[4,33] Παυσαμένου δ´ αὐτοῦ παραλαβὼν τὸν
λόγον ὁ Τύλλιος ἔλεξεν ὧδε· Ἅπαντα μέν, ὡς ἔοικεν,
ἄνθρωπον ὄντα δεῖ προσδοκᾶν, ὦ βουλή, {τὰ παράδοξα}
καὶ μηδὲν ἡγεῖσθαι ἄπιστον, ὅπου γε κἀμὲ Ταρκύνιος
οὑτοσὶ τῆς ἀρχῆς παῦσαι πρόθυμός ἐστιν· ὃν
ἐγὼ νήπιον παραλαβὼν καὶ ἐπιβουλευόμενον ὑπὸ τῶν
ἐχθρῶν ἔσωσα καὶ ἐξέθρεψα καὶ εἰς ἄνδρας ἐλθόντα
κηδεστὴν ἠξίωσα λαβεῖν, καὶ εἴ τι πάθοιμι διάδοχον
ἔμελλον καταλείψειν ἁπάντων τῶν ἐμῶν. ἐπειδὴ δὲ
παρὰ γνώμην ἅπαντ´ ἀπήντηκέ μοι καὶ ὥσπερ ἀδικῶν
αὐτὸς ἐγκαλοῦμαι, τὴν μὲν τύχην ὕστερον ἀνακλαύσομαι,
τὰ δὲ δίκαια νῦν πρὸς αὐτὸν ἐρῶ. ἐγὼ τὴν
μὲν ἐπιτροπείαν ὑμῶν ἔλαβον, ὦ Ταρκύνιε, νηπίων
καταλειφθέντων οὐχ ἑκών, ἀλλ´ ὑπὸ τῶν πραγμάτων
ἀναγκασθείς· ἐπειδὴ τὸν μὲν πάππον ὑμῶν οἱ τῆς
βασιλείας ἀντιποιούμενοι φανερῶς ἀπέκτειναν, ὑμῖν δὲ
καὶ τοῖς ἄλλοις αὐτοῦ συγγενέσιν ἐπιβουλεύειν ἐλέγοντο
ἀφανῶς· καὶ πάντες τοῦθ´ οἱ προσήκοντες ὑμῖν
ὡμολόγουν, ὅτι κρατήσαντες ἐκεῖνοι τῆς ἀρχῆς οὐδὲ
σπέρμα τοῦ Ταρκυνιείου καταλείψουσι γένους. κηδεμὼν
δὲ καὶ φύλαξ οὐδεὶς ὑμῶν ἕτερος ἦν, ὅτι μὴ
γυνή, πατρὸς μήτηρ, καὶ αὐτὴ διὰ γῆρας ἑτέρων δεομένη
κηδεμόνων· ἀλλ´ ἐν ἐμοὶ κατελείπεσθε μόνῳ φύλακι
τῆς ἐρημίας, ὃν νῦν ἀλλότριον καὶ οὐδὲν προσήκοντα
ἀποκαλεῖς. τοιούτοις μέντοι πράγμασιν ἐπιστὰς
ἐγὼ τούς τ´ ἀποκτείναντας τὸν πάππον ὑμῶν
ἐτιμωρησάμην καὶ ὑμᾶς εἰς ἄνδρας ἤγαγον καὶ γενεᾶς
ἄρρενος οὐχ ὑπαρχούσης τῶν ἐμαυτοῦ κυρίους προειλόμην
ποιῆσαι. ἔχεις τὸν τῆς ἐπιτροπῆς λόγον, ὦ Ταρκύνιε,
καὶ οὐκ ἂν ἐπιχειρήσειας εἰπεῖν, ὡς ψεύδομαί τι τούτων.
| [4,33] XI. TARQUIN ayant achevé son discours, Tullius prit la parole et
répondit ainsi.
Il n'y a rien, Messieurs de si extraordinaire à quoi l'homme ne doive
s'attendre. Rien ne doit plus nous paraitre étrange, puisque ce Tarquin
que vous voyez ici, entreprend de me détrôner, moi qui l'ai élevé dans son
enfance, qui l'ai mis à couvert des embûches de ses ennemis, qui lui ai
servi de tuteur dans sa minorité, moi qui l'ai choisi pour mon gendre
quand il a été en âge, moi enfin qui avait dessein de le faire mon
successeur en cas de mort. Mais puisque tout est arrivé contre mon
attente et que Tarquin ose même me taxer d'injustice, je remets à une
autre occasion à déplorer mon sort, il s'agit maintenant de défendre mon
bon droit contre cet accusateur.
XII. SI je me chargeai de votre tutelle, Tarquin, et si je pris soin de
votre minorité, ce ne fut que malgré moi, parce que la situation des
affaires m'y obligeait. Ceux qui prétendaient à l'empire avaient fait
assassiner publiquement votre aïeul. On disait même qu'ils vous
dressaient des pièges secrets, à vous et a tout ce qui restait de la famille
du roi. C'était une chose reconnue de tous ceux qui vous étaient attachés,
que ces parricides devenus les maîtres ne laisseraient pas la moindre
étincelle de la race de Tarquin. Pour prendre soin de votre enfance et
veiller à votre conservation, vous n'aviez que votre grand'mère paternelle,
qui par rapport à son âge avancé aurait eu elle-même besoin de curateur.
J'étais donc le seul qui pût vous secourir dans l'abandonnement général
où vous étiez. C'est moi-même néanmoins que vous traitez aujourd'hui
d'étranger avec lequel vous faites gloire de n'avoir aucune liaison.
Quoique vous en puissiez dire, je n'ai pas laissé en l'état où étaient les
choses, de punir les assassins de votre grand-père. C'est moi qui vous ai
élevé jusqu'a l'âge viril. C'est moi qui n'ayant point d'enfants mâles, avais
pris le parti de vous faire héritier de tout ce que je possède. Voilà,
Tarquin, ce que j'ai fait pour vous en qualité de votre tuteur, vous ne
pouvez pas me reprocher d'avoir rien dit que de vrai.
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