[4,57] Ἠρεθισμένου δὲ τοῦ πλήθους καὶ μετὰ
πολλῆς προθυμίας πυνθανομένου, τίνες εἰσὶν οἱ μέλλοντες
αὐτὸν προδιδόναι, {τὸν ἐπιφανέστατον τῶν Γαβίων}
Ἀντίστιον Πέτρωνα ὠνόμασεν, ὃς ἐν εἰρήνῃ τε
πολλὰ καὶ σπουδαῖα πολιτευσάμενος καὶ στρατηγίας
πολλὰς τετελεκὼς ἐπιφανέστατος ἁπάντων ἐγεγόνει·
ἀπολογουμένου δὲ τοῦ ἀνδρὸς καὶ διὰ τὸ μηδὲν ἑαυτῷ
συνειδέναι πᾶσαν ἐξέτασιν ὑπομένοντος ἔφη βούλεσθαι
τὴν οἰκίαν αὐτοῦ διερευνῆσαι πέμψας ἑτέρους, αὐτὸς
δ´ ἐπὶ τῆς ἐκκλησίας σὺν ἐκείνῳ, τέως ἂν οἱ πεμφθέντες
ἔλθωσι, μένειν. ἔτυχε δὲ διεφθαρκὼς αὐτοῦ τῶν
θεραπόντων τινὰς ἀργυρίῳ τὰς ἐπὶ τὸν ὄλεθρον τοῦ
Πέτρωνος κατασκευασθείσας ἐπιστολὰς σεσημειωμένας
τῇ τοῦ πατρὸς σφραγῖδι λαβόντας ἔνδον ἀποθέσθαι.
ὡς δ´ οἱ πεμφθέντες ἐπὶ τὴν ἔρευναν· οὐδὲν γὰρ ἀντεῖπεν
ὁ Πέτρων, ἀλλ´ ἐφῆκε τὴν οἰκίαν ἐρευνᾶν·
εὑρόντες, ἔνθα ἦν ἀποκεκρυμμένα τὰ γράμματα, παρῆσαν
εἰς τὴν ἐκκλησίαν ἄλλας τε πολλὰς φέροντες ἐπιστολὰς
ἐπισεσημασμένας καὶ τὴν πρὸς τὸν Ἀντίστιον
γραφεῖσαν, ἐπιγινώσκειν φήσας τὴν σφραγῖδα τοῦ πατρὸς
ὁ Σέξτος ἔλυσε, καὶ τῷ γραμματεῖ δοὺς ἐκέλευσεν
ἀναγινώσκειν. ἐγέγραπτο δ´ ἐν αὐτῇ, μάλιστα μὲν
ζῶντα παραδοῦναι τὸν υἱὸν αὐτῷ {καὶ κομίζεσθαι τοὺς
διωμολογημένους μισθούς}, ἐὰν δ´ ἀδύνατος ᾖ τοῦτο
τὴν κεφαλὴν ἀποτεμόντα πέμψαι. ταῦτα δὲ ποιήσαντι
αὐτῷ τε καὶ τοῖς συλλαβομένοις τοῦ ἔργου χωρὶς τῶν
ἄλλων μισθῶν, οὓς πρότερον ὑπέσχητο, πολιτείαν τε
τὴν ἐν Ῥώμῃ δώσειν ἔφη καὶ εἰς τὸν τῶν πατρικίων
ἀριθμὸν ἅπαντας ἐγγράψειν οἰκίας τε καὶ κλήρους καὶ
ἄλλας δωρεὰς πολλὰς ἐπιθήσειν καὶ μεγάλας. ἐφ´ οἷς
ἐρεθισθέντες οἱ Γάβιοι τὸν μὲν Ἀντίστιον ἐκπεπληγότα
ἐπὶ τῇ παραδόξῳ συμφορᾷ καὶ οὐδὲ φωνὴν ὑπὸ τοῦ
κακοῦ ῥῆξαι δυνάμενον ἀποκτείνουσι βάλλοντες λίθοις·
τὴν δὲ κατὰ τῶν ἄλλων ζήτησίν τε καὶ τιμωρίαν τῶν
ταὐτὰ τῷ Πέτρωνι βουλευσαμένων ἐπέτρεψαν τῷ Σέξτῳ
ποιήσασθαι. ὁ δὲ τοῖς ἰδίοις ἑταίροις τὴν φυλακὴν
ἐπιτρέψας τῶν πυλῶν, ἵνα μὴ διαφύγοιεν αὐτὸν οἱ
ἐν ταῖς αἰτίαις, πέμπων ἐπὶ τὰς οἰκίας τῶν ἐπιφανεστάτων
ἀνδρῶν ἀπέκτεινε πολλοὺς τῶν Γαβίων καὶ ἀγαθούς.
| [4,57] Le peuple fort irrité
lui demandant avec empressement qui étaient ces traîtres qui
voulaient le livrer, il nomma Antistius Petron, le plus illustre des Gabiens,
qui s'était signalé au dessus de tous les autres par plusieurs campagnes
glorieuses où il avait fait la fonction de général, et par ses belles actions
en temps de paix. Petron qui ne se sentait coupable d'aucune faute, se
défendit fortement, et protesta qu'il consentait volontiers qu'on fit toutes
les recherches qu'on jugerait à propos. Sextus lui répondit qu'il ne trouvait
pas à propos d'aller lui-même faire la visite dans sa maison, mais qu'il
voulait y envoyer d'autres personnes, et que l'accusé n'avait qu'à rester à
l'assemblée avec lui jusqu'à ce qu'ils fussent de retour. Or il avait gagné
par argent quelques-uns de ses domestiques à qui il avait donné des
lettres cachetées du cachet de Tarquin son père, pour les mettre dans la
maison et parmi les papiers de leur maître. Petron, n'ayant donc rien
répondu, mais ayant consenti qu'on fît la recherche chez lui, ceux à qui on
avait donné cette commission trouvèrent les lettres dans l'endroit même
où on les avait mises d'abord. Ils revinrent aussitôt à l'assemblée, avec
plusieurs lettres où l'on voyait encore le cachet, et parmi lesquelles il y en
avait une à l'adresse d'Antistius Pétron. Sextus protesta devant tout le
monde qu'il y reconnaissait le cachet de son père, il ouvrit la lettre et la
donna à un secrétaire qui en fit la lecture à haute voix. Elle portait que
surtout Antistius eût à livrer à Tarquin son fils vivant, ou que s'il n'en
pouvait venir à bout, au moins il lui fît couper la tête pour la lui envoyer :
que pour le récompenser de cet important service, lui et ceux qui lui
auraient aidé, outre ce qu'il avait déjà promis auparavant, il leur
accorderait le droit de bourgeoise Romaine, qu'il les élèverait tous au rang
des patriciens, leur donnerait des maisons, des terres et plusieurs autres
présents dignes de sa magnificence royale.
XV. LA lecture de cette lettre irrita extrêmement les Gabiens, et dans
les premiers transports de leur fureur ils accablèrent sous une grêle de
pierres le pauvre Antistius, qui était si frappé de ce malheur imprévu que
la douleur et l'étonnement ne lui permettaient pas de dire un seul mot. A
l'égard des autres qui étaient accusés du même crime, on chargea
Sextius d'informer contre eux et de les punir comme il le jugerait à propos.
Il posta ses amis à la garde des portes de la ville pour y faire sentinelle,
afin que les prétendus coupables ne pussent s'échapper, pendant ce
temps-là, il envoya des soldats dans les maisons des plus illustres
citoyens, et fit égorger ce qu'il y avait de plus honnêtes gens à Gabie.
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