[4,41] Μετὰ δὲ τοῦτον παραλαμβάνει Λεύκιος
Ταρκύνιος τὴν Ῥωμαίων δυναστείαν οὐ κατὰ νόμους,
ἀλλὰ διὰ τῶν ὅπλων κατασχών, κατὰ τὸν τέταρτον
ἐνιαυτὸν τῆς ἑξηκοστῆς καὶ πρώτης ὀλυμπιάδος, ἣν
ἐνίκα στάδιον Ἀγάθαρχος Κερκυραῖος ἄρχοντος Ἀθήνησι
Θηρικλέους. οὗτος ὑπεριδὼν μὲν τοῦ δημοτικοῦ
πλήθους, ὑπεριδὼν δὲ τῶν πατρικίων, ὑφ´ ὧν ἐπὶ τὴν
δυναστείαν παρήχθη, ἔθη τε καὶ νόμους καὶ πάντα
τὸν ἐπιχώριον κόσμον, ᾧ τὴν πόλιν ἐκόσμησαν οἱ πρότεροι
βασιλεῖς, συγχέας καὶ διαφθείρας εἰς ὁμολογουμένην
τυραννίδα μετέστησε τὴν ἀρχήν. καὶ πρῶτον
μὲν φυλακὴν κατεστήσατο περὶ ἑαυτὸν ἀνθρώπων θρασυτάτων
ξίφη καὶ λόγχας φερόντων ἐπιχωρίων τε καὶ
ἀλλοδαπῶν, οἳ νυκτός τε περὶ τὴν βασίλειον αὐλιζόμενοι
αὐλὴν καὶ μεθ´ ἡμέραν ἐξιόντι παρακολουθοῦντες,
ὅπῃ πορεύοιτο, πολλὴν τὴν ἀπὸ τῶν ἐπιβουλευσόντων
ἀσφάλειαν παρείχοντο. ἔπειτα τὰς ἐξόδους
οὔτε συνεχεῖς οὔτε τεταγμένας, ἀλλὰ σπανίους καὶ
ἀπροσδοκήτους ἐποιεῖτο ἐχρηματίζετό τε περὶ τῶν κοινῶν
κατ´ οἶκον μὲν τὰ πολλὰ καὶ αὐτῶν τῶν ἀναγκαιοτάτων
συμπαρόντων, ὀλίγα δ´ ἐν ἀγορᾷ. προσελθεῖν
δ´ οὐδενὶ τῶν βουλομένων ἐπέτρεπεν, εἰ μή τινα
καλέσειεν αὐτός· οὔτε τοῖς προσιοῦσιν εὐμενὴς οὐδὲ
πρᾷος ἦν, ἀλλ´ οἷα δὴ τύραννος, βαρύς τε καὶ χαλεπὸς
ὀργὴν καὶ φοβερὸς μᾶλλον ἢ φαιδρὸς ὀφθῆναι· καὶ
τὰς περὶ τῶν ἀμφισβητήτων συμβολαίων κρίσεις οὐκ
ἐπὶ τὰ δίκαια καὶ τοὺς νόμους, ἀλλ´ ἐπὶ τοὺς ἑαυτοῦ
τρόπους ἀναφέρων ἐποιεῖτο. διὰ ταῦτ´ ἐπωνυμίαν τίθενται
αὐτῷ Ῥωμαῖοι τὸν Σούπερβον, τοῦτο δὲ δηλοῦν
βούλεται κατὰ τὴν ἡμετέραν γλῶτταν τὸν ὑπερήφανον.
τὸν δὲ πάππον αὐτοῦ Πρίσκον ἐκάλουν· ὡς
δ´ ἡμεῖς ἂν εἴποιμεν, προγενέστερον· ὁμώνυμος γὰρ
ἦν τῷ νεωτέρῳ κατ´ ἄμφω τὰ ὀνόματα.
| [4,41] CHAPITRE DIXIEME.
I. LUCILIUS Tarquin, successeur de Tullius, s'empara de la royauté
par la force des armes contre toutes les lois. Il prit les rênes du
gouvernement la quatrième année de la soixante-unième olympiade en
laquelle Agatharque {de Corcyre} remporta le prix de la course dans le
temps qu'Hercule était archonte à Athènes. Aussitôt après son avènement
à la couronne, ce tyran fit paraître un souverain mépris, non seulement
pour le peuple, mais aussi pour les patriciens qui lui avaient ouvert le
passage au trône. Il renversa toute l'ancienne discipline, il abolit les plus
sages lois et les plus beaux règlements, il confondit tout le bon ordre
établi par ses prédécesseurs, en un mot il changea le gouvernement de la
république en une tyrannie ouverte. Premièrement il choisit pour ses
gardes du corps, tant parmi les étrangers que parmi les naturels du pays,
tout ce qu'il y avait de jeunes déterminés, ils portaient des épées et des
lances, leur fonction, était de faire sentinelle pendant la nuit à l'entrée de
sont palais, de l'accompagner le jour en quelque endroit qu'il allât et de le
mettre en sûreté contre toutes les embuches qu'on pourrait lui tendre; en
second lieu il ne sortait pas souvent, ni à des heures réglées, s'il
paraissait en public, c'était rarement, et lorsqu'on s'y attendait le moins.
La plupart du temps il ne traitait des affaires de l'état que dans son palais
avec ses plus intimes amis, qui seuls étaient admis dans ses
délibérations, il était rare qu'il en traitât dans le barreau ou dans la place
publique. On ne laissait entrer chez lui que ceux qu'il avait mandés,
encore ne les recevait-il pas gracieusement ni avec douceur, mais comme
un tyran insupportable, avec un visage plein de colère et plus capable
d'inspirer la terreur que de donner le moindre contentement. Ce n'était
point par les lois qu'il jugeait les procès qui concernaient les contrats et
les conventions contestés, ce n'était que par caprice et par humeur, et
sans consulter la justice : il n'avait point d'autres règles qu'un pouvoir
arbitraire.
II. CE fut pour cette raison que les Romains lui donnèrent le surnom
de Superbe, qui veut dire en notre langue un homme fier, hautain,
impérieux. Ce surnom le distinguait de son aïeul qu'on appelait Priscus,
c'est-à-dire l'ancien, car les deux autres noms de Lucius et de Tarquín lui
étaient communs avec son grand-père.
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