HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Les Antiquités romaines, livre IV (avec trad. française)

Chapitre 23

  Chapitre 23

[4,23] Ἀχθομένων δὲ τῶν πατρικίων ἐπὶ τῷ πράγματι καὶ δυσανασχετούντων συγκαλέσας τὸ πλῆθος εἰς ἐκκλησίαν Πρῶτον μὲν θαυμάζειν, ἔφη, τῶν ἀγανακτούντων, εἰ τῇ φύσει τὸ ἐλεύθερον οἴονται τοῦ δούλου διαφέρειν, ἀλλ´ οὐ τῇ τύχῃ· ἔπειτ´ εἰ μὴ τοῖς ἤθεσι καὶ τοῖς τρόποις ἐξετάζουσι τοὺς ἀξίους τῶν καλῶν, ἀλλὰ ταῖς συντυχίαις, ὁρῶντες ὡς ἀστάθμητόν ἐστι πρᾶγμα εὐτυχία καὶ ἀγχίστροφον, καὶ οὐδενὶ ῥᾴδιον εἰπεῖν οὐδὲ τῶν πάνυ μακαρίων μέχρι τίνος αὐτῷ παρέσται χρόνου. ἠξίου τ´ αὐτοὺς σκοπεῖν, ὅσαι μὲν ἤδη πόλεις ἐκ δουλείας μετέβαλον εἰς ἐλευθερίαν βάρβαροί τε καὶ Ἑλληνίδες, ὅσαι δ´ εἰς δουλείαν ἐξ ἐλευθερίας· εὐήθειάν τε πολλὴν αὐτῶν κατεγίνωσκεν, εἰ τῆς ἐλευθερίας τοῖς ἀξίοις τῶν θεραπόντων μεταδιδόντες, τῆς πολιτείας φθονοῦσι· συνεβούλευέ τ´ αὐτοῖς, εἰ μὲν πονηροὺς νομίζουσι, μὴ ποιεῖν ἐλευθέρους, εἰ δὲ χρηστούς, μὴ περιορᾶν ὄντας ἀλλοτρίους· ἄτοπόν τε πρᾶγμα ποιεῖν αὐτοὺς ἔφη καὶ ἀμαθὲς ἅπασι τοῖς ξένοις ἐπιτρέποντας τῆς πόλεως μετέχειν καὶ μὴ διακρίνοντας αὐτῶν τὰς τύχας μηδ´ εἴ τινες ἐκ δούλων ἐγένοντο ἐλεύθεροι πολυπραγμονοῦντας, τοὺς δὲ παρὰ σφίσι δεδουλευκότας ἀναξίους ἡγεῖσθαι ταύτης τῆς χάριτος· φρονήσει τε διαφέρειν οἰομένους τῶν ἄλλων οὐδὲ τὰ ἐν ποσὶ καὶ κοινότατα ὁρᾶν ἔφασκεν, καὶ τοῖς φαυλοτάτοις εἶναι πρόδηλα, ὅτι τοῖς μὲν δεσπόταις πολλὴ φροντὶς ἔσται τοῦ μὴ προχείρως τινὰς ἐλευθεροῦν, ὡς τὰ μέγιστα τῶν ἐν ἀνθρώποις ἀγαθῶν οἷς ἔτυχε δωρησομένοις· τοῖς δὲ δούλοις ἔτι μείζων ὑπάρξει προθυμία χρηστοῖς εἶναι περὶ τοὺς δεσπότας, ἐὰν μάθωσιν, ὅτι τῆς ἐλευθερίας ἄξιοι κριθέντες εὐδαίμονος εὐθέως καὶ μεγάλης ἔσονται πολῖται πόλεως, καὶ ταῦθ´ ἕξουσιν ἀμφότερα παρὰ τῶν δεσποτῶν τἀγαθά. τελευτῶν δὲ τὸν περὶ τοῦ συμφέροντος εἰσηγήσατο λόγον τοὺς μὲν ἐπισταμένους ὑπομιμνήσκων, τοὺς δ´ ἀγνοοῦντας διδάσκων, ὅτι πόλει δυναστείας ἐφιεμένῃ καὶ μεγάλων πραγμάτων ἑαυτὴν ἀξιούσῃ οὐδενὸς οὕτω δεῖ πράγματος ὡς πολυανθρωπίας, ἵνα διαρκέσῃ πρὸς πάντας τοὺς πολέμους οἰκείοις ὅπλοις χρωμένη, καὶ μὴ ξενικοῖς στρατεύμασι καταμισθοφοροῦσα συνεξαναλωθῇ τοῖς χρήμασι· καὶ διὰ τοῦτ´ ἔφη τοὺς προτέρους βασιλεῖς ἅπασι μεταδεδωκέναι τῆς πολιτείας τοῖς ξένοις. εἰ δὲ καὶ τοῦτον καταστήσονται τὸν νόμον, πολλὴν αὐτοῖς ἔλεγεν ἐκ τῶν ἐλευθερουμένων ἐπιτραφήσεσθαι νεότητα καὶ οὐδέποτε ἀπορήσειν τὴν πόλιν οἰκείων ὅπλων, ἀλλ´ ἕξειν δυνάμεις αἰεὶ διαρκεῖς, κἂν πρὸς πάντας ἀνθρώπους ἀναγκασθῇ πολεμεῖν. χωρὶς δὲ τοῦ κοινῇ χρησίμου καὶ ἰδίᾳ πολλὰ ὠφελήσεσθαι τοὺς εὐπορωτάτους Ῥωμαίων, ἐὰν τοὺς ἀπελευθέρους ἐῶσι τῆς πολιτείας μετέχειν, ἐν ἐκκλησίαις τε καὶ ψηφοφορίαις καὶ ταῖς ἄλλαις πολιτικαῖς χρείαις τὰς χάριτας, ἐν οἷς μάλιστα δέονται πράγμασι, κομιζομένους καὶ τοὺς ἐκ τῶν ἀπελευθέρων γινομένους πελάτας τοῖς ἐγγόνοις τοῖς ἑαυτῶν καταλείποντας. Τοιαῦτα λέγοντος αὐτοῦ συνεχώρησαν οἱ πατρίκιοι τὸ ἔθος εἰς τὴν πόλιν παρελθεῖν, καὶ μέχρι τῶν καθ´ ἡμᾶς χρόνων ὡς ἕν τι τῶν ἱερῶν καὶ ἀκινήτων νομίμων διατελεῖ τοῦτ´ ἐν τῇ πόλει φυλαττόμενον. [4,23] II. LES patriciens blâmèrent hautement cette conduite et firent éclater publiquement leur indignation. Tullius convoqua une assemblée du peuple et dit, qu'il s'étonnait de deux choses : la première, que les patriciens fussent si irrités contre lui, et qu'ils se persuadassent que ce n'est pas seulement le caprice de la fortune, mais que c'est la nature même, qui met de la différence entre un homme libre et un esclave : la seconde, qu'ils jugeassent du mérite des personnes plutôt par leur condition que par leur conduite et leurs bonnes mœurs ; ce qu'une longue expérience aurait dû leur faire