[4,38] Ὡς δὲ καὶ ταύτης διήμαρτε τῆς πείρας
ὁ Ταρκύνιος, ἀδημονῶν ἐπὶ τῷ μηδεμίαν αὐτῷ βοήθειαν
παρὰ τῆς βουλῆς, ᾗ μάλιστα ἐπεποίθει, γενέσθαι,
χρόνον μέν τινα διέτριβε κατ´ οἰκίαν τοῖς ἑταίροις
μόνοις διαλεγόμενος· ἔπειτα γνώμην ἀποδειξαμένης
τῆς γυναικὸς μηδὲν ἔτι μαλακίζεσθαι μηδὲ κατοκνεῖν,
ἀλλὰ καταβαλόντα τοὺς λόγους ἐπὶ τὰ ἔργα χωρεῖν
διαλλαγὰς πρῶτον εὑρόμενον διὰ φίλων πρὸς τὸν Τύλλιον,
ἵνα πιστεύσας ὡς φίλῳ γεγονότι ἧττον αὐτὸν
φυλάττοιτο, δόξας δ´ αὐτὴν τὰ κράτιστα ὑποθέσθαι
μετανοεῖν τε περὶ τῶν γεγονότων ἐσκήπτετο καὶ πολλὰ
διὰ φίλων λιπαρῶν τὸν Τύλλιον ἠξίου συγγνώμονα
γενέσθαι. ῥᾷστα δὲ πείσας τὸν ἄνδρα φύσει τ´ εὐδιάλλακτον
ὄντα καὶ οὐκ ἀξιοῦντα πόλεμον ἄσπειστον
θυγατρὶ καὶ γαμβρῷ πολεμεῖν, ἐπειδὴ τὸν οἰκεῖον καιρὸν
ἔλαβε διεσκεδασμένου τοῦ δήμου κατὰ τοὺς ἀγροὺς
ἐπὶ τὴν τῶν καρπῶν συγκομιδήν, ἐξῆλθε μετὰ τῶν
ἑταίρων ἐχόντων ὑπὸ ταῖς περιβολαῖς ξίφη, τούς τε
πελέκεις ὑπηρέταις τισὶν ἀναδοὺς καὶ αὐτὸς τὴν βασιλικὴν
ἐσθῆτα λαβὼν καὶ τἆλλα παράσημα τῆς ἀρχῆς
ἐπαγόμενος· ἐλθὼν δ´ εἰς τὴν ἀγορὰν καὶ πρὸ τοῦ
βουλευτηρίου στὰς ἐκέλευσε τῷ κήρυκι τοὺς βουλευτὰς
καλεῖν εἰς τὸ συνέδριον. ἦσαν δ´ ἐκ παρασκευῆς ἕτοιμοι
περὶ τὴν ἀγορὰν οἱ συνειδότες αὐτῷ τὴν πρᾶξιν
καὶ παρορμῶντες ἐκ τῶν πατρικίων συχνοί. οἱ μὲν δὴ
συνῄεσαν· τῷ δὲ Τυλλίῳ λέγει τις ἐλθὼν ὄντι κατ´
οἰκίαν, ὅτι Ταρκύνιος ἐν ἐσθῆτι βασιλικῇ προελήλυθε
καὶ καλεῖ τοὺς βουλευτὰς εἰς τὸ συνέδριον. ὁ δὲ θαυμάσας
τὴν τόλμαν αὐτοῦ τάχιον ἢ φρονιμώτερον προῆλθεν
ἐκ τῆς οἰκίας οὐ πολλοὺς περὶ ἑαυτὸν ἔχων.
ἐλθὼν δ´ εἰς τὸ συνέδριον καὶ τὸν Ταρκύνιον ἰδὼν
ἐπὶ τῆς βασιλικῆς καθήμενον ἕδρας καὶ τὸν ἄλλον
βασίλειον ἔχοντα κόσμον· Τίς, εἶπεν, ὦ μιαρώτατε
ἀνθρώπων, τοῦτό σοι τὸ σχῆμα συνεχώρησε λαβεῖν;
καὶ ὃς ὑπολαβών· Ἡ σὴ τόλμα καὶ ἀναίδεια, εἶπεν,
ὦ Τύλλιε, ὃς οὐδ´ ἐλεύθερος ὤν, ἀλλὰ δοῦλος ἐκ δούλης,
ἣν οὑμὸς ἐκτήσατο πάππος ἐκ τῶν αἰχμαλώτων,
ἐτόλμησας βασιλέα Ῥωμαίων σεαυτὸν ἀναδεῖξαι. ὡς δὲ
ταῦτ´ ἤκουσεν ὁ Τύλλιος, ἐκπικρανθεὶς ἐπὶ τῷ λόγῳ
παρὰ τὸ συμφέρον ὥρμησεν ἐπ´ αὐτὸν ὡς ἐξαναστήσων
τῆς ἕδρας. καὶ ὁ Ταρκύνιος ἄσμενος τοῦτ´ ἰδὼν ἀναπηδᾷ
τ´ ἀπὸ τοῦ δίφρου, καὶ συναρπάσας τὸν γέροντα
κεκραγότα καὶ τοὺς ὑπηρέτας ἐπικαλούμενον ἔφερε.
