[4,35] Ἀλλ´ ἵνα ταῦτα πάντ´ ἀφῶ καὶ ὁμόσε χωρήσω
τοῖς σοῖς λόγοις, εἴ σε παρακαταθήκην παππῴαν
ἀπεστέρουν καὶ παρὰ πάντα τὰ ἐν ἀνθρώποις
δίκαια τὴν σὴν βασιλείαν κατεῖχον, ἐχρῆν σε παραγενόμενον
ἐπὶ τοὺς δεδωκότας μοι τὴν ἐξουσίαν ἀγανακτεῖν
καὶ κατηγορεῖν ἐμοῦ τε, ὅτι τὰ μὴ προσήκοντα
κατέχω, καὶ τῶν δεδωκότων, ὅτι τἀλλότρια ἐχαρίσαντό
μοι· ῥᾳδίως γὰρ ἂν ἔπεισας αὐτούς, εἴ τι δίκαιον
εἶχες λέγειν. εἰ δὲ τούτῳ μὲν οὐκ ἐπίστευες τῷ λόγῳ,
οὐ δικαίως δ´ ἄρχεσθαι τὴν πόλιν ἐνόμιζες ὑπ´ ἐμοῦ
καὶ σεαυτὸν ἐπιτηδειότερον εἶναι τὴν ἐπιμέλειαν τῶν
κοινῶν παραλαβεῖν, ἐκεῖνα ποιεῖν σοι προσῆκεν· ἐξέτασιν
τῶν ἐμῶν ποιησάμενον ἁμαρτημάτων καὶ τὰς
σαυτοῦ πράξεις ἐξαριθμησάμενον καλεῖν με εἰς διαδικασίαν·
ὧν οὐδέτερον ἐποίησας, ἀλλὰ τοσούτοις χρόνοις
ὕστερον ὥσπερ ἐκ μακρᾶς ἀνανήψας μέθης νῦν
ἥκεις μου κατηγορῶν καὶ οὐδὲ νῦν, ὅπου δεῖ. οὐ γὰρ
ἐνθάδε σοι ταῦτα προσήκει λέγειν· καὶ μηδὲν ἀχθεσθῆτέ
μοι ταῦτα λέγοντι, ὦ βουλή· οὐ γὰρ ὑμῶν
ἀφαιρούμενος τὴν διάγνωσιν, ἀλλὰ τὴν τούτου συκοφαντίαν
ἐπιδείξασθαι βουλόμενος ταῦτα λέγω· προειπόντα
δέ ς´ ἔδει μοι τὸν δῆμον εἰς ἐκκλησίαν συναγαγεῖν
κἀκεῖ μου κατηγορεῖν. πλὴν ἐπεὶ σὺ τοῦτο
πέφευγας, ἐγὼ περὶ σοῦ ποιήσω καὶ συγκαλέσας τὸν
δῆμον παρέξομαί σοι δικαστὴν ὧν ἄν μου κατηγορήσῃς,
καὶ ἀποδώσω πάλιν αὐτῷ διαγνῶναι, πότερος
ἡμῶν ἐπιτηδειότερός ἐστιν ἔχειν τὴν ἀρχήν· καὶ ὅ τι
ἂν ἅπαντες οὗτοι γνῶσι πράττειν με δεῖν, ποιήσω.
καὶ πρὸς μὲν σὲ ταῦθ´ ἱκανά· ἐν ἴσῳ γάρ ἐστι τό
τε πολλὰ δίκαια πρὸς τοὺς ἀγνώμονας ἀντιδίκους λέγειν
καὶ τὸ ὀλίγα· τὸ γὰρ πεῖσον αὐτοὺς εἶναι χρηστοὺς
οὐ πεφύκασι φέρειν οἱ λόγοι.
| [4,35] XV. MAIS passons cet article, et venons à ce que vous alléguez en
votre faveur. Si je vous avais dépouillé de l'héritage de votre aïeul, et si
contre le droit des gens je m'étais emparé d'une couronne qui vous
appartenait, il fallait vous adresser à ceux qui m'avaient élevé sur le trône,
leur donner des preuves de votre juste colère, m'accuser de tenir un rang
qui ne m'appartenait pas, et leur montrer à eux-mêmes qu'ils m'avaient
fait présent d'un bien sur lequel ils n'avaient aucun droit. Vous n'eussiez
pas eu de peine à les convaincre, si vous aviez de justes raisons à leur
apporter. Mais si ce moyen ne vous paraissait pas sûr, étant persuadé
que je ne gouvernais pas selon la justice et que la république serait
beaucoup mieux entre vos mains que dans les miennes, vous deviez d'un
côté éclairer ma conduite et examiner mes fautes, et de l'autre faire
connaître vos belles actions et votre mérite, il fallait ensuite m'obliger à
comparaitre devant les sénateurs qui sont nos juges, afin qu'il
décidassent en faveur du plus capable. Mais vous n'en avez rien fait ;et
après tant d'années, vous réveillant comme d'une longue ivresse vous
venez aujourd'hui m'accuser, encore ne le faites-vous pas dans le lieu où
il convient que je sois jugé.
XVI. EN effet, ce n'est point a ce tribunal que vous deviez me citer.
(Pardonnez-moi cette expression, illustres sénateurs: ce que j'en dis n'est
pas pour vous ôter la connaissance de nos contestations, ce n'est que
pour vous faire connaître l'injuste procédé de mon accusateur). C'était
devant le peuple que vous deviez former vos plaintes, et il fallait m'avertir
de le convoquer. Mais comme c'est là justement ce que vous avez voulu
éviter, je vais l'assembler moi-même, afin qu'il prenne connaissance des
chefs d'accusation que vous formez contre moi. Je le prierai instamment
de décider encore une fois qui de nous deux est le plus digne de régner,
et je le ferai volontiers ce que tous les Romains m'ordonneront. Mais en
voilà assez là-dessus. Quand on a affaire à un accusateur de mauvaise
foi, alléguer peu ou beaucoup de raisons pour défendre son droit, c'est la
même chose, il n'est pas nomme à profiter de ce qu'on lui dit pour rentrer
en lui-même.
|