[4,26] Γνοὺς δὲ ταῦτα τοὺς κρατίστους ἄνδρας
ἐξ ἑκάστης πόλεως συνεκάλει περὶ μεγάλων καὶ κοινῶν
φήσας πραγμάτων συμβούλους αὐτοὺς συγκαλεῖν. ἐπεὶ
δὲ συνῆλθον, συναγαγὼν τήν τε Ῥωμαίων βουλὴν καὶ
τοὺς ἀπὸ τῶν πόλεων ἥκοντας λόγον διεξῆλθε παρακλητικὸν
ὁμονοίας, διδάσκων ὡς καλὸν μὲν χρῆμα
πολλαὶ πόλεις μιᾷ γνώμῃ χρώμεναι, αἰσχρὰ δ´ ὄψις
συγγενῶν ἀλλήλαις διαφερομένων· αἴτιόν τ´ ἰσχύος
μὲν ταῖς ἀσθενέσιν ἀποφαίνων ὁμοφροσύνην, ταπεινότητος
δὲ καὶ ἀσθενείας καὶ ταῖς πάνυ ἰσχυραῖς ἀλληλοφθορίαν.
ταῦτα διεξελθὼν ἐδίδασκεν αὐτούς, ὡς
χρὴ Λατίνους μὲν τῶν προσοίκων ἄρχειν καὶ τὰ δίκαια
τάττειν Ἕλληνας ὄντας βαρβάροις· Ῥωμαίους δὲ τὴν
ἁπάντων Λατίνων ἔχειν προστασίαν μεγέθει τε πόλεως
προὔχοντας καὶ πραγμάτων ὄγκῳ καὶ τῇ προνοίᾳ τοῦ
δαιμονίου κρείττονι κεχρημένους ἐκείνων, δι´ ἣν εἰς
τοσαύτην ἐπιφάνειαν προῆλθον. τοιαῦτα διεξελθὼν
συνεβούλευεν αὐτοῖς ἱερὸν ἄσυλον ἀπὸ κοινῶν ἀναλωμάτων
ἐν Ῥώμῃ κατασκευάσασθαι, ἐν ᾧ θύσουσί θ´
αἱ πόλεις συνερχόμεναι καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἰδίας
τε καὶ κοινὰς θυσίας καὶ πανηγύρεις ἄξουσιν, ἐν οἷς
ἂν ὁρίσωσι χρόνοις, καί, εἴ τι γένοιτο πρόσκρουσμα
αὐταῖς πρὸς ἀλλήλας, ἐκ τῶν ἱερῶν τοῦτο διαλύσονται,
ταῖς ἄλλαις πόλεσιν ἐπιτρέψασαι τὰ ἐγκλήματα
διαγνῶναι. διεξιὼν ταῦτα τε καὶ ὅσα ἄλλα ἕξουσιν
ἀγαθὰ βουλευτήριον ἐγκαταστησάμενοι πάντας ἔπεισε
τοὺς ἐν τῷ συνεδρίῳ παρόντας· καὶ μετὰ τοῦτο κατεσκεύασεν
ἐξ ὧν ἅπασαι συνήνεγκαν αἱ πόλεις χρημάτων
τὸν τῆς Ἀρτέμιδος νεών, τὸν ἐπὶ τοῦ μεγίστου τῶν
ἐν τῇ Ῥώμῃ λόφων ἱδρυμένον Αὐεντίνου· καὶ τοὺς
νόμους συνέγραψε ταῖς πόλεσι πρὸς ἀλλήλας καὶ τἆλλα
τὰ περὶ τὴν ἑορτὴν καὶ πανήγυριν, ὃν ἐπιτελεσθήσεται
τρόπον, ἔταξεν. ἵνα δὲ μηδεὶς χρόνος αὐτοὺς ἀφανίσῃ,
στήλην κατασκευάσας χαλκῆν ἔγραψεν ἐν ταύτῃ
τά τε δόξαντα τοῖς συνέδροις καὶ τὰς μετεχούσας τῆς
συνόδου πόλεις. αὕτη διέμεινεν ἡ στήλη μέχρι τῆς
ἐμῆς ἡλικίας ἐν τῷ τῆς Ἀρτέμιδος ἱερῷ κειμένη γραμμάτων
ἔχουσα χαρακτῆρας {Ἑλληνικῶν}, οἷς τὸ παλαιὸν
ἡ Ἑλλὰς ἐχρῆτο. ὃ καὶ αὐτὸ ποιήσαιτ´ ἄν τις
οὐ μικρὸν τεκμήριον τοῦ μὴ βαρβάρους εἶναι τοὺς
οἰκίσαντας τὴν Ῥώμην. οὐ γὰρ ἂν Ἑλληνικοῖς ἐχρῶντο
γράμμασιν ὄντες βάρβαροι. Πολιτικαὶ μὲν δὴ πράξεις
τοῦ βασιλέως τούτου σὺν ἄλλαις πολλαῖς ἐλάττοσί τε
καὶ ἀμαυροτέραις αἱ μέγισται καὶ λαμπρόταται αὗται
μνημονεύονται, πολεμικαὶ δ´ αἱ πρὸς ἓν τὸ Τυρρηνῶν
ἔθνος γενόμεναι, περὶ ὧν μέλλω νῦν διεξιέναι.
