HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Les Antiquités romaines, livre IV (avec trad. française)

Chapitre 24

  Chapitre 24

[4,24] Ἐπειδὴ δὲ κατὰ τοῦτο γέγονα τὸ μέρος τῆς διηγήσεως, ἀναγκαῖον εἶναί μοι δοκεῖ διελθεῖν, ὡς εἶχε τότε τοῖς Ῥωμαίοις τὰ περὶ τοὺς δούλους ἔθη, ἵνα μήτε τὸν βασιλέα τὸν πρῶτον ἐπιχειρήσαντα τοὺς δεδουλευκότας ἀστοὺς ποιεῖν μήτε τοὺς παραδεξαμένους τὸν νόμον ἐν αἰτίαις σχῇ τις, ὡς ῥιπτοῦντας εἰκῆ τὰ καλά. ἐτύγχανον δὴ τοῖς Ῥωμαίοις αἱ τῶν θεραπόντων κτήσεις κατὰ τοὺς δικαιοτάτους γινόμεναι τρόπους. γὰρ ὠνησάμενοι παρὰ τοῦ δημοσίου τοὺς ὑπὸ δόρυ πωλουμένους ἐκ τῶν λαφύρων, τοῦ στρατηγοῦ συγχωρήσαντος ἅμα ταῖς ἄλλαις ὠφελείαις καὶ τοὺς δορυαλώτους τοῖς λαβοῦσιν ἔχειν πριαμένοις παρ´ ἑτέρων κατὰ τοὺς αὐτοὺς τρόπους κυρίων γενομένων ἐκέκτηντο τοὺς δούλους. οὐδὲν δὴ πρᾶγμα ποιεῖν αἰσχύνης βλάβης κοινῆς αἴτιον οὔθ´ Τύλλιος καταστησάμενος τὸ ἔθος οὔθ´ οἱ παραδεξάμενοι καὶ διαφυλάξαντες ᾤοντο, εἰ τοῖς ἀφαιρεθεῖσιν ἐν πολέμῳ τήν τε πατρίδα καὶ τὴν ἐλευθερίαν χρηστοῖς γενομένοις περὶ τοὺς καταδουλωσαμένους τοὺς παρὰ τούτων πριαμένους ἀμφότερα ταῦτα παρὰ τῶν δεσποτῶν ὑπάρξει. ἐτύγχανον δὲ τῆς ἐλευθερίας οἱ μὲν πλεῖστοι προῖκα διὰ καλοκἀγαθίαν· καὶ κράτιστος ἀπαλλαγῆς δεσποτῶν τρόπος οὗτος ἦν· ὀλίγοι δέ τινες λύτρα κατατιθέντες ἐξ ὁσίων καὶ δικαίων ἐργασιῶν συναχθέντα. ἀλλ´ οὐκ ἐν τοῖς καθ´ ἡμᾶς χρόνοις οὕτω ταῦτ´ ἔχει, ἀλλ´ εἰς τοσαύτην σύγχυσιν ἥκει τὰ πράγματα καὶ τὰ καλὰ τῆς Ῥωμαίων πόλεως οὕτως ἄτιμα καὶ ῥυπαρὰ γέγονεν, ὥσθ´ οἱ μὲν ἀπὸ λῃστείας καὶ τοιχωρυχίας καὶ πορνείας καὶ παντὸς ἄλλου πονηροῦ πόρου χρηματισάμενοι τούτων ὠνοῦνται τῶν χρημάτων τὴν ἐλευθερίαν καὶ εὐθύς εἰσι Ῥωμαῖοι· οἱ δὲ συνίστορες καὶ συνεργοὶ τοῖς δεσπόταις γενόμενοι φαρμακειῶν καὶ ἀνδροφονιῶν καὶ τῶν εἰς θεοὺς τὸ κοινὸν ἀδικημάτων ταύτας φέρονται παρ´ αὐτῶν τὰς χάριτας· οἱ δ´ ἵνα τὸν δημοσίᾳ διδόμενον σῖτον λαμβάνοντες κατὰ μῆνα καὶ εἴ τις ἄλλη παρὰ τῶν ἡγουμένων γίγνοιτο τοῖς ἀπόροις τῶν πολιτῶν φιλανθρωπία φέρωσι τοῖς δεδωκόσι τὴν ἐλευθερίαν· οἱ δὲ διὰ κουφότητα τῶν δεσποτῶν καὶ κενὴν δοξοκοπίαν. ἔγωγ´ οὖν ἐπίσταμαί τινας ἅπασι τοῖς δούλοις συγκεχωρηκότας εἶναι ἐλευθέροις μετὰ τὰς ἑαυτῶν τελευτάς, ἵνα χρηστοὶ καλῶνται νεκροὶ καὶ πολλοὶ ταῖς κλίναις αὐτῶν ἐκκομιζομέναις παρακολουθῶσι τοὺς πίλους ἔχοντες ἐπὶ ταῖς κεφαλαῖς· ἐν οἷς ἐπόμπευόν τινες, ὡς ἦν παρὰ τῶν ἐπισταμένων ἀκούειν, ἐκ τῶν δεσμωτηρίων ἐξεληλυθότες ἀρτίως κακοῦργοι μυρίων ἄξια διαπεπραγμένοι θανάτων. εἰς τούτους μέντοι τοὺς δυσεκκαθάρτους σπίλους ἐκ τῆς πόλεως ἀποβλέποντες οἱ πολλοὶ δυσχεραίνουσι καὶ προβέβληνται τὸ ἔθος, ὡς οὐ πρέπον ἡγεμονικῇ πόλει καὶ παντὸς ἄρχειν ἀξιούσῃ τόπου τοιούτους ποιεῖσθαι πολίτας. ἔχοι δ´ ἄν τις πολλὰ καὶ ἄλλα διαβαλεῖν ἔθη καλῶς μὲν ὑπὸ τῶν ἀρχαίων ἐπινοηθέντα, κακῶς δ´ ὑπὸ τῶν νῦν ἐπιτριβόμενα. ἐγὼ δὲ τὸν νόμον τοῦτον οὐκ οἴομαι δεῖν ἀναιρεῖν, μή τι μεῖζον ἐκραγῇ τῷ κοινῷ δι´ αὐτοῦ κακόν· ἐπανορθοῦσθαι μέντοι φημὶ δεῖν τὰ δυνατὰ καὶ μὴ περιορᾶν ὀνείδη μεγάλα καὶ ῥύπους δυσεκκαθάρτους εἰς τὴν πολιτείαν εἰσαγομένους. καὶ μάλιστα μὲν τοὺς τιμητὰς ἀξιώσαιμ´ ἂν τούτου τοῦ μέρους προνοεῖν· εἰ δὲ μή γε, τοὺς ὑπάτους· δεῖ γὰρ ἀρχῆς τινος μεγάλης· οἳ τοὺς καθ´ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἐλευθέρους γινομένους ἐξετάσουσι, τίνες ὄντες καὶ διὰ τί καὶ πῶς ἠλευθερώθησαν, ὥσπερ γε τοὺς τῶν ἱππέων καὶ τοὺς τῶν βουλευτῶν βίους ἐξετάζουσιν· ἔπειθ´ οὓς μὲν ἂν εὕρωσιν ἀξίους τῆς πόλεως ὄντας, εἰς φυλὰς καταγράψουσι καὶ μένειν ἐφήσουσιν ἐν τῇ πόλει· τὸ δὲ μιαρὸν καὶ ἀκάθαρτον φῦλον ἐκβαλοῦσιν ἐκ τῆς πόλεως εὐπρεπὲς ὄνομα τῷ πράγματι τιθέντες, ἀποικίαν. ταῦτα μὲν οὖν τῆς ὑποθέσεως ἀπαιτούσης ἀναγκαῖόν τε καὶ δίκαιον ἔδοξεν εἶναί μοι πρὸς τοὺς ἐπιτιμῶντας τοῖς Ῥωμαίων ἔθεσιν εἰπεῖν. [4,24] IV. PUISQUE je suis sur cette matière, je veux faire connaître quelle était alors la conduite que gardaient les Romains envers leurs esclaves, afin qu'on ne puisse accuser, ni le roi qui entreprit le premier de mettre les affranchis au nombre des citoyens, ni ceux qui laissèrent passer cette loi, d'avoir accordé témérairement les plus grandes grâces. Les Romains acquéraient leurs esclaves par des voies très légitimes, ou bien ils achetaient de la république les prisonniers de guerre qu'on vendait à l'encan parmi le reste du butin, ou avec la permission du général d'armée, ils gardaient les captifs qu'ils avaient pris eux-mêmes dans la guerre avec les autres dépouilles, ou ils en trafiquaient avec ceux qui les avaient acquis par des voies semblables. C'est pourquoi, ni Tullius qui fit la nouvelle loi, ni ceux qui la reçurent et qui l'observèrent après lui, ne crurent pas qu'il fût honteux pour eux ou préjudiciable à la république, de leur rendre et leur patrie et leur liberté qu'ils avaient perdues par les lois de la guerre, soit qu'ils les eussent achetés de ceux qui les avaient réduits les premiers en servitude, soit qu'ils les eussent acquis de ceux qui les avaient eus de ces premiers maîtres. V. LA plupart de ces esclaves étaient affranchis gratuitement, en considération de leur probité, et c'était-là la manière la plus honorable de recouvrer sa liberté. D'autres, mais en petit nombre, s'affranchissaient de l'esclavage en donnant à leurs maîtres une somme d'argent qu'ils avaient acquis par des voies justes et légitimes. VI. MAIS aujourd'hui les choses sont entièrement changées. Tout est dans un si grand désordre, la probité des Romains a tellement dégénéré, ils sont si peu sensibles au déshonneur et même l'l'infamie, que les esclaves se rachètent de l'argent qu'ils ont gagné par des votes illégitimes. Les brigandages, les violences, la prostitution, et mille autres crimes sont les moyens qu'ils emploient pour sortir de la servitude, et aussitôt ils deviennent citoyens Romains. Les uns reçoivent la liberté de leurs maîtres comme une