[4,55] Ἀδημονοῦντος δ´ ἐπὶ τοῖς συμβεβηκόσι τοῦ
Ταρκυνίου καὶ οὔτε διαλύσασθαι τὸν πόλεμον αἰσχρῶς
ὑπομένοντος οὔτ´ ἀντέχειν ἔτι δυναμένου, πάσας δὲ
πείρας ἐπιτεχνωμένου καὶ δόλους παντοδαποὺς συντιθέντος,
ὁ πρεσβύτατος αὐτοῦ τῶν υἱῶν Σέξτος ὄνομα
κοινωσάμενος τὴν γνώμην τῷ πατρὶ μόνῳ καὶ δόξας
τολμηρῷ μὲν ἐπιχειρεῖν πράγματι καὶ μέγαν ἔχοντι
κίνδυνον, οὐ μὴν ἀδυνάτῳ γε, συγχωρήσαντος τοῦ
πατρὸς ποιεῖν ὅσα βούλεται, σκήπτεται διαφορὰν πρὸς
τὸν πατέρα περὶ τῆς καταλύσεως τοῦ πολέμου· μαστιγωθεὶς
δ´ ὑπ´ αὐτοῦ ῥάβδοις ἐν ἀγορᾷ καὶ τἆλλα περιυβρισθείς,
ὥστε περιβόητον γενέσθαι τὸ πρᾶγμα, πρῶτον
μὲν ἐκ τῶν ἑταίρων τοὺς πιστοτάτους ἔπεμπεν
ὡς αὐτομόλους φράσοντας τοῖς Γαβίοις δι´ ἀπορρήτων,
ὅτι πολεμεῖν τῷ πατρὶ διέγνωκεν ὡς αὐτοὺς ἀφικόμενος,
εἰ λάβοι πίστεις, ὅτι φυλάξουσιν αὐτὸν ὥσπερ
καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς ἐκ Ῥώμης φυγάδας καὶ οὐκ ἐκδώσουσι
τῷ πατρὶ τὰς ἰδίας ἔχθρας ἐλπίσαντες ἐπὶ τῷ
σφετέρῳ συμφέροντι διαλύσεσθαι. ἀσμένως δὲ τῶν
Γαβίων τὸν λόγον ἀκουσάντων καὶ μηδὲν εἰς αὐτὸν
παρανομήσειν διομολογησαμένων παρῆν ἑταίρους τε
πολλοὺς καὶ πελάτας ἐπαγόμενος ὡς αὐτόμολος καὶ
ἵνα δὴ μᾶλλον αὐτῷ πιστεύσειαν ἀληθεύειν τὴν ἀπὸ
τοῦ πατρὸς ἀπόστασιν, ἀργύριόν τε καὶ χρυσίον πολὺ
κομίζων· ἐπισυνέρρεόν τ´ αὐτῷ πολλοὶ μετὰ ταῦτα τῶν
ἐκ τῆς πόλεως φεύγειν τὴν τυραννίδα σκηπτόμενοι,
καὶ χεὶρ ἤδη περὶ αὐτὸν ἦν καρτερά. δόξαντες δ´ οἱ
Γάβιοι μέγα προσγεγονέναι σφίσι πλεονέκτημα πολλῶν
ὡς αὐτοὺς ἀφικομένων καὶ οὐ διὰ μακροῦ τὴν Ῥώμην
ὑποχείριον ἕξειν ἐλπίσαντες καὶ ἔτι μᾶλλον ἐξαπατηθέντες
ὑφ´ ὧν ἔπραττεν ὁ τοῦ πατρὸς ἀποστάτης συνεχῶς
ἐπὶ τὴν χώραν ἐξιὼν καὶ πολλὰς περιβαλλόμενος
ὠφελείας· παρεσκεύασε γὰρ ὁ πατὴρ αὐτῷ προειδὼς
εἰς οὓς παρέσται τόπους, τήν τε λείαν ἄφθονον καὶ
τὰ χωρία ἀφύλακτα, καὶ τοὺς ἀπολουμένους ὑπ´ αὐτοῦ
συνεχῶς ἔπεμπεν, ἐπιλεγόμενος ἐκ τῶν πολιτῶν, οὓς
ἐν ὑποψίαις εἶχεν· ἐξ ἁπάντων τε τούτων δόξαντες
φίλον {τε} πιστὸν εἶναί σφισι τὸν ἄνδρα καὶ στρατηλάτην
ἀγαθόν, πολλοὶ δὲ καὶ χρήμασιν ὑπ´ αὐτοῦ δεκασθέντες,
ἐπὶ τὴν αὐτοκράτορα παράγουσιν ἀρχήν.
