[4,31] Λέγει πρὸς αὐτὸν ὁ Ταρκύνιος· Βραχύς ἐστιν
ὁ παρ´ ἐμοῦ λόγος, ὦ Τύλλιε, καὶ δίκαιος· καὶ διὰ
τοῦτο προειλόμην αὐτὸν εἰς τούτους ἐκφέρειν. Ταρκύνιος
ἐμὸς ὢν πάππος ἐκτήσατο τὴν Ῥωμαίων ἀρχὴν
πολλοὺς καὶ μεγάλους ἀγῶνας ὑπὲρ αὐτῆς ἀράμενος·
ἐκείνου τελευτήσαντος ἐγὼ διάδοχός εἰμι κατὰ τοὺς
κοινοὺς ἁπάντων Ἑλλήνων τε καὶ βαρβάρων νόμους·
καὶ προσήκει μοι καθάπερ καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς διαδεχομένοις
τὰ παππῷα, μὴ μόνον τῶν χρημάτων, ἀλλὰ
καὶ τῆς βασιλείας αὐτοῦ κληρονομεῖν. σὺ δὲ τὰ μὲν
χρήματα τὰ καταλειφθέντα ὑπ´ αὐτοῦ παραδέδωκάς
μοι, τὴν δὲ βασιλείαν ἀποστερεῖς με καὶ τοσοῦτον ἤδη
κατέχεις χρόνον, οὐκ ἐκ τοῦ δικαίου λαβών· οὔτε γὰρ
μεσοβασιλεῖς σε ἀπέδειξαν, οὔτε ἡ βουλὴ ψῆφον
ὑπὲρ σοῦ διήνεγκεν, οὔτε ἀρχαιρεσίαις νομίμοις τῆς
ἐξουσίας ταύτης ἔτυχες, ὡς ὁ πάππος τε οὑμὸς καὶ
πάντες οἱ πρὸ αὐτοῦ γενόμενοι βασιλεῖς· ἀλλὰ τὸ
ἀνέστιον καὶ ἄπορον καὶ πρὸς καταδίκας ἢ χρέα τὴν
ἐπιτιμίαν ἀπολωλεκὸς φῦλον, ᾧ τῶν κοινῶν οὐδενὸς
ἔμελε, καταμισθοδοτήσας καὶ πάντα τρόπον διαφθείρας,
καὶ οὐδὲ τότε μέντοι σαυτῷ πράττειν τὴν δυναστείαν
λέγων, ἀλλ´ ἡμῖν φυλάξειν σκηπτόμενος ὀρφανοῖς οὖσι
καὶ νηπίοις, ἐπὶ τὰ πράγματα παρῆλθες καὶ πάντων
ἀκουόντων ὡμολόγεις, ὅταν ἀνδρωθῶμεν ἡμεῖς, ἐμοὶ
παραδώσειν ὄντι πρεσβυτέρῳ τὴν ἀρχήν. ἐχρῆν μὲν
οὖν σε, εἰ τὰ δίκαια ποιεῖν ἤθελες, ὅτε μοι τὸν οἶκον
τοῦ πάππου παρεδίδους, ἅμα τοῖς χρήμασι καὶ τὴν
βασιλείαν ἀποδεδωκέναι παραδείγμασι χρώμενον τοῖς
τῶν καλῶν καὶ ἀγαθῶν ἐπιτρόπων ἔργοις, ὅσοι βασιλικοὺς
παῖδας ὀρφανοὺς πατέρων παραλαβόντες εἰς
ἄνδρας ἐλθοῦσιν ὀρθῶς καὶ δικαίως τὰς πατρῴας καὶ
προγονικὰς ἀπέδωκαν ἀρχάς· εἰ δὲ μήπω σοι φρονεῖν
τὰ καθήκοντα ἐφαινόμην, ἀλλ´ ἔτι διὰ τὸ νέον τῆς
ἡλικίας οὐχ ἱκανὸς εἶναι πόλιν τηλικαύτην διοικεῖν,
ὅτ´ εἰς τὴν κρατίστην παρεγενόμην τοῦ σώματος καὶ
τῆς φρονήσεως ἀκμὴν τριάκοντα γεγονὼς ἔτη, μετὰ
τοῦ γάμου τῆς θυγατρὸς καὶ τὰ τῆς πόλεως ἐγχειρίσαι
πράγματα· ταύτην γέ τοι τὴν ἡλικίαν ἔχων καὶ σὺ
τόν τ´ οἶκον τὸν ἡμέτερον ἐπιτροπεύειν ἤρξω καὶ τῆς
βασιλείας ἐπιμελεῖσθαι.
| [4,31] IX. « JE ne ferai pas un long discours répondit Tarquin; mais je ne
dirai rien qui ne soit juste; et c'est pour cela, Tullius que j'ai pris le parti
d'exposer mes raisons devant le sénat assemblé. Tarquin mon grand-père
monta sur le trône des Romains à travers une infinité de dangers et
de fatigues qu'il essuya pour la république. Après sa mort je devins son
successeur par le droit de la nature, droit commun à toutes les nations,
aux Grecs comme aux Barbares, et de même que tous les enfants
héritent de leurs pères, je suis héritier non seulement de ses biens, mais
aussi de sa couronne. Vous m'avez à la vérité mis en possession des
biens qu'il laissa en mourant; mais pour la couronne vous m'en avez
privé, et vous la retenez depuis longtemps contre toute justice. En effet,
quand vous vous êtes emparé du royaume, les lois les plus saintes ont
été violées. Ce ne sont point les entre-rois qui vous ont élu, le sénat ne
donna point ses suffrages, le peuple ne fut point convoqué à une
assemblée légitime pour vous revêtir de la souveraine puissance, comme
il s'était pratiqué dans l'élection de mon aïeul et de tous les autres rois ses
devanciers. A force d'argent vous gagnâtes une troupe de malheureux, de
gens sans aveu, gens accablés de dettes, perdus de réputation,
condamnés pour leurs crimes, et qui ne prenaient aucun intérêt au bien
de l'état. Vous employâtes tous les moyens imaginables pour les mettre
dans votre parti, vous n'épargnâtes rien pour obtenir d'eux ce qui ne leur
appartenait pas. Davantage, quand vous prîtes le maniement des affaires
vous feignîtes de n'avoir pas dessein de vous emparer de la couronne, et
que ce n'était que pour nous autres pupilles que vous vouliez la
conserver. Vous procédâtes même devant tout le monde, que quand nous
serions en âge vous me la remettriez comme à l'aîné des petits-fils de
Tarquin. Si donc vous vouliez me rendre justice, quand vous m'avez mis
en possession des biens de mon grand-père vous deviez aussi me
remettre son royaume, à l'exemple de tant de tuteurs désintéressés, qui
chargés du soin et de la tutelle des enfants des rois, leur ont rendu dans
toutes les règles de la justice et de l'équité la couronne de leurs pères ou
de leurs ancêtres sitôt qu'ils ont été en âge d'en soutenir le poids, ou si
vous trouviez que je fusse encore alors trop jeune, et que je n'eusse pas
la prudence nécessaire pour gouverner une si grande ville, il fallait au
moins me mettre en possession d'un royaume qui m'appartient lorsque
j'épousai votre fille, puisque j'avais alors trente ans, et par conséquent
toute la force et toute la maturité requises pour être à la tête des affaires :
c'est justement à cet âge que vous avez commencé vous-même à entrer
dans l'administration de nos biens et des affaires du gouvernement.
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