[4,3] Ἃ δὲ πρὸ τοῦ βασιλεῦσαι διεπράξατο λόγου
ἄξια, ἐξ ὧν Ταρκύνιός τ´ αὐτὸν ἠγάσθη καὶ ὁ Ῥωμαίων
δῆμος τῆς μετὰ βασιλέα τιμῆς ἠξίου, τοιάδε.
ἀντίπαις μὲν ὢν ἔτι τῇ πρώτῃ στρατείᾳ, ἣν ἐπὶ Τυρρηνοὺς
Ταρκύνιος ἐστράτευσεν, ἐν τοῖς ἱππεῦσι τεταγμένος
οὕτως ἔδοξεν ἀγωνίσασθαι καλῶς, ὥστε περιβόητος
εὐθὺ γενέσθαι καὶ τἀριστεῖα πρῶτος ἁπάντων
λαβεῖν· ἔπειθ´ ἑτέρας γενομένης ἐπὶ τὸ αὐτὸ ἔθνος
στρατείας καὶ μάχης καρτερᾶς περὶ πόλιν Ἤρητον
ἀνδρειότατος ἁπάντων φανεὶς στεφάνοις αὖθις ἀριστείοις
ὑπὸ τοῦ βασιλέως ἐκοσμεῖτο. ἔτη δὲ γεγονὼς
εἴκοσι μάλιστα τῆς συμμαχικῆς στρατηγὸς ἀπεδείχθη
δυνάμεως, ἣν Λατῖνοι ἔπεμψαν, καὶ συγκατεκτήσατο
βασιλεῖ Ταρκυνίῳ τὴν τῶν Τυρρηνῶν ἀρχήν· ἔν τε
τῷ πρὸς Σαβίνους πολέμῳ τῷ πρώτῳ συστάντι τῶν
ἱππέων ἀποδειχθεὶς ἡγεμὼν ἐτρέψατο τοὺς τῶν πολεμίων
ἱππεῖς καὶ μέχρι πόλεως Ἀντέμνης ἐλάσας τἀριστεῖα
καὶ ἐκ ταύτης τῆς μάχης ἔλαβεν· ἑτέρας τε πολλὰς
πρὸς τὸ αὐτὸ ἔθνος ἀγωνισάμενος μάχας τοτὲ μὲν
ἱππέων ἡγούμενος, τοτὲ δὲ πεζῶν ἐν ἁπάσαις ἐφάνη
ψυχὴν ἄριστος καὶ πρῶτος ἐστεφανοῦτο τῶν ἄλλων.
καὶ ἐπειδὴ παρέστη Ῥωμαίοις εἰς ὑπόταξίν τε καὶ παράδοσιν
τῶν πόλεων τὸ ἔθνος, αἰτιώτατος εἶναι δόξας
Ταρκυνίῳ καὶ ταύτης τῆς δυναστείας τοῖς ἐπινικίοις
στεφάνοις ἀνεδεῖτο ὑπ´ αὐτοῦ. ἦν δὲ καὶ φρονῆσαι
τὰ πολιτικὰ συνετώτατος καὶ λόγῳ τὰ βουλευθέντα
ἐξενεγκεῖν οὐδενὸς χείρων ἁπάσαις θ´ ἁρμόσαι ταῖς
τύχαις καὶ παντὶ συνεξομοιωθῆναι προσώπῳ δυνατώτατος.
