[4,47] Τοιαύτῃ καταδρομῇ τοῦ Τύρνου χρησαμένου
καὶ τῶν πολλῶν σφόδρα κινηθέντων ἐπὶ τοῖς
λόγοις αἰτησάμενος εἰς ἀπολογίαν ὁ Ταρκύνιος τὴν
ἐπιοῦσαν ἡμέραν καὶ λαβών, ὡς ὁ σύλλογος διελύθη,
παρακαλέσας τοὺς ἀναγκαιοτάτους ἐσκόπει μετ´ ἐκείνων,
τίνα χρηστέον τοῖς πράγμασι τρόπον. οἱ μὲν οὖν ἄλλοι
τοὺς λόγους, οὓς ἦν αὐτῷ λεκτέον ἐπὶ τῆς ἀπολογίας,
ὑπετίθεντο καὶ τοὺς τρόπους, οἷς ἔδει τὸ πλῆθος ἀποθεραπεύειν,
ἀπελογίζοντο. αὐτὸς δ´ ὁ Ταρκύνιος τούτων
μὲν οὐδενὸς ἔφη δεῖν τοῖς πράγμασιν, ἰδίαν δὲ
γνώμην ἀπεδείκνυτο μὴ τὰ κατηγορηθέντα λύειν, ἀλλ´
αὐτὸν τὸν κατηγορήσαντα ἀναιρεῖν. ἐπαινεσάντων δὲ
τὴν γνώμην ἁπάντων συνταξάμενος μετ´ αὐτῶν τὰ
κατὰ τὴν ἐπίθεσιν πράγματι ἐπεχείρησεν ἥκιστα δυναμένῳ
πεσεῖν εἰς πρόνοιαν ἀνθρωπίνην καὶ φυλακήν.
τῶν γὰρ παρακομιζόντων τά θ´ ὑποζύγια καὶ τὴν ἀποσκευὴν
τοῦ Τύρνου θεραπόντων τοὺς πονηροτάτους
ἐξευρὼν καὶ διαφθείρας χρήμασιν ἔπειθεν ὑπὸ νύκτα
ξίφη πολλὰ παρ´ αὐτοῦ λαβόντας εἰσενεγκεῖν εἰς τὴν
κατάλυσιν τοῦ δεσπότου καὶ ἀποθέσθαι κρύψαντας ἐν
τοῖς σκευοφόροις. τῇ δ´ ἑξῆς ἡμέρᾳ συναχθείσης τῆς
ἐκκλησίας παρελθὼν ὑπὲρ μὲν τῶν κατηγορηθέντων
βραχεῖαν ἔλεγεν εἶναι τὴν ἀπολογίαν καὶ δικαστὴν
ἁπάντων ἐποιεῖτο τῶν ἐγκλημάτων αὐτὸν τὸν κατήγορον.
Οὑτοσὶ γάρ, ἔφη, Τύρνος, ὦ σύνεδροι, τούτων
ὧν νυνί μου κατηγορεῖ πάντων δικαστὴς γενόμενος
αὐτὸς ἀπέλυσέ με, ὅτε τὴν θυγατέρα τὴν ἐμὴν ἐβούλετο
λαβεῖν γυναῖκα. ἐπεὶ δ´ ἀπηξιώθη τῶν γάμων
κατὰ τὸ εἰκός· τίς γὰρ ἂν τῶν νοῦν ἐχόντων Μαμίλιον
τὸν εὐγενέστατόν τε καὶ κράτιστον Λατίνων ἀπεώσατο,
τοῦτον δὲ κηδεστὴν ἠξίωσε λαβεῖν, ὃς οὐδ´ εἰς
τρίτον πάππον ἀνενεγκεῖν ἔχει τὸ γένος; ἀγανακτῶν
ἐπὶ τούτῳ νῦν ἥκει μου κατηγορῶν. ἔδει δ´ αὐτόν,
εἰ μὲν ᾔδει με τοιοῦτον ὄντα, οἷον νῦν αἰτιᾶται, μὴ
προθυμεῖσθαι λαβεῖν τότε πενθερόν· εἰ δὲ χρηστὸν
ἐνόμιζεν, ὅτε τὴν θυγατέρα με ᾐτεῖτο, μηδὲ νῦν ὡς
πονηροῦ κατηγορεῖν. καὶ περὶ μὲν ἐμαυτοῦ τοσαῦτα
λέγω· ὑμῖν δ´, ὦ σύνεδροι, κινδύνων τὸν μέγιστον
τρέχουσιν οὐ περὶ ἐμοῦ σκεπτέον ἐστὶ νυνί, πότερα
χρηστὸς ἢ πονηρός εἰμι· τουτὶ γὰρ ἐξέσται καὶ μετὰ
ταῦθ´ ὑμῖν σκοπεῖν· ἀλλὰ περὶ τῆς ὑμῶν αὐτῶν ἀσφαλείας
καὶ περὶ τῆς τῶν πατρίδων ἐλευθερίας. ἐπιβουλεύεσθε
γὰρ οἱ κορυφαιότατοι τῶν ἐν ταῖς πόλεσι καὶ
τὰ κοινὰ πράττοντες ὑπὸ τοῦ καλοῦ τούτου δημαγωγοῦ,
ὃς παρεσκεύασταί τε τοὺς ἐπιφανεστάτους ὑμῶν
ἀποκτείνας ἐπιθέσθαι τῇ Λατίνων ἀρχῇ καὶ ἐπὶ τοῦθ´
ἥκει. ταῦτα δ´ οὐκ εἰκάζων, ἀλλ´ ἀκριβῶς ἐπιστάμενος
λέγω μηνύσεώς μοι γενομένης ἐν τῇ παρελθούσῃ νυκτὶ
ὑπό τινος τῶν μετεσχηκότων τῆς συνωμοσίας. τεκμήριον
δ´ ὑμῖν παρέξομαι τῶν λόγων ἔργον ἀναμφίλεκτον,
ἐὰν ἐθελήσητε ἐλθεῖν ἐπὶ τὴν κατάλυσιν αὐτοῦ,
τὰ κεκρυμμένα ἐν αὐτῇ δείξας ὅπλα.
