[4,43] Ταῦτα δ´ ὁρῶντες οἱ δημοτικοὶ δίκαια
πάσχειν αὐτοὺς ὑπελάμβανον καὶ ἐπέχαιρον ὑπ´ εὐηθείας,
ὡς ἐκείνοις μόνοις τῆς τυραννίδος βαρείας ἐσομένης,
σφίσι δ´ αὐτοῖς ἀκινδύνου. ἧκε δὲ κἀκείνοις
οὐ μετὰ πολὺν χρόνον ἔτι πλείω τὰ χαλεπά. τούς τε
γὰρ νόμους τοὺς ὑπὸ Τυλλίου γραφέντας, καθ´ οὓς
ἐξ ἴσου τὰ δίκαια παρ´ ἀλλήλων ἐλάμβανον καὶ οὐδὲν
ὑπὸ τῶν πατρικίων ὡς πρότερον ἐβλάπτοντο περὶ τὰ
συμβόλαια, πάντας ἀνεῖλε· καὶ οὐδὲ τὰς σανίδας, ἐν
αἷς ἦσαν γεγραμμένοι, κατέλιπεν, ἀλλὰ καὶ ταύτας
καθαιρεθῆναι κελεύσας ἐκ τῆς ἀγορᾶς διέφθειρεν.
ἔπειτα κατέλυσε τὰς ἀπὸ τῶν τιμημάτων εἰσφορὰς καὶ
εἰς τὸν ἐξ ἀρχῆς τρόπον ἀποκατέστησε· καὶ ὁπότε
δεήσειεν αὐτῷ χρημάτων, τὸ ἴσον διάφορον ὁ πενέστατος
τῷ πλουσιωτάτῳ κατέφερε. τοῦτο τὸ πολίτευμα
πολὺ τοῦ δημοτικοῦ πλήθους ἀπανήλωσεν ἐπὶ τῆς πρώτης
εὐθὺς εἰσφορᾶς ἀναγκαζομένου κατὰ κεφαλὴν ἑκάστου
δραχμὰς δέκα εἰσφέρειν. συνόδους τε συμπάσας,
ὅσαι πρότερον ἐγίνοντο κωμητῶν ἢ φρατριαστῶν ἢ
γειτόνων ἔν τε τῇ πόλει καὶ ἐπὶ τῶν ἀγρῶν ἐφ´ ἱερὰ
καὶ θυσίας ἅπασι κοινὰς προεῖπε μηκέτι συντελεῖν,
ἵνα μὴ συνιόντες εἰς ταὐτὸ πολλοὶ βουλὰς ἀπορρήτους
μετ´ ἀλλήλων ποιῶνται περὶ καταλύσεως τῆς ἀρχῆς.
ἦσαν δ´ αὐτῷ πολλαχῇ διεσπαρμένοι κατόπται
τινὲς καὶ διερευνηταὶ τῶν λεγομένων τε καὶ πραττομένων
λεληθότες τοὺς πολλούς, οἳ συγκαθιέντες εἰς
ὁμιλίαν τοῖς πέλας καὶ ἔστιν ὅτε κατὰ τοῦ τυράννου
λέγοντες αὐτοί, πεῖραν τῆς ἑκάστου γνώμης ἐλάμβανον·
ἔπειθ´ οὓς αἴσθοιντο τοῖς καθεστηκόσι πράγμασιν
ἀχθομένους κατεμήνυον πρὸς τὸν τύραννον· αἱ δὲ τιμωρίαι
κατὰ τῶν ἐλεγχθέντων ἐγίνοντο πικραὶ καὶ ἀπαραίτητοι.
| [4,43] IV. LE peuple ravi de voir les grands humiliés, disait hautement qu'ils
l'avaient bien mérité par leur conduite. Il leur insultait même en face,
parce qu'il croyait être lui même hors de tout danger et que la tyrannie ne
tomberait que sur les sénateurs. Mais il ne fut pas longtemps sans en
ressentir les effets encore plus que le sénat. Tullius avait fait des lois pour
établir une parfaite égalité entre les grands et les petits ; elles rendaient la
condition de ceux-ci entièrement égale â celle des sénateurs dans tout ce
qui concernait le droit, les procès, les démêlés qu'ils pouvaient avoir
ensemble, elles retranchaient certains privilèges dont les patriciens
s'étaient servis jusqu'à son règne pour vexer le peuple dans les contrats
qu'ils passaient avec lui. Tarquin abolit toutes ces lois. Il ne laissa pas
même les tables sur lesquelles elles étaient gravées afin qu'il n'en restât
aucun monument, il les fit enlever de la place publique où elles étaient
affichées et les brisa. Ensuite il abolit la capitation qui se payait à
proportion du revenu des particuliers, remit les choses sur l'ancien pied, et
quand il avait besoin d'argent, il obligeait les plus pauvres à contribuer
autant que les plus riches. Ce changement eut bientôt épuisé la plupart
des plébéiens, qui dès la première taxe furent contraints à payer dix
drachmes par tête.
V. TARQUIN poussa plus loin sa tyrannie. Il fit un édit pour défendre
à l'avenir toutes les assemblées des paysans, des curies et des quartiers
de la ville, qu'on avait coutume de faire, tant à Rome qu'à la campagne,
pour offrir des sacrifices et immoler des victimes; c'est qu'il craignait que
tant de citoyens rassemblés en un même lieu ne tramassent de secrètes
conspirations pour secouer le joug de son gouvernement tyrannique.
Outre cela il avait des espions dispersés dans tous les endroits pour
examiner tout ce qui se passait et tout ce que l'on disait. Ces mouchards,
qui n'étaient point connus pour tels, se glissaient dans les compagnies et
dans les conversations, souvent même ils parlaient contre le tyran pour
découvrir ce qu'un chacun en pensait ; ensuite ils lui dénonçaient ceux qui
avaient lâché quelques paroles contre l'état présent des affaires, et
quiconque était atteint et convaincu devait s'attendre à des châtiments
également rigoureux et inévitables.
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