καὶ διὰ ταῦτα Ῥωμαῖοι μὲν αὐτὸν ἐκ τοῦ δήμου
μεταγαγεῖν ἠξίωσαν εἰς τοὺς πατρικίους ψῆφον
ἐπενέγκαντες, ὥσπερ Ταρκύνιόν τε πρότερον καὶ ἔτι
πρὸ τούτου Νόμαν Πομπίλιον· ὁ δὲ βασιλεὺς κηδεστὴν
ἐποιήσατο τὴν ἑτέραν τῶν θυγατέρων ἐγγυήσας,
καὶ πάνθ´ ὅσα διὰ νόσους ἢ διὰ γῆρας ἀδύνατος ἦν
ἐπιτελεῖν, δι´ ἑαυτοῦ τούτῳ πράττειν ἐπέσκηπτεν, οὐ
μόνον τὸν ἴδιον οἶκον ἐπιτρέπων, ἀλλὰ καὶ τὰ κοινὰ
τῆς πόλεως διοικεῖν ἀξιῶν. ἐν οἷς ἅπασιν ἐξητάσθη
πιστὸς καὶ δίκαιος, καὶ οὐδὲν ᾤοντο διαφέρειν οἱ δημόται
Ταρκύνιον ἐπιμελεῖσθαι τῶν κοινῶν ἢ Τύλλιον·
οὕτως ἐξεθεραπεύθησαν ὑπ´ αὐτοῦ ταῖς εὐεργεσίαις.
| [4,3] Il est certain que ses belles qualités le firent admirer de Tarquin,
et que le peuple Romain lui faisait l'honneur de le regarder comme la
seconde personne après le roi.
IV. Dans la première campagne que fit Tarquin contre les
Tyrrhéniens Tullius servait dans la cavalerie, et quoiqu'il ne fût encore
pour ainsi dire qu'un enfant il se distingua tellement dans les combats,
qu'il s'acquit une grande réputation et remporta le premier prix de valeur.
Ensuite on fit une autre campagne contre la même nation, et dans une
bataille sanglante qui fut livrée auprès de la ville d'Erete il donna de si
illustres preuves de son courage héroïque, qu'il fut jugé le plus brave de
tous et que le roi lui donna encore en cette occasion des couronnes de
victoire. Il n'avait tout au plus que vingt ans lorsqu'en qualité de général
des troupes auxiliaires que les Latins avaient envoyées, il aida le roi
Tarquin à subjuguer entièrement les Tyrrhéniens. Dans la première guerre
contre les Sabins, il commanda la cavalerie Romaine et mérita des prix de
valeur pour s'être distingué dans le combat et avoir mis en fuite la
cavalerie Sabine qu'il poursuivit jusqu'à la ville d'Antemne. Dans plusieurs
autres batailles contre cette même nation il eut toujours le même succès,
et mérita les premières couronnes par ses grands exploits, tantôt à la tête
de la cavalerie, tantôt à la tête de l'infanterie. Enfin quand les Sabins se
furent soumis à la domination des Romains, et qu'ils eurent livré les clefs
de leurs villes, Tarquin qui le regardait comme le principal auteur de cette
glorieuse conquête, lui fit présent de plusieurs couronnes pour marque de
ses victoires. Mais si Tullius fut grand dans la guerre, il fut aussi un grand
homme d'état. Intelligent dans les affaires, éloquent dans les
délibérations, il s'accommodait aux mœurs et aux manières de ceux avec
qui il traitait, et personne ne sut mieux prendre son parti dans les
différentes occurrences. Toutes ces rares qualités lui attirèrent l'affection
du peuple et d'une voix unanime il fut mis au rang des patriciens, de
même qu'on y avait mis autrefois Tarquin et avant lui Numa Pompilius.
V. LE roi le choisit pour son gendre et lui fit épouser une de ses filles.
Lorsque ses fréquentes maladies ou son grand âge ne lui permettaient
pas de gouverner par lui même il remettait les fonctions entre les mains
de Tullius, lui confiant non seulement ses affaires domestiques et
particulières, mais aussi celles de la république.
Celui-ci s'acquitta de ces emplois d'une manière irréprochable: dans
toutes les occasions il donna de si éclatantes preuves de sa fidélité et de son attachement inviolable pour la justice, il sut si adroitement se ménager
la faveur du peuple, et gagner son affection par ses bienfaits et par ses
bons offices, qu'on se mettait peu en peine si c'était Tarquin ou Tullius
qui gouvernait la république.
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