[4,46] Τῇ δ´ ἑξῆς ἡμέρᾳ παρῆν ὁ Ταρκύνιος
καὶ συναχθέντος τοῦ συλλόγου μικρά θ´ ὑπὲρ τοῦ χρονισμοῦ
προειπὼν ὑπὲρ τῆς ἡγεμονίας εὐθὺς ἐποιεῖτο
λόγους ὡς κατὰ τὸ δίκαιον αὑτῷ προσηκούσης, ἐπειδὴ
Ταρκύνιος αὐτὴν κατέσχεν ὁ πάππος αὐτοῦ πολέμῳ
κτησάμενος, καὶ τὰς συνθήκας παρείχετο τὰς γενομένας
ταῖς πόλεσι πρὸς ἐκεῖνον. πολὺν δὲ λόγον ὑπὲρ τοῦ
δικαίου καὶ τῶν ὁμολογιῶν διεξελθὼν καὶ μεγάλα τὰς
πόλεις εὐεργετήσειν ὑποσχόμενος, ἐὰν ἐν τῇ φιλίᾳ διαμείνωσι,
τελευτῶν ἔπειθεν αὐτοὺς ἐπὶ τὸ Σαβίνων
ἔθνος συστρατεύειν. ὡς δ´ ἐπαύσατο λέγων, παρελθὼν
ὁ Τύρνος ὁ καὶ τὸν ὀψισμὸν αὐτοῦ διαβαλὼν οὐκ εἴα
τοὺς συνέδρους παραχωρεῖν τῷ ἀνδρὶ τῆς ἀρχῆς, ὡς
οὔτε κατὰ τὸ δίκαιον αὐτῷ προσηκούσης οὔτ´ ἐπὶ τῷ
συμφέροντι τῶν Λατίνων δοθησομένης· καὶ πολλοὺς
ὑπὲρ ἀμφοτέρων διεξῆλθε λόγους τὰς μὲν συνθήκας,
ἃς ἐποιήσαντο πρὸς τὸν πάππον αὐτοῦ παραδιδόντες
τὴν ἡγεμονίαν, λελύσθαι λέγων μετὰ τὸν ἐκείνου θάνατον
διὰ τὸ μὴ προσγεγράφθαι ταῖς ὁμολογίαις τὴν
αὐτὴν εἶναι δωρεὰν καὶ τοῖς Ταρκυνίου ἐγγόνοις, τὸν
δ´ ἀξιοῦντα τῶν τοῦ πάππου δωρεῶν κληρονομεῖν ἁπάντων
ἀνθρώπων παρανομώτατον ἀποφαίνων καὶ πονηρότατον
καὶ τὰς πράξεις αὐτοῦ διεξιών, ἃς ἐπὶ τῷ
κατασχεῖν τὴν Ῥωμαίων ἀρχὴν ἐπετελέσατο. διεξελθὼν
δὲ πολλὰς αὐτοῦ καὶ δεινὰς κατηγορίας τελευτῶν ἐδίδασκεν,
ὡς οὐδὲ τὴν βασιλείαν εἶχε τὴν Ῥωμαίων
κατὰ νόμους παρ´ ἑκόντων λαβὼν ὥσπερ οἱ πρὸ αὐτοῦ
βασιλεῖς, ὅπλοις δὲ καὶ βίᾳ κατισχύσας τυραννικήν τε
μοναρχίαν καταστησάμενος τοὺς μὲν ἀποκτείνοι τῶν
πολιτῶν, τοὺς δ´ ἐξελαύνοι τῆς πατρίδος, τῶν δὲ περικόπτοι
τὰς οὐσίας, ἁπάντων δ´ ἅμα τὴν παρρησίαν
καὶ τὴν ἐλευθερίαν ἀφαιροῖτο· πολλῆς τε μωρίας ἔφη
καὶ θεοβλαβείας εἶναι παρὰ πονηροῦ καὶ ἀνοσίου τρόπου
χρηστόν τι καὶ φιλάνθρωπον ἐλπίζειν καὶ νομίζειν,
ὡς ὁ τῶν συγγενεστάτων τε καὶ ἀναγκαιοτάτων μὴ
φεισάμενος τῶν ἀλλοτρίων φείσεται· παρῄνει τε τέως
οὔπω τὸν χαλινὸν εἰλήφασι {τῆς δουλείας} περὶ τοῦ
μὴ λαβεῖν αὐτὸν διαμάχεσθαι, ἐξ ὧν ἕτεροι πεπόνθασι
δεινῶν τεκμαιρομένους, ἃ συμβήσεται παθεῖν αὐτοῖς.
| [4,46] Le lendemain Tarquin arriva, et l'on recommença à tenir l'assemblée. Le
roi s'excusa d'abord en peu de mots, et apporta les raisons pour
lesquelles il avait tant tardé. Ensuite il commença à parler du titre de
général des Latins. Il dit qu'il lui appartenait de droit, puisque son aïeul
l'avait acquis par la force de ses armes, et en même temps il produisit le
traité que les villes Latines avaient autrefois conclu avec Tarquin l'Ancien.
Pour soutenir ses prétentions il s'étendit fort au long sur tous les articles
de ce traité qui le favorisaient, puis il protesta qu'il procurerait de grands
avantages aux Latins et qu'il les comblerait de bienfaits, s'ils demeuraient
fermes et constants dans son alliance, enfin il fut si bien ménager les
esprits, qu'il les engagea à se joindre à lui pour déclarer une guerre
ouverte à la nation des Sabins. Tarquin avait à peine achevé son
discours, lorsque Turnus se leva pour prendre la parole. Il fit d'abord de
violentes invectives contre le roi sur ce qu'il n'était pas venu assez tôt à
l'assemblée. Il s'opposa ensuite à ce qu'on lui accordât le titre de général
de toute la nation, disant hautement qu'il ne lui appartenait en aucune
manière et qu'il n'était pas de l'avantage des Latins de le lui donner, pour
faire valoir ces deux raisons, il prouva que le traité qu'ils avaient conclu
avec son aïeul ne subsistait plus après la mort de ce prince, parce qu'il n'y
avait point de clause qui portât qu'on accorderait les mêmes titres à ses
descendants, qu'il fallait que Tarquin fût le plus injuste et le plus méchant
de tous les hommes pour demander d'être l'héritier de tous les honneurs
accordés à son grand-père.
IV. APRES cela, Turnus rapporta ce que Tarquin avait fait pour
s'ouvrir le chemin à la royauté. Il fit voir qu'il n'était monté sur le trône que
par les crimes les plus énormes : il avait fait mourir une partie de ses sujets, qu'il
avait exilé les autres; qu'il s'était emparé de leurs biens et qu'il les avait
tous dépouillés de la liberté : qu'il fallait avoir entièrement perdu l'esprit
pour espérer rien de bon d'un homme si méchant et si féroce, comme s'il
y avait aucune apparence qu'il épargnât des étrangers, lui qui n'avait pas
même épargné ses parents ni ses amis. Qu'ainsi il exhortait les Latins á
s'opposer de toutes leurs forces aux prétentions de cet usurpateur,
puisqu'ils n'avaient point encore subi le joug de la servitude, et qu'ils
pouvaient juger par les malheurs d'autrui à quoi ils devaient s'attendre
eux-mêmes s'ils avaient assez peu de cœur pour se soumettre à un
maître si barbare.
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