| [4,55] X. CES fâcheuses extrémités jetèrent Tarquin dans un embarras
terrible. Il n'était plus en état de soutenir la guerre, et d'ailleurs il ne
pouvait se résoudre à faire une paix déshonorable. Il chercha en vain
toutes sortes de moyens et de ruses pour le tirer d'un si mauvais état. Son
fils aîné qu'on appelait Sextus, fut le seul qui imagina un stratagème pour
tromper adroitement les ennemis et rétablir les affaires des Romains qui
semblaient désespérées. Il s'en entretint en particulier avec son père, et
lui communiqua le dessein du monde le plus hardi, mais dont l'exécution
n'était pas absolument impossible. Le roi lui ayant donc permis de
l'entreprendre et de faire tout ce qu'il jugerait à propos, il feignit d'être
brouillé avec son père au sujet de la guerre qu'il voulait qu'on terminât
promptement par un traité d'alliance. Pour mieux colorer cette prétendue
mésintelligence,Tarquin le fit cruellement battre de verges dans la place
publique et le maltraita en plusieurs autres manières afin que le bruit s'en
répandît plus loin.
XI. SEXTUS envoya aussitôt les plus intimes amis, comme autant
de déserteurs, chez les Gabiens, pour leur dire en secret qu'il avait résolu
de faire la guerre à son pere, et que s'ils voulaient lui engager leur parole
de le recevoir avec autant de bonté que les autres transfuges Romains, et
de ne le jamais livrer entre les mains de Tarquin dans l'espérance
d'obtenir de ce tyran une paix avantageuse, il se refugierait dans leur ville.
Les Gambiens acceptèrent volontiers sa proposition et donnèrent des
assurances comme ils ne feraient rien à son égard contre le droit des
gens. Sur leur parole Sextus partit, accompagné d'une troupe de ses
compagnons et de ses clients qui feignaient d'être autant de déserteurs,
et afin qu'on eût moins de peine à croire que sa révolte contre Tarquín
était sincère, il porta avec lui de grosses sommes d'or et d'argent. Bientôt
après il fut suivi de plusieurs Romains, qui sous prétexte de se soustraire
au joug d'une tyrannie insupportable, formèrent auprès de lui une
nombreuse escorte. Déjà les Gabiens croyant que leurs forces étaient
considérablement accrues par une si grande quantité de réfugiés, se
flattaient de réduire dans peu la ville de Rome. Sextus, ce prétendu
révolté contre son père, aidait à les tromper de plus en plus, et nourrissait
leurs espérances par les incursions continuelles qu'il faisait sur les terres
des Romains d'où il enlevait un gros butin. Son père qui savait les
cantons où il devait faire le dégât, avait soin d'y laisser une proie
abondante, sans autre garnison qu'une troupe de citoyens, qui lui étaient
suspects, et qu'il envoyait tous les jours á la défense du pays comme à
une boucherie dont ils ne devaient jamais revenir.
XII. CETTE conduite artificieuse, acquit à Sextus la réputation de
grand capitaine et de fidèle ami des Gabiens, en sorte qu'aidé de
quelques-uns des principaux de la ville qu'il sut gagner adroitement par
ses présents, il se fit élire généralissime de toutes les troupes.
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