[4,51] Ἔτι δ´ ἐν τῇ Συέσσῃ διατρίβοντος αὐτοῦ παρῆν
τις ἀγγέλλων, ὅτι Σαβίνων ἡ κρατίστη νεότης ἐξελήλυθε
καὶ δυσὶ μεγάλοις στρατεύμασιν εἰς τὴν Ῥωμαίων
ἐμβαλοῦσα λεηλατεῖ τοὺς ἀγρούς, ἡ μὲν Ἠρήτου πλησίον
θεμένη τὸν χάρακα, ἡ δὲ περὶ Φιδήνην· καὶ εἰ μή τις
αὐτοῖς δύναμις ἐναντιωθήσεται, πάντα οἰχήσεται τἀκεῖ.
ὡς δὲ ταῦτ´ ἤκουσεν, ἐν μὲν τῇ Συέσσῃ βραχύ τι καταλείπει
μέρος τῆς στρατιᾶς τά τε λάφυρα καὶ τὴν ἀποσκευὴν
φυλάττειν παρακελευσάμενος, τὴν δ´ ἄλλην
δύναμιν εὔζωνον ἀναλαβὼν ἦγεν ἐπὶ τοὺς πρὸς Ἠρήτῳ
κατεστρατοπεδευκότας καὶ τίθεται τὸν χάρακα μετέωρον
ὀλίγον τὸ μεταξὺ χωρίον καταλιπών. δόξαν δὲ
τοῖς ἡγεμόσι τῶν Σαβίνων μάχην ἕωθεν τίθεσθαι
μεταπεμψαμένοις τὸ ἐν Φιδήνῃ στράτευμα, μαθὼν τὴν
διάνοιαν αὐτῶν ὁ Ταρκύνιος· ἑάλω γὰρ ὁ τὰ γράμματα
κομίζων παρὰ τῶν αὐτόθεν ἡγεμόνων πρὸς τοὺς
ἐκεῖ· σοφίᾳ πρὸς τὸ συμβὰν ἀπὸ τύχης ἐχρήσατο τοιᾷδε.
νείμας τὴν δύναμιν διχῇ τὴν μὲν ἑτέραν ὑπὸ νύκτα
πέμπει λαθὼν τοὺς πολεμίους ἐπὶ τὴν φέρουσαν ἀπὸ
Φιδήνης ὁδόν, τὴν δ´ ἑτέραν ἅμα τῷ λαμπρὰν ἡμέραν
γενέσθαι συντάξας προῆγεν ἐκ τοῦ χάρακος ὡς εἰς
μάχην· καὶ οἱ Σαβῖνοι τεθαρρηκότες ἀντεπεξῄεσαν
τούς τε πολεμίους οὐ πολλοὺς ὁρῶντες καὶ τὴν ἑαυτῶν
δύναμιν τὴν ἀπὸ Φιδήνης ὅσον οὔπω παρέσεσθαι νομίζοντες.