| [4,47] V. CES invectives de Turnus firent impression sur la plupart des
députés. Tarquin demanda du temps jusqu'au lendemain, pour se
défendre. Il l'obtint sans beaucoup de peine; et lorsque l'assemblée se fut
retirée, il fit venir les plus intimes amis pour délibérer avec eux sur les
mesures qu'il fallait prendre pour se justifier des crimes dont on l'avait
accusé. Chacun dit son avis, et lui donna des moyens non seulement de
détruire les calomnies dont Turnus l'avait noirci, mais encore de gagner
les peuples. Mais Tarquin leur répondit qu'il n'était pas besoin de tout cela
dans l'état présent des affaires, que pour lui il croyait qu'il ne s'agissait
pas tant de réfuter les invectives que de se délivrer de l'accusateur
VI. TOUS les amis de Tarquin s'étant rangés de son sentiment, pour
exécuter son détestable projet il employa des moyens qui ne seraient
jamais venus dans la pensée de tout autre que lui, et contre lesquels il
n'était pas possible humainement de se précautionner. Il s'adresse aux
domestiques de Turnus qui conduisaient son équipage et les chevaux de
charge, il les corrompt à force de présents, leur donne une grande
quantité d'épées, et les engage à porter ces armes à la faveur de la nuit
dans la maison où logeait leur maître afin de les cacher parmi son
bagage,
VII. LE lendemain les états se rassemblèrent, Tarquin s'avance au
milieu de l'assemblée, et s'adressant aux députés des villes Latines, il leur
dit qu'il n'avait que deux mots à répondre aux invectives de Turnus, et
qu'il prenait son accusateur même pour juge de toutes les calomnies dont
il l'avait chargé
« En effet, Messieurs, ajouta-t-il, ce Turnus qui m'accuse de tant de
crimes, m'en a lui-même absous par les démarches qu'il a faites pour
épouser ma fille. Aujourd'hui il n'est irrité contre moi que parce que je ne
la lui ai pas accordée. Mais ce n'a été que pour de bonnes raisons que
j'en ai usé ainsi. Jugez en vous-mêmes, et voyez si j'aurais été
raisonnable de refuser l'alliance de Mamilius, le plus illustre des Latins
tant par sa noblesse que par ses autres belles qualités, pour donner ma
fille à celui-ci qui ne peut faire remonter sa généalogie au-delà de son
trisaïeul. Voila pourquoi il a inventé tous les crimes qu'il vient mettre ici sur
mon compte. S'il savait que je fusse tel qu'il me dépeint aujourd'hui,
devait-il chercher alors avec tant d'empressement l'honneur d'être mon
gendre ? Ou s'il m'a cru honnête homme quand il me demanda ma fille,
peut-il aujourd'hui me traiter comme un scélérat? Je n'en dirai pas
davantage pour ma justification. Pour vous, Messieurs, qui courez le plus
grand de tous les périls, il n'est pas temps d'examiner si je suis un
malheureux ou un homme de bien ; vous pourrez le faire dans la suite. Il
s'agit maintenant de pourvoir à votre propre sûreté et à la liberté de la
patrie. Ce beau harangueur tend des embûches aux principaux magistrats
de vos villes : les mesures sont prises pour assassiner les plus
considérables d'entre vous, afin de s'emparer de l'empire des Latins et
c'est le sujet qui l'amène ici. Ce que je vous dis, Messieurs, n'est pas
appuyé sur de simples conjectures, je le fais de science certaine, et c'est
un des conjurés qui m'en a donné avis la nuit dernière. Il ne tient qu'à
vous d'en découvrir la vérité, puisque j'en ai des preuves indubitables, et
si vous voulez seulement vous donner la peine de venir jusqu'à la maison
où il loge, je vous ferai voir les armes qu'il y a cachées.
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