| [4,26] Dans ce dessein il assembla les principaux de chaque ville,
et leur annonça qu'il voulait délibérer avec eux sur une affaire de la
dernière importance qui regardait l'intérêt commun de toute la nation.
IV. AUSSITÔT que ceux-ci furent arrivés, il convoqua le sénat
Romain, et fit un discours aux députés des Latins pour les exhorter à la
concorde. Il tâcha de leur faire comprendre que rien n'est plus beau
qu'une communauté de plusieurs villes qui n'ont toutes que les mêmes
sentiments et les mêmes vues, qu'au contraire il n'y a rien de plus
honteux que de voir régner la dissension parmi des peuples que les liens
de la parenté devraient unir étroitement ; que la concorde est l'appui
inébranlable des états les plus faibles, au lieu que la discorde affaiblit les
républiques les plus puissantes. Après {ce discours} il leur prouva que les
Latins avaient droit de commander aux peuples voisins ; qu'étant
originairement Grecs c'était à eux à donner la loi aux barbares ; mais qu'il
appartenait aux Romains de commander à toute la nation des Latins,
comme étant au-dessus des autres non seulement par la grandeur de leur
ville et par l'éclat de leurs belles actions, mais encore par les marques de
la faveur des dieux qui ne les avaient élevés au comble de la gloire que
parce qu'ils les en jugeaient plus dignes que les autres.
V. AYANT apporté toutes ces raisons, Tullius leur conseilla de faire
bâtir à Rome à frais communs, un asile sacré où les Latins
s'assembleraient tous les ans dans le temps dont on conviendrait, pour y
tenir une foire, exercer le commerce et offrir des sacrifices tant publics
que particuliers, afin que si une ville avait quelque contestation avec les
autres, on pût la terminer à l'amiable au tribunal de toute la nation. Enfin
par toutes ces remontrances et autres semblables il leur fit bien
comprendre l'avantage qu'ils trouveraient à établir à Rome un tribunal
commun, que tous les députés se rangèrent de son avis. Ensuite on
ramassa de l'argent dans toutes les villes, et Tullius fit bâtir le temple de
Diane qui est sur le mont Aventin, dans l'endroit de Rome le plus élevé. Il
dressa lui-même les articles de l'alliance que tous les Latins venaient de
conclure. Il fit des lois pour régler le commerce de la foire et les
cérémonies de la solennité. Et afin que le temps ne les effaçât jamais, il
érigea une colonne, sur laquelle il fit graver les conventions faites dans
l'assemblée et les noms des villes qui y avaient eu part. Cette colonne a
subsisté jusqu'à notre siècle ; elle est dans le temple de Diane. On y voit
les décrets de l'assemblée écrits en caractères anciens dont la Grèce se
servait autrefois, ce qui prouve assez que les fondateurs de Rome
n'étaient pas des barbares ; car s'ils l'avaient été, ils ne se seraient pas
servis de caractères Grecs. Voila ce que l'histoire nous apprend des
actions les plus mémorables de Tullius dans le gouvernement de la
république,, sans parler de plusieurs autres choses moins importantes
qu'on n'est pas curieux de savoir. Passons maintenant aux exploits qu'il fit
dans la guerre contre les Tyrrhéniens, les seuls avec lesquels il se brouilla.
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