récompense, parce qu'ils ont été complices de leurs abominations, de leurs homicides, empoisonnements et autres attentats contre les dieux et contre la république. Les autres ne se sont affranchir que pour recevoir le blé, que le public distribue chaque mois, et les autres libéralités que les grands font aux pauvres, afin de les donner à ceux de qui ils tiennent la liberté. D'autres enfin ne sont délivrés de l'esclavage que par la légèreté de leurs maîtres, qui cherchent par là à se faire honneur. J'en sais qui par leur testament ont affranchi tous leurs esclaves, afin de passer après leur mort pour de bons maîtres, et que leur pompe funèbre fut suivie d'un nombreux cortège d'affranchis qui portassent des chapeaux sur leur tête, pour marquer la générosité et la douceur de leurs libérateurs. On a vu dans les pompes funèbres certains scélérats nouvellement sortis de prison, et qui méritaient les plus horribles supplices pour les crimes énormes qu'ils avaient commis : c'est ce que l'on pouvoir apprendre de ceux qui les connaissaient. La plupart des gens de bien qui voient à Rome ces infâmes chapeaux des esclaves affranchis, ne peuvent s'empêcher de faire éclater leur indignation. N'est-ce pas en effet une chose indigne qu'une ville si célèbre et qui prétend donner la loi à tout l'univers, reçoive ces malheureux au nombre de ses citoyens ? Il y a encore plusieurs autres coutumes sagement établies par les anciens, mais qui sont devenues très blâmables par l'abus qu'on en fait aujourd'hui. Je ne crois pas néanmoins qu'il soit nécessaire d'abolir entièrement la loi de Tullius, de peur qu'il n'en arrivât un plus grand mal à la république : mais je crois qu'il faut en corriger les abus autant qu'il est possible, et ne pas souffrir plus longtemps que ces infamies et ces taches ineffaçables s'introduisent dans l'état. Je voudrais que les censeurs, ou, à leur défaut, les consuls remédiaient à ce désordre, qui demande une autorité supérieure. Ils devraient examiner ceux qu'on affranchit tous les ans, et s'informer qui ils sont, d'où ils viennent, pour quelles raisons et de quelle manière on les a mis en liberté, de même qu'ils exercent leur censure sur les mœurs des sénateurs et des chevaliers. Après ces perquisitions, on pourrait incorporer dans les tribus ceux qu'on trouverait dignes du droit de bourgeoise, et leur permettre de s'établir à Rome. Mais à l'égard de la canaille souillée de toutes sortes de crimes, et qui ne donne aucune espérance d'amendement, il faudrait en purger la ville sous quelque honnête prétexte et la reléguer dans les colonies. J'ai cru que mon sujet ne me permettait pas de passer cela sous silence, et que je devais m'étendre sur ces réflexions pour l'instruction de ceux qui blâment les mœurs et les coutumes des Romains.


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Dernière mise à jour : 2/07/2009