[4,53] Πόλις ἦν ἐκ τοῦ Λατίνων γένους Ἀλβανῶν
ἀπόκτισις ἀπέχουσα τῆς Ῥώμης σταδίους ἑκατὸν ἐπὶ
τῆς εἰς Πραίνεστον φερούσης ὁδοῦ κειμένη· Γαβίους
αὐτὴν ἐκάλουν· νῦν μὲν οὐκέτι συνοικουμένη πᾶσα,
πλὴν ὅσα μέρη πανδοκεύεται κατὰ τὴν δίοδον, τότε
δὲ πολυάνθρωπος εἰ καί τις ἄλλη καὶ μεγάλη. τεκμήραιτο
δ´ ἄν τις αὐτῆς τὸ μέγεθος καὶ τὴν ἀξίωσιν
ἐρείπια θεασάμενος οἰκιῶν πολλαχῇ καὶ τείχους κύκλον,
ἔτι γὰρ ἕστηκεν αὐτοῦ τὰ πλεῖστα. εἰς ταύτην
συνερρύησαν Πωμεντίνων τε τῶν ἐκ Συέσσης διαφυγόντων
τινές, ὅτε τὴν πόλιν αὐτῶν Ταρκύνιος κατελάβετο,
καὶ τῶν ἐκ Ῥώμης φυγάδων συχνοί· οὗτοι
δεόμενοι καὶ λιπαροῦντες τιμωρῆσαί σφισι τοὺς Γαβίους
καὶ πολλὰς ὑπισχνούμενοι δωρεάς, εἰ κατέλθοιεν
ἐπὶ τὰ σφέτερα, τήν τε κατάλυσιν τοῦ τυράννου δυνατὴν
ἀποφαίνοντες καὶ ῥᾳδίαν, ὡς καὶ τῶν ἐν τῇ
πόλει συλληψομένων, ἔπεισαν αὐτοὺς συμπροθυμηθέντων
καὶ Οὐολούσκων· ἐπρεσβεύσαντο γὰρ κἀκεῖνοι
δεόμενοι συμμαχίας· τὸν κατὰ τοῦ Ταρκυνίου πόλεμον
ἀναλαβεῖν. ἐγίνοντο δὴ μετὰ ταῦτα μεγάλοις στρατεύμασιν
εἰς τὴν ἀλλήλων γῆν εἰσβολαὶ καὶ καταδρομαὶ
μάχαι τε, ὅπερ εἰκός, τοτὲ μὲν ὀλίγοις πρὸς ὀλίγους,
τοτὲ δὲ πᾶσι πρὸς πάντας, ἐν αἷς πολλάκις μὲν
οἱ Γάβιοι τοὺς Ῥωμαίους τρεψάμενοι μέχρι τῶν τειχῶν
καὶ πολλοὺς καταβαλόντες ἀδεῶς τὴν χώραν ἐπόρθουν,
πολλάκις δ´ οἱ Ῥωμαῖοι τοὺς Γαβίους ὠσάμενοι καὶ
κατακλείσαντες εἰς τὴν πόλιν ἀνδράποδα καὶ λείαν
αὐτῶν πολλὴν ἀπῆγον.
| [4,53] VI. A cent stades de Rome, sur le chemin de Préneste, il y avait une
ville des Latins. C'était une colonie des Albains; on l'appelait Gabie.
Aujourd'hui elle n'est plus habitée toute entière, il n'en reste que quelques
maisons qui servent d'hôtelleries. Du temps de Tarquin elle était fort
peuplée, et ne cédait en rien à aucune autre ville, soit pour sa grandeur,
soit pour le nombre de ses habitants. On peut juger de sa beauté et de sa
vaste étendue par les ruines des bâtiments qu'on y voit encore en
plusieurs endroits, et par l'enceinte de ses murs dont il reste aujourd'hui la
plus grande partie. Quelques-uns des Pométiens, échappés de Suesse
lorsque Tarquin la démolit, s'étaient réfugiés dans cette place avec un
grand nombre d'exilés et de fugitifs de Rome; Ils ne cessaient de faire de
vives instances auprès des Gabiens pour les engager à prendre leur
défense contre Tarquin. Aux prières ils ajoutaient la promesse des plus
magnifiques récompenses s'ils les rétablissaient dans leur patrie. Enfin ils
leur répétèrent tant de fois que le tyran serait facile à vaincre par le
secours des Romains mécontents qui ne manqueraient pas de se joindre
à eux, qu'ils les engagèrent à prendre en main leurs intérêts, ce que les
Gabiens firent d'autant plus volontiers, que les Volsques qui leur avaient
envoyé une ambassade pour demander leur alliance, étaient aussi tout
disposés à déclarer la guerre à Tarquin.
VII. BIENTOT après on mit de nombreuses troupes sur pied. On
porta la désolation sur les terres voisines par les fréquentes courses qu'on
y fit, et comme il arrive ordinairement, il se donna plusieurs batailles,
tantôt entre des camps, tantôt entre les deux armées entières. Plusieurs
fois les Gabiens victorieux repoussèrent l'ennemi jusqu'aux portes de
Rome, et après avoir fait un grand nombre de prisonniers ravagèrent
leurs terres sans trouver de résistance. Plusieurs fois aussi les Romains
donnèrent la chasse aux troupes des Gambiens, les obligèrent à se
renfermer dans leurs murailles, et leur enlevèrent un grand nombre
d'esclaves avec un gros butin.
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