γενόμενος δ´ ἔξω τοῦ βουλευτηρίου μετέωρον ἐξαρπάσας
αὐτὸν ἀκμάζων τὸ σῶμα καὶ ῥωμαλέος ἀνὴρ
ῥιπτεῖ κατὰ τῶν κρηπίδων τοῦ βουλευτηρίου τῶν εἰς
τὸ ἐκκλησιαστήριον φερουσῶν. μόγις δ´ ἐκ τοῦ πτώματος
ἀναστὰς ὁ πρεσβύτης ὡς εἶδε μεστὰ τὰ πέριξ
ἅπαντα τῆς περὶ τὸν Ταρκύνιον ἑταιρείας, τῶν δ´ αὐτοῦ
φίλων πολλὴν ἐρημίαν, ἀπῄει στένων κρατούντων καὶ
παραπεμπόντων αὐτὸν ὀλίγων, αἵματι πολλῷ ῥεόμενος
καὶ κακῶς ὅλον ἑαυτὸν ἐκ τοῦ πτώματας ἔχων.
| [4,38] XXI. L*ENTREPRISE de Tarquin ayant encore échoué en cette
occasion ; transporté de colère sur ce que le sénat, en qui il mettait toute
sa confiance, ne lui avait donné aucun secours, il se tint quelque temps
enfermé chez lui sans parler à personne qu'à ses plus fidèles amis. Sa
femme ne cessait cependant de lui donner de nouveaux conseils. Elle lui
fit sentir qu'il n'y avait point de temps à perdre, qu'au lieu d'agir mollement
et de s'en tenir à de simples paroles, il fallait en venir aux effets, que le
meilleur parti était de se réconcilier d'abord avec Tullius par l'entremise de
ses amis, afin que comptant sur la sincérité de cette réconciliation; il fit
moins en garde; Tarquin profita de ces pernicieux conseils, il feignit de se
repentir du passé, et par le moyen de ses amis il fit toutes les instances
possibles auprès de Tullius pour en obtenir le pardon. Le roi naturellement
porté à la douceur, ne pouvant se résoudre à être toujours en guerre
avec son gendre et sa fille, n'eut pas de peine à se laisser fléchir. Mais
cette réconciliation plâtrée fut la cause de sa perte.
XXII. TARQUIN prit le temps que le peuple était dispersé dans les
campagnes à faire la moisson, il sortit avec ses partisans qui portaient
des poignards cachés sous leurs habits, donna des haches à quelques-uns
de ses domestiques et prit un habit royal avec toutes les autres
marques de la souveraine puissance. Dans cet appareil, il s'avance
jusqu'à la place publique, et s'étant arrêté devant la salle du sénat il
ordonne à l'huissier de convoquer les sénateurs. Plusieurs patriciens à qui
il avait communiqué son dessein et qui l'avaient même exhorté à en
presser l'exécution, s'étaient déjà rendus dans la place où ils
grossissaient le nombre de ses partisans.
XXIII. PENDANT que les sénateurs s'assemblaient, Tullius demeurait
tranquille chez lui sans se douter de ce que l'on tramait contre sa
personne. On lui vient annoncer que Tarquin paraît en public avec les
marques de la royauté et qu'il a convoqué le sénat. Le roi surpris d'une
telle audace, sort incontinent de son palais avec plus de précipitation que
de prudence, accompagné d'une faible escorte Il arrive au sénat, il
aperçoit Tarquin assis sur le trône et revêtu des ornements royaux. II lui
crie d'une voix menaçante: « Qui t'a donc permis, ô le plus scélérat de
tous les hommes, qui t'a permis de prendre les marques de la royauté?
C'est vous-même, Tullius, repartit Tarquin, c'est vous-même, qui m'avez
fait si hardi, vous, qui né d'une esclave que mon aïeul avait eue pour sa
part du butin, avez poussé l'impudence et l'effronterie jusqu'à oser vous
faire roi des Romains ». Outré de cette réponse, Tullius s'emporte et veut
se jeter sur lui pour l'arracher du trône royal. Tarquin est ravi qu'il ait fait
le premier pas, il saute à bas du trône, il saisit par le milieu du corps cet
infortuné vieillard qui crie de toutes ses forces et qui appelle inutilement
ses gardes à son secours, il l'emporte dehors, et comme la vigueur de
son âge le rend plus fort, il l'enlève de terre et le précipite du haut des
degrés dans la place publique. Tullius se relève de cette chute avec
grand' peine, il regarde autour de lui, il n'y voit que des partisans de
Tarquin, mais pas un seul de ses amis. Il tâche donc de regagner son
palais, plein de désespoir, couvert de sang et à demi mort de sa chute. Il
n'a pour toute escorte que quelques-uns de ses gens qui le conduisent et
qui soutienne son corps tout froissé.
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