[4,34] Περὶ δὲ τῆς βασιλείας, ἐπειδὴ τοῦτ´
ἐστιν, ὃ κατηγορεῖς μου, ἄκουσον, ὅπως τ´ αὐτῆς ἔτυχον,
καὶ δι´ ἃς αἰτίας οὔθ´ ὑμῖν οὔτ´ ἄλλῳ τινὶ μεθίεμαι.
ὅτε τὴν ἐπιμέλειαν τῆς πόλεως παρέλαβον,
αἰσθόμενος ἐπιβουλάς τινας κατ´ ἐμαυτοῦ γινομένας,
παραδοῦναι τῷ δήμῳ τὰ πράγματ´ ἐβουλήθην· καὶ
συναγαγὼν ἅπαντας εἰς ἐκκλησίαν ἀπεδίδουν αὐτοῖς
τὴν ἀρχὴν ἀντὶ τῆς ἐπιφθόνου ταύτης καὶ πλείω τὰ
λυπηρὰ τῶν ἡδέων ἐχούσης ἡγεμονίας τὴν ἀκίνδυνον
ἀντικαταλλασσόμενος ἡσυχίαν. οὐκ ἠνέσχοντο Ῥωμαῖοι
ταῦτά μου πράττειν βουλομένου οὐδ´ ἠξίωσαν ἕτερόν
τινα τῶν κοινῶν ἀποδεῖξαι κύριον, ἀλλ´ ἐμὲ κατέσχον
καὶ τὴν βασιλείαν ἔδωκάν μοι ψῆφον ἐπενέγκαντες,
τὴν ἑαυτῶν, Ταρκύνιε, κτῆσιν, οὐ τὴν ὑμετέραν·
ὥσπερ γε καὶ τὸν πάππον ὑμῶν παρήγαγον ἐπὶ τὰ
πράγματα ξένον ὄντα καὶ οὐδὲν προσήκοντα τῷ πρότερον
βασιλεῖ· καίτοι παῖδάς γ´ Ἄγκος Μάρκιος ὁ
βασιλεὺς κατέλιπεν ἀκμάζοντας, οὐχ υἱωνοὺς καὶ νηπίους,
ὥσπερ ὑμᾶς Ταρκύνιος. εἰ δὲ κοινὸς ἁπάντων
νόμος ἦν τοὺς διαδεχομένους τήν τε φανερὰν οὐσίαν
καὶ τὰ χρήματα τῶν ἐκλειπόντων βασιλέων σὺν
τούτοις καὶ τὰς βασιλείας αὐτῶν παραλαμβάνειν, οὐκ
ἂν Ταρκύνιος ὁ πάππος ὑμῶν τὴν ἡγεμονίαν παρέλαβεν
Ἄγκου τελευτήσαντος, ἀλλ´ ὁ πρεσβύτερος τῶν
ἐκείνου παίδων. ἀλλ´ ὁ δῆμος ὁ Ῥωμαίων οὐ τὸν διάδοχον
τοῦ πατρός, ἀλλὰ τὸν ἄξιον τῆς ἀρχῆς ἐπὶ τὰ
πράγματ´ ἐκάλει· ἡγεῖτο γὰρ τὰ μὲν χρήματα τῶν
κτησαμένων εἶναι, τὴν δὲ βασιλείαν τῶν δεδωκότων·
καὶ τὰ μὲν ὅταν τι πάθωσιν οἱ κύριοι τοὺς κατὰ γένος
ἢ κατὰ διαθήκας διαδόχους προσήκειν παραλαμβάνειν,
τὴν δ´ ὅταν ἐκλίπωσιν οἱ λαβόντες τοὺς δεδωκότας
ἔχειν· εἰ μή τι τοιοῦτον ἔχεις δικαίωμα
φέρειν, ὅτι τὴν βασιλείαν ὁ πάππος ὑμῶν ἐπὶ ῥητοῖς
τισι παρέλαβεν, ὥστε καὶ αὐτὸς ἔχειν ἀναφαίρετον καὶ
ὑμῖν τοῖς ἐγγόνοις καταλιπεῖν, καὶ ὁ δῆμος οὐ κύριος
ἦν ἀφελόμενος αὐτὴν ὑμῶν ἐμοὶ δοῦναι. εἰ γάρ τι
τοιοῦτον εἰπεῖν ἔχεις, τί οὐ φέρεις τὰς συνθήκας εἰς
μέσον; ἀλλ´ οὐκ ἂν ἔχοις. εἰ δ´ οὐ κατὰ τὸν βέλτιστον
αὐτῆς ἔτυχον ἐγὼ τρόπον, ὡς λέγεις, μήθ´ ὑπὸ τῶν
μεσοβασιλέων αἱρεθεὶς μήτε τῆς βουλῆς μοι παραδούσης
τὰ πράγματα μήτε τῶν ἄλλων γενομένων τῶν κατὰ
νόμον, τούτους ἀδικῶ δήπου καὶ οὐχὶ σέ, καὶ ὑπὸ
τούτων παυσθῆναι δίκαιός εἰμι τῆς ἀρχῆς, οὐχ ὑπὸ
σοῦ. ἀλλ´ οὔτε τούτους οὔτ´ ἄλλον οὐδένα ἀδικῶ.
