[4,19] Ταύτῃ τῇ διακοσμήσει χρησάμενος τὰς μὲν
τῶν στρατιωτῶν καταγραφὰς κατὰ τὴν διαίρεσιν ἐποιεῖτο
τὴν τῶν λόχων, τὰς δὲ τῶν εἰσφορῶν ἐπιταγὰς
κατὰ τὰ τιμήματα τῶν βίων. ὁπότε γὰρ αὐτῷ δεήσειε
μυρίων ἢ δισμυρίων, εἰ τύχοι, στρατιωτῶν, καταδιαιρῶν
τὸ πλῆθος εἰς τοὺς ἑκατὸν ἐνενηκοντατρεῖς λόχους
τὸ ἐπιβάλλον ἑκάστῳ λόχῳ πλῆθος ἐκέλευε παρέχειν
ἕκαστον λόχον· τὴν δὲ δαπάνην τὴν εἰς τὸν ἐπισιτισμὸν
τῶν στρατευομένων καὶ εἰς τὰς ἄλλας χορηγίας
τὰς πολεμικὰς ἐπιτελεσθησομένην συμμετρησάμενος,
ὁπόση τις ἀρκοῦσα ἔσται, διαιρῶν τὸν αὐτὸν τρόπον
εἰς τοὺς ἑκατὸν ἐνενηκοντατρεῖς λόχους, τὸ ἐκ τῆς
τιμήσεως ἐπιβάλλον ἑκάστῳ διάφορον ἅπαντας ἐκέλευεν
εἰσφέρειν. συνέβαινεν οὖν τοῖς τὰς μεγίστας ἔχουσιν
οὐσίας ἐλάττοσι μὲν οὖσιν, εἰς πλείονας δὲ λόχους
μεμερισμένοις, στρατεύεσθαί τε πλείους στρατείας οὐδέποτε
ἀναπαυομένους καὶ χρήματα πλείω τῶν ἄλλων
εἰσφέρειν· τοῖς δὲ τὰ μέτρια καὶ μικρὰ κεκτημένοις
πλείοσιν οὖσιν ἐν ἐλάττοσι λόχοις, στρατεύεσθαί τ´
ὀλιγάκις καὶ ἐκ διαδοχῆς καὶ βραχείας συντελεῖν εἰσφοράς·
τοῖς δ´ ἐλάττω τῶν ἱκανῶν κεκτημένοις ἀφεῖσθαι
πάντων ὀχληρῶν. ἐποίει δὲ τούτων ἕκαστον οὐκ
ἄτερ αἰτίας, ἀλλὰ πεπεισμένος, ὅτι πᾶσιν ἀνθρώποις
ἆθλα τῶν πολέμων ἐστὶ τὰ χρήματα καὶ περὶ τῆς
τούτων φυλακῆς ἅπαντες κακοπαθοῦσιν· ὀρθῶς οὖν
ἔχειν ᾤετο τοὺς μὲν περὶ μειζόνων κινδυνεύοντας
ἄθλων μείζονας ὑπομένειν κακοπαθείας τοῖς τε σώμασι
καὶ τοῖς χρήμασι, τοὺς δὲ περὶ ἐλαττόνων ἧττον ἐνοχλεῖσθαι
κατ´ ἀμφότερα, τοὺς δὲ περὶ μηδενὸς δεδοικότας
μηδὲν κακοπαθεῖν, τῶν μὲν εἰσφορῶν ἀπολυομένους
διὰ τὴν ἀπορίαν, τῶν δὲ στρατειῶν διὰ τὴν
ἀνεισφορίαν. οὐ γὰρ ἐλάμβανον ἐκ τοῦ δημοσίου τότε
Ῥωμαῖοι στρατιωτικοὺς μισθούς, ἀλλὰ τοῖς ἰδίοις τέλεσιν
ἐστρατεύοντο. οὔτε δὴ χρήματα συνεισφέρειν
τοὺς οὐκ ἔχοντας, ὁπόθεν συνεισοίσουσιν, ἀλλὰ τῶν
καθ´ ἡμέραν ἀναγκαίων ἀπορουμένους ᾤετο δεῖν, οὔτε
μηδὲν συμβαλλομένους στρατεύεσθαί τινας ἐκ τῶν
ἀλλοτρίων ὀψωνιαζομένους χρημάτων, ὥσπερ {τοὺς} μισθοφόρους.
| [4,19] IV. CET arrangement de tous les citoyens donnait au roi une
merveilleuse facilité pour lever des soldats suivant la division des
centuries, et pour imposer des taxes à proportion des biens de chaque
particulier. S'agissait-il d'enrôler dix mille hommes, ou même vingt mille
s'il le fallait, il obligeait chacune des cent quatre-vingt-treize centuries à en
fournir un certain nombre. S'il avait besoin d'argent pour l'entretien
des troupes et pour les autres frais de la guerre ; dès qu'il avait examiné
jusqu'où pouvait aller toute la dépense, d'abord il partageait tout le peuple
en cent quatre-vingt treize centuries, puis il faisait la répartition de la
somme totale sur les particuliers qu'il obligeait à en payer leur contingent
à proportion de leurs revenus.
V. De là il arrivait que les plus riches, qui malgré leur petit nombre
faisaient plus de centuries que les autres, allaient plus souvent à la guerre
sans jamais avoir de relâche, et fournissaient de grandes sommes
d'argent: au lieu que ceux qui n'étaient que très peu ou passablement
riches, mais qui faisaient vingt centuries de moins que les premiers, ne
servaient que rarement les uns après les autres, et ne payaient en
volume que de légères contributions, en sorte que les gens de médiocre
fortune qui n'avaient pas assez de bien pour vivre, étaient exempts
d'impôts et de toute charge. Dans tous ces règlements Tullius avait ses
raisons. Il était persuadé que les hommes regardent les richesses et
l'argent comme la récompense des travaux de la guerre, et que ce n'est
que pour les conserver qu'ils essuient tant de fatigues et de dangers. Sur
ce principe, il croyait qu'il était juste que ceux qui avaient de plus grandes
récompenses à espérer, exposassent plus que les autres et leurs corps et
leurs biens ; que ceux qui avaient moins à perdre ou à gagner, fussent
aussi moins exposés, et qu'enfin les pauvres qui n'avaient rien à craindre,
fussent entièrement exempts des périls de la guerre, comme ils l'étaient
de tous les impôts par leur état de pauvreté. En effet, comme les Romains
servaient dans ce temps-là à leurs propres dépens sans recevoir aucune
paye du trésor public, il n'était pas de la justice d'un roi de faire contribuer
ceux qui, bien loin d'être en état de fournir de l'argent, n'avaient pas
même de quoi pourvoir aux nécessités de la vie, et dès lors que les
pauvres ne payaient aucun tribut à la république, les obliger à porter les
armes c'aurait été les mettre dans la nécessité de vivre aux dépens des
plus riches, comme des gents soudoyés et mercenaires.
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