οὗτοι μὲν δὴ καταστάντες ἐμάχοντο, καὶ ἦν
ἰσόρροπος αὐτοῖς ἐπὶ πολὺν χρόνον ὁ ἀγών· οἱ δὲ
προαποσταλέντες ὑπὸ τοῦ Ταρκυνίου νύκτωρ ὑποστρέψαντες
ἐκ τῆς ὁδοῦ καὶ γενόμενοι κατὰ νώτου τῶν
Σαβίνων ἐπῄεσαν. τούτους ἰδόντες οἱ Σαβῖνοι καὶ
γνωρίσαντες ἐκ τῶν ὅπλων καὶ ἀπὸ τῶν σημείων ἐξέστησαν
τῶν λογισμῶν καὶ τὰ ὅπλα ῥίψαντες ἐπειρῶντο
σώζειν ἑαυτούς. ἦν δ´ ἄπορος ἡ σωτηρία τοῖς
πολλοῖς περιεχομένοις κύκλῳ ὑπ´ ἐχθρῶν, καὶ τῶν
Ῥωμαίων ἡ ἵππος ἐπικειμένη πανταχόθεν αὐτοὺς ἀπέκλειεν·
ὥστ´ ὀλίγοι μέν τινες ἔφθησαν τὰ δεινὰ ὑπεκδύντες,
οἱ δὲ πλείους κατεκόπησαν ὑπὸ τῶν πολεμίων
ἢ παρέδοσαν ἑαυτούς. ἀντέσχον δ´ οὐδ´ οἱ
καταλειφθέντες ἐπὶ τοῦ χάρακος, ἀλλὰ καὶ τὸ ἔρυμα
ἑάλω τῇ πρώτῃ ἐφόδῳ· ἔνθα σὺν τοῖς ἰδίοις τῶν
Σαβίνων χρήμασι καὶ τὰ Ῥωμαίων ἅπαντα σὺν πολλοῖς
αἰχμαλώτοις ἔτι ἀκέραια ὄντα τοῖς ἀπολωλεκόσιν ἀνεσώθη.
| [4,51] III. IL était encore à Suesse lorsqu'un courrier lui vint dire que les
Sabins avec l'élite de leurs troupes divisées en deux camps, dont l'un était
vers Erete et l'autre proche de Fidènes, couraient et ravageaient les terres
Romaines, et que tout était perdu si l'on tardait à envoyer un prompt
secours pour les repousser. Sur cette nouvelle il laissa une petite partie
de son armée dans la ville de Suesse à la garde du butin et du bagage, et
avec le reste de ses troupes légèrement armées il marcha contre les
ennemis, qui étaient campés auprès d'Erete, où il se posta sur une
éminence, à quelque distance des Sabins qui n'étaient séparés de son
camp que par une petite plaine. Les chefs de l'armée ennemie résolurent
de lui livrer bataille le lendemain de grand matin. Ils mandèrent à leurs
troupes qui étaient à Fidènes, de les venir joindre. Mais le courrier qui
portait les ordres, fut arrêté, et l'on intercepta les lettres. Instruit de leur
dessein par cette voie, le roi prit alors un parti très sage suivant les
conjonctures présentes. Il partagea son armée en deux corps, dont il en fit
défiler un pendant la nuit par le chemin de Fidènes sans que les ennemis
s'en aperçussent et avec l'autre rangé en bataille, il sortit de ses lignes
dès qu'il fit assez de jour pour en venir aux mains. Les Sabins de leur
coté, pleins de confiance à là vue du petit nombre des ennemis, et
comptant que le reste de leurs troupes allait bientôt arriver de Fidènes,
sortirent à la rencontre de l'armée Romaine. On en vint aux mains et l'on
se battit longtemps avec d'égales forces, jusqu'à ce qu'enfin les troupes
que Tarquin avait détachées la nuit précédente, quittèrent leur marche et
vinrent attaquer l'ennemi par derrière. Alors les Sabins qui les reconnurent
à leurs armes et â leurs étendards, furent saisis d'une telle épouvante,
qu'ayant entièrement perdu la tête, ils jetèrent bas les armes et ne
songèrent plus qu'à chercher leur salut dans la fuite. Mais il n'y eut pas
moyen de se sauver. Investis de tous côtés, surtout par la cavalerie
Romaine qui les pressait vivement et leur bouchait les chemins, la plupart
furent taillés en pièces ou faits prisonnier et il n'y en eut que très peu qui
échappèrent aux vainqueurs. Ceux mêmes qui étaient restés â la garde
de leurs lignes ne purent pas résister longtemps. On attaqua le camp
avec tant de fureur qu'il fut emporté du premier assaut. Les Romains le
saisirent de toutes les richesses des Sabins, et outre un grand nombre de
prisonniers de guerre ils recouvrèrent en son entier tout le butin que
l'ennemi leur avait enlevé.
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