connaître que rien n'est plus inconstant que la fortune, que tout ce qui dépend de les caprices est sujet au changement, et que l'homme le plus heureux ne peut pas dire jusqu'à quel temps durera son bonheur. Qu'on n'avait qu'à jeter les yeux sur une infinité de villes tant Grecques que Barbares, dont les unes avaient passé de la servitude à un état de liberté, et les autres de l'état de liberté au plus honteux esclavage. Que c'était être bien simples et manquer d'esprit que d'envier le droit de bourgeoisie à ceux qu'ils avaient tirés de la servitude : que s'ils les avaient cru méchants, il ne fallait pas les affranchir, mais que s'ils avaient reconnu dans eux assez de mérite pour leur accorder cette grâce, ils ne devaient pas les mépriser quoiqu'ils fussent étrangers. Qu'il y avait de la bizarrerie dans leur conduite, et que c'était agir contre le bon sens que de donner le droit de bourgeoisie à tous les étrangers, sans s'informer de leur fortune et sans se soucier s'ils avaient été esclaves autrefois, tandis qu'on refusait la même grâce à ceux qui avaient été esclaves à Rome même. Que les Romains se croyant plus sages que les autres nations, il était honteux qu'ils s'aveuglassent eux-mêmes dans les choses les plus faciles et les plus ordinaires qui sautaient aux yeux des plus ignorants. Que c'était là le moyen de rendre les maîtres plus circonspects à l'avenir, et plus réservés à affranchir leurs esclaves pour leur accorder le plus grand bien dont les hommes puissent jouir en cette vie : que les esclaves de leur côté deviendraient plus gens de bien et plus attentifs à contenter leurs maîtres, quand ils verraient qu'en se rendant dignes de la liberté, ils pourraient espérer d'avoir part aux droits des citoyens de la plus célèbre et de la plus florissante ville du monde, et que ce serait uniquement de leurs maîtres qu'ils pourraient attendre ces deux grands avantages. III. ENFIN Tullius fît sentir aux Romains combien les règlements qu'il avait établis, devaient être utiles à la république. Il apprit aux plus ignorants et fît faire réflexion à ceux qui avaient plus d'expérience, qu'une ville qui prétendait à l'empire de l'univers et qui méditait de grands desseins, devait surtout être bien peuplée : que par ce moyen elle se mettait en état de tenir contre tous ses ennemis par les propres forces, sans être obligée d'épuiser ses trésors pour payer des troupes étrangères. Que c'était pour cette raison que les rois ses prédécesseurs avaient accordé le droit de bourgeoisie à tous les étrangers qui avaient voulu demeurer à Rome. Que par l'établissement de la loi qu'il avait faite, un nombre infini de jeunes affranchis se feraient incorporer dans les tribus, et que Rome ne manquerait jamais de troupes domestiques, eût-elle à soutenir une guerre formidable contre tout l'univers. Qu'outre l'utilité qui en reviendrait à la république, si l'on admettait tous les affranchis dans les comices, les plus riches des Romains en retireraient aussi plusieurs avantages : que dans les assemblées, dans les suffrages, et dans les autres affaires civiles ces affranchis seraient autant de créatures dévouées à leurs intérêts toutes les fois qu'ils en auraient besoin, et que par ce moyen ils laisseraient à leur postérité un grand nombre de client. » Ce discours de Tullius persuada les patriciens : ils consentirent à recevoir cette nouvelle loi, et jusqu'ici elle a toujours été observée chez les Romains, aussi constamment que les lois les plus saintes et les plus inviolables.


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Dernière mise à jour : 2/07/2009