μάρτυς δὲ τῆς ἐκ τοῦ δικαίου μοι καὶ τότε δοθείσης
καὶ νῦν ὑπαρχούσης ἐξουσίας ὁ χρόνος, ἐν ᾧ τετταρακονταετεῖ
γεγονότι Ῥωμαίων οὐδεὶς ἡγήσατό με πώποτ´ ἀδικεῖν,
οὐδ´ ἐκβαλεῖν με τῆς ἀρχῆς ἐπεχείρησεν οὔθ´ ὁ δῆμος οὔθ´ ἡ βουλή.
| [4,34] XIII. MAIS puisque vous me reprochez d'avoir usurpé la couronne,
apprenez comment j'y suis parvenu et pour quelle raison je ne veux pas
vous la céder, ni a vous, ni à quelqu'autre que ce puisse être. Lorsque je
commençai à prendre soin de la république, Je m'aperçus qu'on me
dressait des embûches, et je voulus remettre toute l'autorité du
gouvernement entre les mains du peuple. Dans cette vue je convoquai
une assemblée de tous les citoyens, je leur proposai de me démettre de
la souveraine puissance, préférant une vie privée et sans danger à une
dignité chargée de l'envie publique et traversée de mille soins. Mais les
Romains ne me permirent pas d'exécuter mon dessin, et jamais ils ne
voulurent consentir à mettre un autre que moi à la tête des affaires. Ils
m'obligèrent absolument à en continuer l'administration, et par leurs
suffrages ils me donnèrent la couronne comme un bien qui leur
appartenait et non pas à vous. C'est ainsi qu'ils la donnèrent autrefois à
Tarquin votre grand-père, quoique étant étranger il ne fût en aucune façon
parent de son prédécesseur. Le roi Ancus Marcius avait néanmoins laissé
après lui des enfants mâles dans un âge florissant, et non pas des petits
fils encore tout jeunes comme vous l'étiez quand Tarquín mourut. Si
c'était donc une loi commune à tous les peuples, que ceux qui succèdent
aux rois en leur famille et en leurs biens, héritassent aussi de leur
couronne, Tarquín votre aïeul n'aurait pas été roi après la mort d'Ancus
Marcius au préjudice de l'ainé de ses fils. Cependant le peuple Romain ne
donna pas la puissance souveraine à l'héritier du feu roi, mais à celui qui
en était le plus digne, tant il était persuadé que les biens sont à ceux qui
les ont acquis, mais que la royauté ne se doit donner qu'à ceux qui la
méritent, et que quand il meurt quelqu'un, les richesses retournent à ceux
qui sont ses héritiers, ou par leur naissance ou par la disposition de son
testament, au lieu qu'après la mort d'un roi sa couronne retombe entre les
mains de ceux qui la lui ont donnée d'abord. Sur quoi fondez-vous vos
prétentions ? Prendrez-vous le parti de soutenir que votre aïeul a reçu la
couronne à condition qu'on ne puisse jamais la lui ôter, et ce qu'il serait le
maître de la laisser en héritage à ses descendants, sans que le peuple
eût la liberté de vous en priver pour me la mettre sur la tête ? Si vous
avez quelque chose de semblable à alléguer, que ne le faites-vous? Que
ne produisez-vous les pièces? Mais je suis bien sûr que vous n'en pouvez
montrer aucune pour appuyer des prétentions de cette nature.
XIV. JE suis parvenu, dites-vous, à la royauté par des voies
illégitimes, je n'ai point été élu par des entre-rois, ni par les sénateurs, ni
selon les formalités prescrites par les lois. Que vous importe ? C'est
l'affaire de ces Messieurs, et non pas la vôtre. L'offense, s'il y en a, ne
regarde que le sénat ; c'est donc à lui, et non à vous, d'en tirer vengeance
en me déposant comme un usurpateur Mais je ne crois pas faire de tort,
ni aux sénateurs ni à aucun autre. Il y a quarante ans que je suis revêtu
de l'autorité souveraine, c'est une preuve évidente que je ne suis entré
dans le gouvernement, et que je ne possède aujourd'hui la couronne, que
par des voies légitimes. Pendant tout ce temps-là aucun citoyen Romain
ne m'a accusé d'injustice, et jamais ni le peuple ni le sénat n'ont entrepris
de me déposer
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