶ τοῦ μέλλοντος
ὑπάρχῃ χρόνου μηδ´ ἐνδοιάζωσιν, εἰ βέβαια
ταῦτα σφίσι διαμενεῖ, γράψας ἐφ´ οἷς ἔσονται δικαίοις
φίλοι, τὰ περὶ τούτων ὅρκια συνετέλεσεν ἐπὶ τῆς ἐκκλησίας
παραχρῆμα καὶ διωμόσατο κατὰ τῶν σφαγίων.
τούτων ἐστὶ τῶν ὁρκίων μνημεῖον ἐν Ῥώμῃ κείμενον
ἐν ἱερῷ Διὸς Πιστίου, ὃν Ῥωμαῖοι Σάγκον καλοῦσιν,
ἀσπὶς ξυλίνη βύρσῃ βοείᾳ περίτονος τοῦ σφαγιασθέντος
ἐπὶ τῶν ὁρκίων τότε βοός, γράμμασιν ἀρχαϊκοῖς
ἐπιγεγραμμένη τὰς γενομένας αὐτοῖς ὁμολογίας. ταῦτα
πράξας καὶ βασιλέα τῶν Γαβίων τὸν υἱὸν Σέξτον ἀποδείξας
ἀπῆγε τὴν δύναμιν. ὁ μὲν δὴ πρὸς Γαβίους
πόλεμος τοιούτου τέλους ἔτυχεν.
| [4,58] XVI. UNE exécution si sanglante jeta le trouble et l'épouvante dans
toute la ville. Tarquin en fut informé par les lettres de son fils. Il se met
promptement en marche avec son armée, et arrive aux portes vers le
milieu de la nuit. Elles lui sont ouvertes par les gardes qu'on y a mis
exprès ; il entre avec ses troupes et se rend maître de Gabie sans aucune
résistance. Aussitôt le bruit s'en répand par tout. Les citoyens dans une
consternation générale déplorent leur triste destinée. Ils s'attendent à être
égorgés impitoyablement, à être vendus comme esclaves, et à souffrir
tous les maux que peut imaginer un tyran lorsqu'il se voit entièrement le
maître ; ou au moins, quelque bien que les choses tournassent, ils ne
croyaient pas pouvoir éviter de perdre tous leurs biens, de subir le joug
d'une honteuse servitude, et d'être exposés à mille autres traitements
semblables.
XVII. TARQUIN néanmoins, quelque méchant et quelque inflexible
qu'il fut envers ses ennemis en toute autre occasion, ne se porta â
aucune des extrémités qu'ils appréhendaient. Il ne fit ni mourir, ni exiler
aucun des Gabiens. Il n'ôta à personne ni ses biens ni ses dignités. Il
parut même dépouiller le caractère de tyran pour prendre celui d'un roi. Il
assembla les Gabiens, leur déclara qu'il leur rendait et leurs biens et leur
ville, {et qu'outre cela il leur donnait le droit de bourgeoise Romaine, ce
qu'il ne faisait pas tant par amitié pour eux, que} pour s'assurer de plus
en plus l'empire de Rome par leur moyen : persuadé que la fidélité de ces
peuples, à qui il sauvait la vie, leurs biens et leur liberté, serait désormais
son plus ferme appui, et qu'en reconnaissance d'un bienfait si signalé, ils
l'aideraient lui et ses enfants à se maintenir sur le trône. Mais afin qu'ils
n'eussent rien à craindre pour l'avenir, et qu'ils puissent regarder comme
sûre et durable la grâce qu'il leur accordait, il voulut écrire de sa main les
conditions auxquelles il les recevait sous sa protection et dans son amitié,
et sans sortir de l'assemblée il confirma dès lors le traité d'alliance par un
serment solennel sur les victimes qu'il immola. On voit encore à Rome un
monument de ce traité, dans le temple de Jupiter Pistien que les Romains
appellent Sanctus. C'est un bouclier de bois couvert de la peau du bœuf
qu'on égorgea alors pour confirmer l'alliance, les articles du traité y sont
écrits en caractères anciens. Cela étant fait, il établit son fils Sextus roi de
Gabie, et s'en retourna à Rome avec ses troupes. Tel fut le succès de la
guerre de Tarquin contre les Gabiens.
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